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Paris 2024

Jeux olympiques : la rémunération de Tony Estanguet, président du Comité d’organisation, visée par une enquête

JO Paris 2024dossier
L’ancien champion de canoë est soupçonné d’avoir perçu jusqu’en 2020 une rémunération annuelle de 270 000 euros bruts, supérieure à ce que la loi autorise pour les associations de type loi 1901.
par LIBERATION et AFP
publié le 6 février 2024 à 10h13
(mis à jour le 6 février 2024 à 11h13)

La préparation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris pourrait bien être ternie par une nouvelle polémique. Tony Estanguet, président du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) de Paris, est visé par une enquête ouverte récemment par le Parquet national financier (PNF), concernant les conditions de sa rémunération, selon une information révélée ce mardi 6 février par l’AFP. Une source proche du dossier citée par l’agence de presse précise que la procédure a été confiée à la police judiciaire parisienne «la semaine dernière». D’après des chiffres communiqués par le Cojop en 2018, Tony Estanguet a perçu une rémunération annuelle de 270 000 euros bruts jusqu’en 2020. Cette rémunération était ensuite susceptible d’évoluer dans une limite de 20 %, en fonction de certains critères de performance, avait indiqué le Comité à l’époque. Mais le Cojop étant une association de type loi 1901, la rémunération de ses dirigeants est plafonnée par la loi à des niveaux sensiblement inférieurs.

Au mois d’octobre dernier, le Canard enchaîné avait affirmé dans un article que l’ancien champion olympique de canoë avait créé une société qui facture des «prestations non commerciales» au Cojop. Ce qui interroge sur le contrôle de «la réalité et la qualité des prestations» effectuées par la société de Tony Estanguet, relevait alors l’hebdomadaire. Début 2021, deux rapports de l’Agence française anti-corruption (AFA) sur l’organisation des Jeux avaient alerté sur des «risques d’atteintes à la probité» et de «conflits d’intérêts». L’un d’eux faisait justement référence au cas de l’entreprise du dirigeant de 45 ans, pointant un «montage atypique dans le cadre d’une association de loi 1901», qui «n’est pas sans poser de difficultés», rappelait le Canard Enchaîné dans son article. Sollicité par l’AFP, le PNF déclare ne pas souhaiter «communiquer à ce stade sur l’existence d’une éventuelle enquête préliminaire relative à la rémunération de Tony Estanguet».

«Etonnement» du Cojop

«Le cadre de la rémunération du président du Comité d’organisation est très strictement encadré», proteste ce mardi le Cojop, qui fait part auprès de l’AFP de son «étonnement» à l’annonce de l’ouverture de l’enquête. Selon l’instance, la rémunération du dirigeant de 45 ans «a été décidée et validée par le premier Conseil d’administration du comité d’organisation le 2 mars 2018, qui a statué en son absence, de façon souveraine et indépendante», sur proposition d’un comité «d’experts indépendants chargés de s’assurer de la pertinence de notre politique de rémunération». «Ses modalités de versement ont été validées par le contrôleur général économique et financier, après consultation de l’URSSAF», ajoute le Cojop, qui affirme que «le montant des factures inhérentes à cette rémunération fait l’objet d’un audit annuel», signe d’une «volonté de transparence».

Tony Estanguet s’est défendu ce mardi soir, en affirmant qu’il «ne décide pas de sa rémunération ni de son cadre». «Je fais confiance à ce qui a été décidé à l’époque», a-t-il ajouté en marge de l’inauguration de la piscine Annette Kellerman à La Courneuve, près de Paris. Il a aussi assuré bien vouloir se «rendre disponible» pour «répondre aux questions».

Tony Estanguet avait accordé un long entretien à Libération, la semaine dernière, à quelques mois de l’ouverture des Jeux prévue le 26 juillet. L’occasion de revenir sur les multiples controverses qui ont émaillé l’organisation de la compétition ces derniers mois : prix des billets, place des femmes, respect de l’environnement, tensions géopolitiques… «L’objectif pour moi, c’est de garder l’équilibre entre un projet qui fait rêver et un projet engagé, pour montrer qu’on peut faire les Jeux en France un peu différemment de ce qu’on a pu voir avant. Je sais que la dernière ligne droite, ce n’est pas la plus facile, et mon angoisse, du coup, porte plutôt sur notre capacité à concrétiser toutes nos ambitions», expliquait-il dans nos colonnes.

Mise à jour : à 20 h 39, avec l’ajout de la déclaration de Tony Estanguet.

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