Pourquoi l'UNRWA, l'agence d'aide humanitaire à Gaza, est au cœur d'une polémique ?

L’UNRWA, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, a licencié plusieurs employés accusés d'être impliqués dans l'attaque du Hamas contre Israël. Plusieurs pays ont suspendu leur aide financière.

Par Lara Tchekov

Temps de lecture : 4 min

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C'est l'UNRWA elle-même qui a révélé vendredi dernier les accusations. L'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens a annoncé s'être séparée de plusieurs de ses employés, soupçonnés d'être impliqués dans l'attaque perpétrée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël. Douze employés de l'UNRWA seraient impliqués, selon des informations transmises à l'UNRWA par les autorités israéliennes. Depuis, plusieurs pays ont suspendu leur aide financière à l'agence humanitaire. 

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Qu'est-ce que l'UNRWA ?

L'UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) est une agence des Nations unies créée en 1949 pour apporter de l'aide aux réfugiés palestiniens qui ont été déplacés ou ont fui leur domicile au lendemain de la création d'Israël, en mai 1948. L'agence est chargée de dispenser une assistance humanitaire et de garantir la sécurité des réfugiés palestiniens dans la région où elle opère, « dans l'attente d'une solution juste et durable à leur situation ». D'après l'UNRWA, les descendants des 700 000 Palestiniens expulsés ou ayant fui entre avril et août 1948 lors de la naissance d'Israël se sont vus accorder le statut de réfugié. C'est à cette agence qu'incombe la responsabilité de garantir leur statut international. 

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À ce jour, 5,9 millions de réfugiés palestiniens peuvent bénéficier de ses services qui incluent l'éducation, l'aide humanitaire et alimentaire, l'infrastructure des camps, ou encore les aides d'urgence. Elle intervient dans la bande de Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Jordanie et en Syrie. L'UNRWA prend en charge la scolarité de plus de 540 000 enfants au sein de ses écoles, tout en supervisant environ soixante camps de réfugiés.

Pourquoi est-elle au cœur d'une polémique ?

L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens est contestée depuis les accusations des autorités israéliennes selon lesquelles 12 de ses employés sur les 13 000 qu'elle emploie à Gaza sont suspectés d'avoir participé à l'attaque terroriste du Hamas en Israël le 7 octobre dernier. L'affaire a été révélée vendredi dernier après que la Cour internationale de justice a appelé Israël à empêcher tout acte éventuel de « génocide ». Des accusations « extrêmement graves », a déclaré le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Il précise que l'agence s'est séparée de neuf de ses employés, un est « confirmé mort », et les identités de deux autres sont « en train d'être clarifiées ».

Depuis plusieurs années, l'UNRWA est mise en cause pour l'ambivalence dont elle ferait preuve à l'égard du Hamas. Certains l'accusent de détourner les financements qu'elle reçoit au bénéfice de l'organisation terroriste. L'agence réfute ces allégations. L'étude d'une organisation israélienne (IMPACT-se) publiée en novembre dernier fait état que certains de ses membres ont fait l'éloge des atrocités commises par le groupe terroriste. Les autorités israéliennes lui reprochent par ailleurs de distribuer aux enfants palestiniens des manuels scolaires contenant des incitations à la violence et à la haine envers les juifs. Des allégations que dément l'organisation, soutenant que « l'un des principes clés du programme éducatif de l'UNWRA est d'utiliser le programme d'études des pays hôtes ». L'Union européenne réclame ce lundi un audit sur le fonctionnement de l'agence de l'ONU.

Qui finance l'UNRWA ? 

L'UNRWA est financée par des contributions volontaires de la communauté internationale. Ses principaux donateurs en 2022 étaient les États-Unis (344 millions de dollars), l'Allemagne (202 millions de dollars) et l'Union européenne (114 millions de dollars). Après ces révélations, onze pays ont suspendu tout financement futur. Il s'agit des États-Unis, du Canada, l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie, la Finlande, l'Australie, l'Autriche, les Pays-Bas, la Roumanie et le Japon. La Suisse laisse sa décision en suspens et a déclaré attendre d'avoir plus d'informations sur la situation pour décider de la poursuite ou non des aides à long terme. La France a de son côté indiqué ne pas prévoir de « nouveau versement » à l'UNRWA au cours du premier trimestre 2024.
À ce jour, seules la Norvège et l'Espagne ont annoncé maintenir leurs aides.

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Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a quant à lui exhorté les pays ayant suspendu leur financement à, « au moins, garantir la poursuite de ses opérations, essentielles à deux millions de personnes ». En l'absence de financements pérennes, l'UNRWA a déclaré qu'elle serait dans l'impossibilité de poursuivre sa mission d'assistance à Gaza et dans la région au-delà du mois de février. 

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Commentaires (4)

  • geogringo

    J'en apprends de belles ! Ils étaient 0, 7 millions, 3 générations plus tard il sont 5, 9 millions (soit plus de 8 fois plus) et "justifient" l'emploi de 13000 personnes. Plus que de l'assistanat monté en graine c'est de la perfusion. Il se trouve que j'ai connu un certain nombre de Palestiniens au cours de mes années de travail au Moyen Orient. Très généralement de bons techniciens pas tellement traumatisés de s'être fait une vie hors de leur lieu d'origine (ou de celui de leurs parents) et pas spécialement pressés d'y retourner. Au delà de l'aspect particulièrement négatif pour un groupe humain d'être maintenu dans la dépendance, on retrouve la tendance des organisations de croître et proliférer sur les "causes humanitaires" - celles qui trouvent le plus facilement des financements pour des motifs qu'il vaut mieux ne pas chercher à investiguer. L'ONU est un "machin" et, toujours dans mon domaine d'activité, j'ai pu constater que la production des agences techniques onusiennes dépassait rarement le niveau médiocre. Au final, ces pauvres Palestiniens sont utiles de bien des façons sans parler de l'aspect "récupération politique" de leurs malheur. J'ai dit ce que je pouvais et ne doute pas un instant d'être signalé comme "abusif" par qq"un qui n'a aucune connaissance du sujet.

  • Lou Reed

    D’autant que l’on parle de réfugiés de 1949 ! Donc c’est 3 générations qui recoivent de l’aide ! Quels autres réfugiés au monde récupèrent par filiation ce statut ? Apres 3 générations, le Liban, la Jordanie, la syrie n’ont toujours pas donné la citoyenneté à ces palestiniens. Il n’y a que eux qui ont ce « privilège ». Les arabes qui sont restés en Israel apres 1949 sont tous israeliens avec les mêmes droits que tout autre israelien.

  • Lou Reed

    En quoi les palestiniens qui dont la-bas devraient recevoir une aide ? Quels autres refugiés qu monde recoivent l’aide de l’ONU ?