Accueil International

« Scandale du sac Dior » : c’est quoi cette affaire qui embarrasse le président sud-coréen et son épouse

Ce scandale « du sac Dior » a porté un nouveau coup à la cote de popularité de Yoon Suk Yeo, ce qui, selon des analystes, pourrait nuire à son parti à deux mois des élections législatives.
Par AFP
Temps de lecture: 4 min

Des images tournées en caméra cachées montrant apparemment l’épouse du président sud-coréen Yoon Suk Yeol acceptant un sac à main de luxe suscitent la polémique à deux mois des élections législatives.

Appelé « scandale du sac Dior » par les médias locaux, il a fait chuter la cote de popularité déjà très basse de Yoon Suk Yeo, déclenchant un tollé au sein de son parti qui espérait redevenir majoritaire au sein de l’Assemblée nationale lors du scrutin d’avril.

Que s’est-il passé ?

Un pasteur de gauche, en désaccord avec la politique menée par Yoon Suk Yeol avec la Corée du Nord et affirmant s’inquiéter de l’influence de la première Dame sur l’administration, a utilisé une montre-bracelet pour s’enregistrer en train de remettre à Kim Keon Hee un sac d’une valeur de 2 000 euros.

Dans la vidéo, la Première dame, une virulente critique de la consommation de viande de chien et connue pour avoir contribué à la faire interdire, dit au pasteur: « S’il vous plaît, n’achetez pas un article aussi cher que celui-ci. » Mais elle n’apparaît pas en train de rendre le sac dans cette vidéo diffusée pour la première fois l’an dernier par une chaîne YouTube de gauche critique de Yoon Suk Yeo.

Le pasteur a également affirmé lui avoir précédemment offert des produits cosmétiques.

Accepter des cadeaux d’une valeur supérieure à 750 dollars est interdit pour tout représentant des pouvoirs publics ou leur conjoint.

Un responsable du bureau de Mme Yoon a déclaré à l’agence de presse Yonhap que le cadeau était « stocké conformément à la réglementation en vigueur ».

Pourquoi maintenant ?

Depuis des semaines, le parti au pouvoir tente d’ignorer cet incident. Ni le président ni son épouse ne l’ont évoqué publiquement.

En janvier, un membre de la direction du parti de Yoon Suk Yeo, Kim Kyung-yul, a cependant comparé la Première dame à la reine Marie Antoinette, connue pour son fastueux train de vie.

Selon des médias, Yoon Suk Yeol était furieux et voulait le destituer. Des députés ont cependant défendu la femme du président, dénonçant une « campagne de diffamation ».

Pourquoi le pasteur a-t-il fait cela ?

Le pasteur Choi Jae-young, favorable à une amélioration des relations avec Pyongyang, affirme avoir voulu filmer sa rencontre avec la première Dame car il s’inquiétait de son influence au sein du cabinet du président.

Lors d’une conférence de presse, il a affirmé l’avoir, précédemment, entendue décider de la nomination d’un haut fonctionnaire lors d’une conversation téléphonique.

« J’ai été consterné de voir Mme Kim exercer son pouvoir comme si elle était chargée des fonctions officielles. »

La chaîne YouTube a filmé l’achat du sac Dior dans un magasin de luxe de Séoul, afin de montrer son prix.

Les procureurs ont ouvert une enquête sur M. Choi, selon des médias, après que des citoyens ont décidé de le poursuivre notamment pour obstruction à la justice.

Les précédents de Mme Kim

Ce n’est pas la première fois que Mme Kim fait l’objet de l’attention de l’opinion publique. Lors de la campagne présidentielle de son époux, elle a été contrainte de s’excuser pour avoir falsifié des documents d’identité.

Elle a également fait l’objet d’accusations de manipulation boursière, l’Assemblée nationale contrôlée par l’opposition ayant adopté un projet de loi prévoyant une enquête qui a fait l’objet d’un veto de la part de son mari.

Mais jusqu’à l’histoire du sac à main, ces accusations n’avaient pas capté l’attention de l’opinion, selon l’avocat et commentateur politique Yoo Jung-hoon, probablement parce que la précédente affaire était « complexe » à comprendre sur un plan « juridique et technique ».

« Tout le monde connaît Dior et il y a même des images de la rencontre, ce qui rend l’affaire très simple à comprendre pour le public », a-t-il ajouté.

Et l’élection ?

Ce scandale « du sac Dior » a porté un nouveau coup à la cote de popularité de Yoon Suk Yeo, ce qui, selon des analystes, pourrait nuire à son parti lors du scrutin en avril.

Selon un récent sondage réalisé par la chaîne YTN, environ 70 % des personnes interrogées estiment qu’il doit évoquer l’incident qui aurait pu être contenu s’il l’avait fait plus tôt.

La première Dame elle-même ne s’est pas exprimée publiquement depuis plus d’un mois, même lorsque les députés ont approuvé, début janvier, l’interdiction de la viande de chien.

Selon Cho Ki-suk, professeur d’études internationales à l’université Ewha Womans, « Yoon Suk Yeo finira par s’excuser, car sans ces excuses, son parti ne pourra pas faire grand-chose dans la campagne électorale pour gagner. »

Lire aussi

A lire aussi

Voir plus d'articles