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Des étudiants juifs craignent pour leur sécurité à Concordia

La situation est telle que l’Université a dû prendre des mesures pour augmenter la sécurité et dit vouloir lutter contre l’antisémitisme

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Université Concordia / 11-09-08
Le pavillon EV de l’Université Concordia à Montréal. Photo d'archives, Agence QMI


Des étudiants juifs disent vivre dans un climat de peur à l’Université Concordia où les manifestations propalestiniennes se sont multipliées depuis le début de la guerre Israël-Hamas.

La situation est telle que l’Université a dû prendre des mesures pour augmenter la sécurité dans ses murs (voir autre texte).

Plusieurs débordements hostiles à Israël ont eu lieu, selon des vidéos et des images obtenues.

  • Le 8 novembre, lors d’une échauffourée, on peut entendre une jeune femme dire qu’elle ne condamne pas le Hamas. On peut voir un manifestant arracher un drapeau israélien d’une table. 

  • Le 23 novembre, une personne au visage couvert scande des slogans propalestiniens, bien qu’un règlement de Concordia interdise le port de vêtements pour masquer son identité. Une foule chante notamment «Viva Viva Intifada». L’Intifada, un mot arabe qui signifie «soulèvement», désigne notamment deux révoltes violentes des Palestiniens en 1987 et 2000.

  • Le 13 décembre, des manifestants se sont réunis à Concordia pour protester entre autres contre l’annulation d’un événement sur l’histoire de l’Intifada au cégep Dawson. On peut entendre un agent de sécurité dire que «les sortir de là pourrait créer plus de problèmes» que de les laisser faire.

  • En janvier, un groupe d’étudiants pro-Israël s’est fait demander par la direction de Concordia d’annuler, pour des raisons de sécurité, un événement visant à souligner la détention d’otages par le Hamas. L’événement a cependant eu lieu quand même.
  • À la mi-janvier, plusieurs affichettes où il était écrit «Palestine Libre, Intifada jusqu’à la victoire» avec une image de poing brandi ont été collées sur des babillards. L’Université a attendu la nuit pour les retirer, selon nos informations.

Université Concordia / 11-09-08
Des petites affiches sur lesquelles on pouvait lire « Palestine Libre Intifada jusqu’à la victoire » se sont retrouvées sur des babillards de l’université en janvier. Photo courtoisie

Climat de peur

«Je n’ai jamais eu peur de dire d’où je venais [d’Israël] quand je devais me présenter en classe, mais maintenant je n’ose plus», a dit un étudiant juif, qui a requis l’anonymat.

Une autre personne juive qui étudie à Concordia, qui a aussi requis l’anonymat, a indiqué ne plus assister à ses cours en présentiel depuis le 7 octobre. Dès le 8 octobre, dit-elle, elle dit avoir été au fait d’étudiants célébrant les attaques du Hamas et avoir craint pour sa sécurité.

Mise en demeure

Signe de la tension, une mise en demeure a été envoyée la semaine passée par un cabinet d’avocat montréalais qui dit représenter un étudiant juif de Concordia non nommé pour des motifs allégués de sécurité.

Le document allègue une série de manquements de la direction de Concordia, dont son incapacité à enquêter sur des incidents d’intimidation et d’antisémitisme.

«L’incapacité de Concordia à agir immédiatement et avec détermination est inacceptable», martèle la mise en demeure.

L’Université Concordia a aussi été visée récemment avec cinq autres universités canadiennes par une demande d’action collective d’un cabinet ontarien en lien avec de l’antisémitisme allégué sur son campus.

– Le 8 novembre, un chargé de cours de l’Université de Montréal spécialiste de la Palestine a été filmé en train d’injurier des étudiants juifs lors de l’échauffourée à l’Université Concordia. Il a par la suite été suspendu.

L’Université dit avoir reçu des plaintes

L’Université Concordia dit avoir reçu des plaintes en lien avec les événements récents rapportés et affirme y donner suite.

«Les plaintes et les processus prévus par le Code [des droits et des obligations de Concordia] sont confidentiels, mais nous pouvons confirmer que l’Université donne suite aux plaintes déposées à la suite des récents événements», a indiqué Vannina Maestracci, porte-parole de l’établissement, en réponse à une question.

Cette dernière a ajouté que des mesures additionnelles avaient été prises récemment pour assurer la sécurité des étudiants.

Ces mesures incluent notamment «une surveillance accrue des événements et manifestations [...], l’ajout de personnel supplémentaire au besoin, des rencontres avec les groupes d’étudiants et la création d’un comité spécialisé dans la médiation et la résolution de conflits», a-t-elle indiqué.

Concordia dit aussi avoir «clairement condamné l’antisémitisme et toute forme de violence ou d’intimidation».

Antisémitisme

L’Université dit être en train de travailler sur une campagne de lutte contre la haine qui sera lancée prochainement et qui se concentrera d’abord sur l’antisémitisme.

Depuis le 8 novembre, une initiative d’écoute active a aussi été lancée, selon Concordia, afin d’«aider les membres de la communauté à faire face à certains événements qui peuvent les bouleverser».

Par ailleurs, l’Université a nié avoir voulu annuler complètement un événement visant à souligner la détention d’otages par le Hamas en janvier, mais seulement avoir voulu en changer la date ou le lieu, car un autre événement propalestinien était prévu à côté.

«Étant donné ce qui s’est passé le 8 novembre, nous avons demandé que les événements aient lieu à des moments différents», a indiqué Mme Maestracci.

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