Quand des banques Sud africaines participent au financement… du Hamas

Une enquête du Jerusalem Post révèle un réseau sud-africain qui fournit des fonds à l'organisation terroriste, sous couvert d'activités caritatives.

Palestinians look at a mosque destroyed in an Israeli strike in Rafah, Gaza Strip Wednesday, Jan. 24, 2024. (AP Photo/Fatima Shbair)
Au sud de Gaza, le résultat des affrontements en Israël et le Hamas (illustration) ©Copyright 2024 The Associated Press. All rights reserved.

Une enquête du Jerusalem Post a mis au jour un réseau de sociétés d'Afrique du Sud, impliquées dans le financement du Hamas palestinien, par l'intermédiaire de la Fondation Al-Quds. Des comptes enregistrés dans des banques sud-africaines renommées telles que Standard Bank, Nedbank et Absa sont utilisés pour alimenter la fondation.

Al-Quads est une fondation internationale, créée à Beyrouth en 2001, par des membres du Hamas. Identifiée comme une organisation de collecte de fonds caritatifs pour le groupe terroriste, elle a été sanctionnée par Israël en 2009 et par les États-Unis en 2012, qui ont gelé ses avoirs et interdit ses activités.

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Selon le département américain du Trésor, des dirigeants du Hamas font partie du siège du conseil d'administration. Ce fût notamment le cas de Moussa Abu Marzook, numéro 2 du groupe terroriste, et d'Osama Hamdan. Elle fait également partie du vaste réseau d'organisations affiliées aux Frères musulmans et était présidée par leur guide spirituel, le cheikh Yusuf Al-Qaradawi, décédé en septembre 2022. Le prédicateur sunnite a tristement été rendu célèbre en Occident pour sa fatwa approuvant et recommandant les attentats-suicides à la bombe.

La fondation est aujourd'hui dirigée par le cheikh Hamid bin Abdullah Al-Ahmar, homme d'affaires yéménite établi en Turquie, figure du parti Al-Islah au Yémen, affilié au mouvement des Frères musulmans. Au lendemain de l'attaque terroriste du 7 octobre menée par le Hamas en Israël, il a appelé les Houthis du Yémen à soutenir le peuple palestinien. Il est lui-même très proche des dirigeants du Hamas.

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La Fondation Al-Quds a des ramifications dans plusieurs pays, dont l'Afrique du Sud où elle est enregistrée sous le nom "Fondation Al-Quds SA". Sur son site, elle affiche ouvertement être une branche de la fondation Al-Quds, et se vante de soulever des fonds pour la population gazaouie.

Les activités de la fondation sud-africaine ont été mises à jour en raison d'un problème avec la banque Absa, pour l'acheminement d'argent étranger. Pour contourner cela, la Fondation Al-Quds SA a ainsi dû passer par la Fondation Baitul Maqdis, qui prétend être une organisation à but non lucratif. Mais aucune information à son sujet n'a été trouvée lors de l'enquête du Jerusalem Post, hormis une page Facebook, sur laquelle étaient relayées des théories du complot antisémites.

Ces opérations ont été percées par un poster datant d'octobre 2023, mentionnant les coordonnées bancaires d'un don à Al-Quds Foundation SA, via un compte de la Standard Bank au nom de Baitul Maqdis. Selon les sources du Post, des transferts ont été effectués en dollars américains et rands sud-africains. Baitul Maqdis possède aussi un compte bancaire à Nedbank, pour transférer des fonds de l'étranger à Al-Quds Foundation SA.

Le directeur de cette branche sud-africaine est le cheikh Ebrahim Gabriels, connu pour être très proche du Hamas et de ses membres.

Réaction des banques

Les trois banques mentionnées dans l'enquête font partie des quatre premières banques d'Afrique du Sud en termes d'actifs, la Standard Bank en tête avec environ 170 000 millions de dollars de bureaux, de collaborations et d'actions dans des banques au Royaume-Uni, en Argentine, en Turquie et sur l'ensemble du continent africain.

En réaction, Nadbank a déclaré ne pas pouvoir confirmer que Baitul Maqdis est leur client, en raison de leur politique de confidentialité. Elle dispose d'un "programme complet de gestion des risques et de conformité" qui est "aligné sur les normes internationales de lutte contre le blanchiment d'argent, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération", précise-t-elle. La banque a toutefois assuré elle prendrait des mesures nécessaires en cas d'activités illégales ou suspectes sur les comptes clients.

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