TDAH, autisme, troubles "dys"... Qu'est ce que la "neurodiversité" ?

Les neurodivergences pourraient concerner entre 15 et 20% des individus sur la planète. Si ces affectations sont de plus en plus mises en lumière, elles restent encore souvent mal comprises.

Perspective © Unsplash
Perspective © Unsplash

La "neurodiversité" est un terme que l'on entendait encore très peu il y a quelques années. Les réseaux sociaux ont popularisé son usage pour décrire les façons diverses et variées dont fonctionnent le cerveau humain. Autisme, TDA(H), les nombreux "dys", le syndrome de Gilles de la Tourette... sont tant d'affectations que l'on qualifie de "neurodivergences". Mal comprises, mal reconnues, ou encore mal diagnostiquées, elles touchent pourtant de nombreux individus : environ 15 à 20 % de la population mondiale selon Neurodiversity at Work. La "neurodiversité" quant à elle cherche à visibiliser ces différences cognitives ou neurologiques avec bienveillance.

Nos dernières vidéos
La lecture de votre article continue ci-dessous

La neurodiversité, un néologisme ? 

La "neurodiversité" n'est pas un terme neutre politiquement. Développé par la sociologue Judy Singer à la fin des années 90, "il vise à promouvoir l'égalité et l'inclusion des "minorités neurologiques"", rapporte La Presse, mais "tout être humain fait partie de la neurodiversité, que l’on soit neurotypique ou neuroatypique. De par sa définition, ce concept est inclusif et rassemble les êtres humains." Il s'inscrit d'ailleurs dans les mouvements sociaux combattant le validisme, un système de valeur qui fait des personnes "valides", sans handicap, une norme sociale.

Mettre en valeur ces divergences cognitives en soulignant la "diversité" est une manière de faire contre pied aux discriminations subies par les personnes atteintes. "Au même titre que la biodiversité qu’on observe dans la nature, le concept de la neurodiversité se définit comme étant la diversité des cerveaux et des esprits humains. C’est la reconnaissance d’une variation infinie du fonctionnement neurocognitif au sein de notre espèce", expose Mélanie Ouimet au média canadien.

Le Dr Lawrence Fang est directeur du projet sur la neurodiversité à l'université de Stanford, il explique à la BBC : "c'est simplement une façon de décrire que nos cerveaux sont différents et que, comme tout être humain, vous ne serez pas bon en tout." En effet, les personnes neurodivergentes font souvent face à de nombreux défis dans une société qui n'est pas développée pour elles. Leurs divergences peuvent rendre leur intégration plus compliquée, voire entrainer de véritables difficultés à socialiser, avoir un impact sur la concentration ou sur la résistance aux sons. Mieux comprendre ces affectations est un moyen de mieux accueillir les différents modèles dans la société, à l'école comme au travail.

Les réseaux sociaux comme béquille ?

Si la neurodivergence fait de plus en plus parler d'elle, c'est notamment pour l'effervescence qu'elle suscite sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, de nombreuses célébrités sont transparentes sur leurs troubles : Billie Eillish aurait le syndrome de la Tourette, Daniel Radcliffe est dyspraxique, Justin Timberlake et Cara Delevingne ont tous les deux indiqué avoir un trouble de l'attention, quant à Elon Musk il serait sur le spectre autistique. Le discours plus libre permet à la fois de mettre en lumière ces divergences parfois inconnues, mais aussi d'offrir un réel soutien voire de former des communautés entre personnes atteintes.

Si ces troubles sont souvent diagnostiqués pendant l'enfance, ils passent parfois sous le radar, et certains adultes restent bien démunis avec la sensation de - malgré eux - ne pas entrer dans la norme. C'est notamment le cas des femmes autistes comme le soulève le Dr Fang : "les hommes ont tendance à avoir plus de comportements stéréotypés, plus de comportements répétitifs, et on en voit moins chez les femmes, ce qui rend les hommes beaucoup plus faciles à repérer."

Pour cela, les réseaux sociaux permettent parfois de sensibiliser sur des aspects moins connus ou simplement d'informer, de se reconnaitre ou de se sentir entendu. Si le Dr Fang souligne les bons côtés des réseaux sociaux, il recommande tout de même de consulter un professionnel en cas de suspections d'une neurodivergence : "Si vous avez un mauvais diagnostic, alors vous vous engagez dans la mauvaise voie et c'est pourquoi il est plus utile si vous soupçonnez, ou si quelqu'un soupçonne, d'avoir un diagnostic avec un expert en neurologie."

Débat

Sur le même sujet
Plus d'actualité