L'équipage de l'Ocean Viking portant secours à une embarcation de 110 personnes dans la nuit du 5 au 6 février 2023. Crédit : SOS Méditerranée
L'équipage de l'Ocean Viking portant secours à une embarcation de 110 personnes dans la nuit du 5 au 6 février 2023. Crédit : SOS Méditerranée

L'alerte a été donnée "au milieu de la nuit" de lundi à mardi par la plateforme citoyenne Alarm Phone : une embarcation en détresse de 110 personnes, dont une trentaine de mineurs non accompagnés, a pu être secourue par l'équipage de l'Ocean Viking en Méditerranée, au large de la Libye.

Dans la nuit de lundi 5 à mardi 6 février, l'équipage de l'Ocean Viking, navire de l'ONG SOS Méditerranée, a porté secours à 110 personnes dont pas moins de 36 mineurs non accompagnés, au large de la Libye.

L'alerte a été donnée "au milieu de la nuit" par la plateforme d'alerte gérée par des bénévoles Alarm Phone. Celle-ci a indiqué à l'équipage de l'Ocean Viking "la présence d'un canot en détresse" dans les eaux internationales au large de la Libye, relate l'ONG sur X (ex-Twitter).

L'équipage est ensuite parvenu à repérer "dans l'obscurité" l'embarcation. Celle-ci était "surchargée", et l’arrière du canot "fragilisé", raconte encore SOS Méditerranée. À bord, 110 personnes "terrifiées". La plupart sont originaires d'Éthiopie et d'Érythrée, rapporte l'AFP.

Une trentaine de jeunes mineurs isolés à bord

Parmi ce groupe de rescapés, l'ONG dénombre 11 femmes, "dont deux enceintes", ainsi qu'un bébé d'un an. Et pas moins de 36 mineurs non accompagnés. Il s'agit d'un nombre relativement important de jeunes mineurs isolés, par comparaison avec les sauvetages habituels.

"À la fin de cette opération de secours compliquée, les garde-côtes libyens se sont approchés de la zone de sauvetage, puis ont quitté les lieux après quelques minutes", note SOS Méditerranée.

Dans la même journée de mardi, le Geo Barents de l'ONG Médecins sans frontières a secouru 134 personnes au large de la Libye. Le port de Ravenna, au nord de l'Italie, a été désigné par les autorités comme lieu de débarquement pour ces rescapés.

Il y a un peu plus d'une semaine, le 29 janvier, l'Ocean Viking avait déjà secouru 71 personnes à bord d'une "embarcation pneumatique surchargée qui prenait l'eau", toujours dans les eaux internationales, près de la Libye. Cette fois, l'alerte avait été donnée par l'avion Seabird 1 de l'ONG Sea-Watch. Parmi les rescapés, on comptait alors 16 mineurs non accompagnés.

Des jours de sauvetage perdus pour rallier les ports d'affectation

La fin d'année a été particulièrement meurtrière dans cette zone de la Méditerranée Pas moins de 108 migrants sont morts ou portés disparus après une série de quatre naufrages survenus entre le 26 décembre et le 3 janvier au large des côtes libyennes.

Au total, en 2023, plus de 3 000 exilés ont été portés disparus après avoir tenté de traverser la Méditerranée pour rejoindre l'Europe, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Depuis janvier, 110 personnes sont à leur tour portées disparues, toujours selon l'OIM.

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Les bateaux humanitaires peinent à éviter ces drames. Lundi, l’ONG allemande SOS Humanity a dévoilé le coût de l'obligation faite à ces navires de débarquer dans des ports italiens dès leur premier sauvetage. Et ce, quand bien même les ports d'affectation sont très éloignés de leur zone de présence.

Par exemple, le port de Ravenna assigné au Geo Barents se situe à quatre jours de navigation de sa zone de sauvetage actuelle. De même, suite à son opération du 29 janvier, l'Ocean Viking a dû rejoindre le port de Livourne, situé à 1 167 km de sa zone. Le débarquement a eu lieu le 2 février, soit quatre jours plus tard. C'est seulement après ce débarquement que l'équipage a pu retourner en mer... Et intervenir dans la nuit de lundi à mardi.

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Les chiffres sont édifiants : rien qu’en 2023, ces navires ont gâché 374 jours à parcourir plus de 150 000 kilomètres - l'équivalent de trois fois et demi le tour du monde - pour respecter cette règle. Autant de temps perdu à sauver des vies, souligne SOS Humanity.

 

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