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La peur du chômage dicte les choix d'orientation des futurs bacheliers

Le site Admission post-bac, sur lequel plus de 760 000 futurs bacheliers ont enregistrés leur voeux, livre ses premiers enseignements.

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Publié le 02 mai 2014 à 10h38, modifié le 05 juin 2014 à 15h58

Temps de Lecture 3 min.

Un lycéen pendant une épreuve du bac, le 17 juin à Strasbourg.

Plus de 762 000 candidats au baccalauréat 2014 ont formulé au moins un voeu sur la plate-forme en ligne Admission post-bac (APB), qui permet aux élèves de terminale d'enregistrer leurs souhaits d'études supérieures. Ces chiffres – provisoires – révélés vendredi 2 mai par Geneviève Fioraso, secrétaire d'Etat à l'enseignement supérieur et à la recherche, sont en hausse de 7,4 % par rapport à 2013 et de 16,7 % par rapport à 2010.

Ces augmentations s'expliquent par la hausse du nombre de candidats – notamment les 35 000 étudiants en cours de réorientation –, et par l'ouverture de la plate-forme à de nouvelles formations (10 400 cursus sont proposés). Parallèlement, des écoles privées, d'arts ou de commerce, des instituts franciliens de soins infirmiers, l'Université Paris Dauphine ou des Sciences Po à Paris et en régions font de la résistance et préfèrent les inscriptions en direct.

Ce site Internet constitue un formidable observatoire de l'appétence des lycéens pour telle ou telle filière. Les licences universitaires restent les plus demandées, constituant le premier voeu pour 33 % des bacheliers. Mais, à l'arrivée, ils sont 57 % à intégrer effectivement l'université. Ce hiatus s'explique par l'échec de nombreux candidats à des filières plus sélectives, obligés de se rabattre sur leur deuxième ou troisième choix, comme les cursus universitaires ouverts à tous.

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Ainsi, 51 % des élèves de terminale de la voie technologique voudraient préparer un brevet de technicien supérieur (BTS) mais seuls 41 % y parviennent (chiffres 2012), et 19 % veulent entrer en institut universitaire de technologie (IUT) mais à peine 10 % y sont admis. Les bacheliers de la voie professionnelle sont encore moins bien lotis, puisque 78 % envisagent un BTS mais seuls 20 % y accèdent. Pour que ces jeunes ne se retrouvent pas à la faculté par défaut, ou pire en échec, la loi du 22 juillet 2013 a prévu de réserver des places en IUT aux bacheliers technologiques, et d'autres en BTS aux bacheliers professionnels.

L'analyse des données 2014 d'APB confirme l'angoisse du chômage et la préférence des jeunes pour des formations qui leur ouvrent, croient-ils, des débouchés : être assuré d'un emploi à la sortie est en effet le premier critère de choix pour 71 % des jeunes, selon le sondage commandé par le secrétariat d'Etat à l'enseignement supérieur (réalisé par Opinion Way, du 28 mars au 2 avril 2014, auprès de 504 lycéens de terminale). A cette aune, les universités, dont seulement 45 % des lycéens interrogés pensent qu'elles préparent au marché du travail, sont pénalisées.

Chiffres provisoires des voeux formulés par les lycéens sur le site APB (admission post-bac).

 

« Pour trouver un emploi, mieux vaut obtenir un BTS qu'un master de lettres ou d'anthropologie, constate Oliver Galland, sociologue au CNRS. C'est regrettable et il s'agit d'une spécificité française, car ces disciplines peuvent apporter de vraies compétences professionnelles, de rédaction, d'analyse, d'ailleurs valorisées dans d'autres pays. Les cursus de lettres et sciences humaines de l'université ont été conçus pour les emplois de la fonction publique, notamment l'enseignement, mais ils manquent aujourd'hui de crédibilité et de qualité, en particulier pédagogique. »

Cette tendance se traduit dans l'évolution des effectifs des universités : les filières lettres, sciences humaines et sociales sont délaissées et ont, entre 2004 et 2012, perdu 10 % d'étudiants en première année ; les cursus de sciences ont connu une baisse d'effectifs de 9 %. En revanche, sur la même période, les écoles de commerce, quasiment toutes privées, ont vu leurs effectifs globaux augmenter de 57 %, les formations paramédicales de 9 %, et les BTS, formations courtes et professionnalisantes de 10 %. Les seuls cursus universitaires encore attractifs sont le droit (+ 22,7 %) et les études de santé (+ 28,6 %) : sans ces quasi-monopoles, les universités perdraient du monde.

A rebours de l'idée utilitariste des études, les écoles d'arts publiques ou privées se multiplient et font le plein, avec 16 % d'étudiants en plus entre 2004 et 2012. La démocratisation de l'accès à la culture et l'ouverture de nouveaux métiers expliquent ce succès.

Mme Fioraso a aussi annoncé, vendredi, une version 2015 d'APB améliorée, avec l'indication, pour chaque formation, des débouchés possibles, du taux de poursuite d'études ou d'insertion professionnelle. Pour s'y retrouver dans le maquis de l'offre, le nombre d'intitulés de licences a aussi été ramené, pour la rentrée 2014, de 3 000 à 100, classés par grands domaines.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les écoles de commerce convoitent les khâgneux
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