Entre 700 000 et 1 000 000 de Français seraient porteurs de sang rare sans forcément le savoir. Connaître ces caractéristiques est pourtant essentiel pour soigner la population dans toute sa variété génétique. C’est pour cette raison que l’Établissement français du sang (EFS) organise à partir de ce lundi 29 janvier, et jusqu’au 4 février, la troisième édition de la semaine de sensibilisation aux groupes sanguins rares.

Loin de se borner aux catégories A, AB, B, O et aux rhésus + et –, les groupes sanguins répertoriés se comptent en centaines. Et sur les 390 groupes connus, 250 sont considérés comme rares, c’est-à-dire que « moins de 4 personnes sur 1 000 le possèdent dans la population et qu’il n’existe pas d’autres groupes sanguins compatibles pour transfuser ces patients », explique l’EFS.

On compte 18 000 donneurs de sang rare en France, selon un registre national des porteurs de ces groupes. Les populations originaires d’Afrique subsaharienne, des Drom (Martinique, Guyane, Guadeloupe) ou de l’océan Indien ont plus de chances d’être concernées. À l’instar des autres groupes sanguins, le sang rare peut être repéré lors d’un bilan précédant une transfusion ou un don classique.

Essentiel pour soigner la drépanocytose

Le sang rare peut être congelé à – 80 °C et conservé pendant une période de trente ans au maximum, contre 42 jours pour une poche classique. Avec environ 8 300 poches congelées, l’EFS se targue d’être « la plus grosse banque au monde et la plus diversifiée » en termes de sang rare, explique à l’AFP Thierry Peyrard, directeur du département national de référence en immuno-hématologie et sang rare à l’EFS. Celle-ci est régulièrement sollicitée par des collègues européens, américains, japonais ou australiens.

L’alimentation de cette réserve est donc essentielle pour soigner des personnes en chimiothérapie ou atteintes d’anémies sévères, mais aussi pour les patients atteints de drépanocytose, la maladie génétique la plus répandue au monde.

Très douloureuse et sujette à de nombreuses complications, cette maladie se traduit par une déformation des globules rouges et nécessite des transfusions sanguines régulières. La drépanocytose est considérée comme la maladie rare la plus fréquente. Elle représente 1 naissance sur 1 300, contre 1 sur 6 300 pour la mucoviscidose, par exemple.

Les populations des Antilles et d’Afrique subsaharienne sont particulièrement touchées par cette maladie, d’où la nécessité pour les banques de sang de s’approvisionner en sang rare auprès de donneurs originaires des mêmes zones géographiques. L’incompatibilité sanguine pouvant entraîner le décès du patient, il est primordial que le sang transfusé soit le plus proche possible de celui du donneur.

L’EFS rappelle que le don du sang est ouvert à toutes les personnes pesant plus de 50 kg, âgées de 18 à 70 ans. Il est possible de donner son sang jusqu’à six fois par an pour les hommes, et quatre fois pour les femmes.