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La Fédération internationale d’escalade traque les troubles du comportement alimentaire

Dès cette saison, les athlètes devront obtenir un certificat de santé pour participer aux compétitions. L’IFSC veut lutter contre le syndrome du déficit énergétique, baptisé RED-S, très présent dans le milieu de la grimpe et les sports où la maigreur est un atout

Le Japonais Tomoa Narasaki et le Kazakh Rishat Khaibullin, le 3 août 2021 lors des épreuves olympiques d’escalade aux Jeux d’été de Tokyo. — © CLODAGH KILCOYNE / REUTERS
Le Japonais Tomoa Narasaki et le Kazakh Rishat Khaibullin, le 3 août 2021 lors des épreuves olympiques d’escalade aux Jeux d’été de Tokyo. — © CLODAGH KILCOYNE / REUTERS

La Fédération internationale d’escalade sportive (IFSC) a annoncé ce mercredi 7 février la mise en place d’une politique de suivi et de protection de la santé lors de ses compétitions, qui pourra aller jusqu’à interdire les athlètes en état de dette calorique, un déséquilibre entre l’énergie ingérée par le corps et celle qu’il produit connu sous le terme de «déficit énergétique relatif dans le sport» (RED-S). Cette nouvelle réglementation entre en vigueur dès le début de saison le 9 avril et «sera pleinement opérationnelle pour les Jeux olympiques de Paris 2024 et les séries de qualification olympique», précise le communiqué.

Comme le cyclisme ou le saut à ski, l’escalade est un sport où l’athlète peut avoir un avantage à être le plus maigre possible. Une quête de la performance qui peut déboucher dans les cas extrêmes sur des troubles du comportement alimentaire, comme l’anorexie. Mais le RED-S peut aussi être involontaire et se manifester par une fragilisation du squelette ou la perturbation du cycle menstruel. Citant le groupe d’étude du CIO sur le RED-S, l’IFSC souligne que «le syndrome n’est souvent pas reconnu par les athlètes eux-mêmes et leurs entraîneurs, ainsi que par les cliniciens de l’équipe, et peut être involontairement exacerbé par la «culture sportive» en raison des gains de performance à court terme perçus comme résultant d’une limitation de l’apport calorique».

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Le contrôle classique par la mesure de l’indice de masse corporelle (IMC) n’étant pas une solution satisfaisante, l’IFSC a conclu qu’une procédure de dépistage plus complète était nécessaire pour obtenir une image précise de l’état de santé des athlètes.

Sensibiliser le public

Ceux-ci devront désormais remplir deux questionnaires comprenant des données «poussées» sur leur taille, leur poids, leur fréquence cardiaque et leur pression artérielle, et les adresser à leur fédération nationale, qui délivrera un «certificat de santé» ou pourra demander des tests supplémentaires (densité osseuse, taux de cholestérol et de testostérone, examen de la courbe de croissance pour les mineurs). Les athlètes autorisés à participer aux compétitions de l’IFSC pourront y être contrôlés. Et désinscrits si leurs données apparaissent comme étant «à risque pour leur santé». Une commission externe sera chargée de traiter les cas suspects.

«Ce nouveau système souligne notre engagement en faveur de la santé de nos athlètes, se réjouit Marco Scolaris, président de l’IFSC, dans le communiqué officiel. Cette politique nous aidera non seulement à déterminer quels sont les athlètes les plus à risque, mais aussi à sensibiliser le public à cette question, à apporter de l’aide à ceux qui en ont besoin et à veiller à ce que les droits de chaque athlète soient protégés.»

Les fédérations nationales et les athlètes ont été associés à la démarche. «Nous pensons qu’il s’agit d’une étape positive visant à rendre notre sport plus sûr en abordant un sujet complexe et sensible», estime la Britannique Shauna Coxsey, présidente de la Commission des athlètes de l’IFSC.

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