Biodiversité

Les herbiers marins : des plantes ultra-résistantes et précieuses pour préserver les écosystèmes des océans

Les herbiers marins : des plantes ultra-résistantes et précieuses pour préserver les écosystèmes des océans.

© Reinhard Dirscherl

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Par RTBF avec ETX

Tout comme les récifs coralliens, les herbiers marins représentent des écosystèmes clés pour le maintien de la biodiversité. Bien que ces prairies sous-marines soient en net déclin depuis plusieurs décennies, une récente étude démontre toutefois la capacité de certaines espèces à survivre dans des conditions environnementales extrêmes.

Les plantes à fleurs qui s'épanouissent dans les océans (également appelées prairies marines ou herbiers marins) regorgent de vertus : elles protègent les zones côtières de l'érosion, servent de source de nourriture et de refuge aux animaux aquatiques et sont dotés d'importantes capacités de stockage de carbone. Leur conservation s'avère donc cruciale, au même titre que celle des récifs coralliens.

Contre le stress, la duplication du génome

Pour déterminer comment les herbiers marins résistent au réchauffement climatique, un groupe international de 38 chercheurs a séquencé et analysé les génomes de trois des plus importantes espèces d'herbiers marins : l'herbe de Neptune (Posidonia oceanica), endémique de la Méditerranée, la petite herbe de Neptune (Cymodocea nodosa), largement répandue, et l'herbe de la tortue (Thalassia testudinum), endémique des Caraïbes.

L'un des principaux constats de cette étude est que les herbiers marins ont été capables de s'adapter radicalement en dupliquant leur génome, ce qui est souvent signe d'un stress environnemental sévère.

"La comparaison des trois lignées indépendantes d'herbiers marins a révélé une triplication ancienne et commune du génome entier à environ 86 millions d'années. C'est très intéressant car de grandes parties de l'océan étaient dépourvues d'oxygène à cette époque et il s'agit également d'un événement commun aux trois lignées", explique dans un communiqué le professeur Van De Peer, co-auteur de la recherche.

Leur adaptabilité pourrait assurer leur survie

Les chercheurs ont également constaté que les trois espèces d'herbiers marins étudiées sont parvenues à résister à plusieurs menaces, comme une salinité élevée ou une faible luminosité. "Les changements évolutifs on également permis à différentes espèces de résister à des environnements différents", note le Dr Procaccini, co-auteur de l'étude.

"Ces nouveaux génomes accéléreront les études fonctionnelles et les solutions."

"En effet, les pertes continues des 'savanes de la mer' sont très préoccupantes à l'heure du changement climatique et de la perte de biodiversité", concluent les chercheurs.

Des puits de carbone "très efficaces"

En avril 2023, l'ONG Cornwall Wildlife Trust a révélé la présence d'un lit de 359 hectares d'herbiers marins localisés dans la baie de St Austell (Cornouailles, Angleterre) et abritant 122 espèces différentes de plantes et d'animaux (dont des hippocampes et des coquilles Saint-Jacques), ce qui "constitue un puits de carbone très efficace".

Une découverte cruciale dans la mesure où la capacité de stockage de ce "puits de carbone bleu" a drastiquement baissé depuis la période pré-industrielle, "lorsque les mers étaient beaucoup plus riches en vie marine", soulignent les auteurs du rapport publié par l'ONG.

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