L’UE approuve à l’unanimité une aide financière de 50 milliards d’euros pour l’Ukraine

(G-D) La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le président du Conseil européen Charles Michel, le président français Emmanuel Macron, la secrétaire générale du Conseil Thérèse Blanchet, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán et le chancelier allemand Olaf Scholz lors d'une réunion en amont d'un Conseil européen extraordinaire à Bruxelles, le 1 février 2024. [EPA-EFE/ZOLTAN FISCHER (SERVICE PRESSE DU PREMIER MINISTRE HONGROIS)]

Tous les États membres de l’UE, y compris la Hongrie, se sont mis d’accord jeudi (1er février) pour fournir un financement à long terme à l’Ukraine, mettant ainsi fin à des semaines d’incertitude ayant découlé du veto du Premier ministre Viktor Orbán sur cette question lors du dernier sommet européen de décembre 2023.

En amont du sommet européen de Bruxelles de ce jeudi, les chefs d’État et de gouvernement s’étaient préparés à un bras de fer avec le dirigeant hongrois, qui semblait intransigeant quant à sa demande de révision annuelle de l’aide à l’Ukraine, qui lui aurait permis d’opposer son veto à cette aide chaque année.

Contre toute attente, à peine une demi-heure après le début des discussions du sommet européen, le président du Conseil européen, Charles Michel, a annoncé qu’un accord avait été conclu sur l’octroi d’une aide financière à l’Ukraine jusqu’en 2027.

« L’ensemble des 27 dirigeants se sont mis d’accord sur une enveloppe supplémentaire de 50 milliards d’euros pour soutenir l’Ukraine dans le cadre du budget de l’UE », a écrit M. Michel sur X.

Cet accord « assure un financement stable, prévisible et à long terme pour l’Ukraine. L’UE prend l’initiative et la responsabilité de soutenir l’Ukraine ; nous savons ce qui est en jeu. », a-t-il ajouté.

La confirmation rapide de cet accord a été rendue possible grâce à un petit groupe de dirigeants européens qui, avant le sommet officiel, avaient déjà préparé le terrain en discutant avec M. Orbán et en lui demandant de renoncer à son veto sur cette aide.

Lors d’une réunion plus tôt dans la matinée, M. Orbán a notamment rencontré le chancelier allemand Olaf Scholz, le président français Emmanuel Macron, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, ainsi que Charles Michel et la présidente de la Commission européen Ursula von der Leyen.

Ils ont ensuite été rejoints par d’autres dirigeants, dont le Premier ministre néerlandais Mark Rutte et ses homologues polonais Donald Tusk et belge Alexander De Croo.

Aide à l’Ukraine : l’UE ne mettra probablement pas à exécution ses menaces contre la Hongrie

Selon des experts, il y a peu de chances que l’UE mette à exécution ses menaces de couper les fonds européens destinés à la Hongrie si Budapest n’approuve pas le paquet de 50 milliards d’euros d’aide pour Kiev cette semaine.

L’accord

Les 50 milliards d’euros pour l’Ukraine constituent une rallonge du budget de l’UE jusqu’en 2027. Cette somme devrait permettre à l’économie ukrainienne de se maintenir à flot, tout en aidant Kiev à lutter contre l’envahisseur russe.

L’accord comprend une disposition permettant aux dirigeants de l’UE d’organiser un débat annuel sur la mise en œuvre du programme d’aide à l’Ukraine, sur base d’une proposition de compromis présentée avant le sommet.

Cet accord s’accompagnerait d’un rapport annuel de la Commission européenne sur la mise en œuvre de la mesure d’aide, selon des personnes au fait des discussions.

Si nécessaire, dans deux ans, les dirigeants de l’UE pourraient également inviter l’exécutif de l’UE à faire une proposition de révision dans le cadre du prochain budget septennal, le cadre financier pluriannuel (CFP).

La présidence belge du Conseil de l’UE devrait mener des négociations avec la Commission européenne et le Parlement européen à Strasbourg lundi prochain (5 février), afin que les instruments juridiques soient approuvés le plus rapidement possible.

Le Premier ministre ukrainien Denys Chmyhal a salué l’accord, qu’il voit comme un soutien qui permettra d’obtenir une « victoire commune » contre la Russie.

« Chacun de vos votes est une contribution significative à notre victoire commune », a affirmé M. Chmyhal dans un message publié sur les réseaux sociaux, remerciant les États membres de l’UE d’avoir pris cette décision.

L’accord est une démonstration de « solidarité » et d’« unité » au sein de l’Union des Vingt-Sept, a-t-il ajouté.

« Nous avons un accord ! Le Conseil européen a concrétisé nos priorités. Soutenir l’Ukraine. Lutter contre l’immigration clandestine. Soutenir la compétitivité européenne. Une bonne journée pour l’Europe », a pour sa part déclaré Mme von der Leyen sur X.

Parallèlement à ce sommet, des agriculteurs venus de plusieurs pays européens participent à une manifestation d’envergure à Bruxelles afin de demander des mesures visant à améliorer leur situation, notamment en réduisant la charge bureaucratique qui pèse sur eux mais également en leur garantissant un revenu viable.

Mercredi dans la soirée, M. Orbán avait par ailleurs rencontré des agriculteurs dans les rues de la capitale belge, et avait déclaré que la Hongrie « défendra la voix du peuple » et que la situation actuelle était le résultat d’une « erreur européenne » et d’un « déficit démocratique ».

« Nous pouvons parler de la migration, de l’Ukraine, ou quoique ce soit d’autre, [mais] la voix des gens dans la rue n’est pas prise aux sérieux par leurs dirigeants », avait-il déploré.

Au Parlement européen, la majorité des groupes politiques appellent Viktor Orbán à approuver l’aide à l’Ukraine

Le Parti populaire européen, le groupe libéral Renew, les Socialistes et Démocrates, les Verts et les Conservateurs et Réformistes ont exhorté les chefs d’État et de gouvernement de l’UE à se mettre d’accord sur une aide financière pour l’Ukraine lors du sommet extraordinaire de jeudi (1er février).

[Édité par Anne-Sophie Gayet]

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