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Guerre en Ukraine : pourquoi la chute d’Avdiivka semble inéluctable

Lancée mi-octobre, l’offensive russe sur Avdiivka progresse malgré des pertes effroyables. L’armée ukrainienne est à court de temps, de munitions et d’options.
Par Félix Pennel
Temps de lecture: 3 min

Les choses vont mal à Avdiivka. Plus de trois mois après le début de son offensive, l’armée russe progresse au nord et au sud de la cité et a réussi à pénétrer dans les premières maisons. Les troupes de Vladimir Poutine tentent depuis des mois de prendre Avdiïvka, située sur le front depuis 2014 et le début de la guerre entre forces ukrainiennes et séparatistes pilotée par le Kremlin.

Bien qu’à seulement 13 km de Donetsk, la capitale sous contrôle russe de la région éponyme, Avdiïvka comptait encore 30 000 habitants lorsque le Kremlin a lancé son invasion de l’Ukraine en février 2022. Il n’en resterait qu’une poignée.

La position Zenit doit tenir

Selon les évaluations, les Russes auraient engagé 40 000 hommes pour faire tomber Avdiivka et ils en contrôleraient environ 10 %. « La situation tactique ukrainienne se dégrade rapidement », constatait samedi 3 février @escortert sur X. Cet observateur français de la guerre fait état quotidiennement de la situation sur le front. Depuis le village de Vesele, au nord d’Avdiivka, « les 15e, 114e et 115e brigades de fusiliers motorisés ont réussi leur assaut (ce week-end) et réalisé un gain tactique de plus de 3 km² en submergeant la zone des datchas ». Les Russes auraient profité des mauvaises conditions météo pour avancer sans être repérés par les drones ukrainiens.

Depuis le village d’Opytne, au sud d’Avdiivka, « le 1439e régiment de fusiliers motorisés avance sur la bretelle d’accès à l’autoroute M-30 et menace de couper la position Zenit de ses arrières logistiques, ce qui la compromettrait définitivement ». La position Zenit est une forteresse ukrainienne aménagée dans une ancienne base aérienne. Constituée de tunnels et de bunkers, elle résiste depuis dix ans aux assauts russes.

Lourdes pertes russes

Selon un recensement de Clément Molin, pour le think tank d’analyse internationale Atum Mundi, la contre-offensive estivale ukrainienne avaient entraîné de très lourdes pertes dans les deux camps : 429 équipements détruits pour Kiev, 523 pour Moscou. Des matériels qui concernent les chars, les transports de troupe, les pièces d’artillerie, les véhicules anti-mines, etc. L’offensive hivernale russe n’a rien à voir : seulement 31 équipements ukrainiens ont été détruits entre octobre et février contre 413 pour les Russes !

Comment expliquer une asymétrie pareille, alors que la Russie dispose d’une puissance de feu colossale ? Les Ukrainiens sont retranchés dans une ville fortifiée qu’ils connaissent bien. Ils disposent aussi de drones explosifs en quantités qui font des ravages dans les rangs russes. Ceux-ci payent aussi leur prix de leurs tactiques en menant des assauts en colonnes blindées sur de minces chemins au milieu des champs de mines… ce qui en fait des cibles faciles pour l’armée ukrainienne.

Bakhmout ou Marioupol ?

La Russie subit donc des pertes extraordinaires, en hommes et matériels, mais continue de conquérir du terrain. De quoi valider la stratégie… En face, les Ukrainiens ne peuvent probablement pas faire beaucoup plus. À court de munitions à cause de la crise politique américaine, les soldats de Kiev sont aussi à court d’options et ont sans doute déjà engagé leurs réserves. En l’état, la ville pourrait être conquise d’ici un mois.

Reculer et quitter Avdiivka en faisant le plus de dégâts possibles chez les Russes ? Ou se faire encercler dans la ville et résister le plus longtemps possible ? Dans le premier cas, c’est Bakhmout et son bilan humain effroyable. Dans le second, c’est Marioupol au printemps 2022 et la reddition des défenseurs ukrainiens après des semaines de combats.

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