Harcèlement scolaire : en moyenne plus d'un élève par classe en est victime, du CE2 à la Terminale
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En visite à Reims, ce lundi, pour son premier déplacement de ministre de l'Éducation, Nicole Belloubet a livré les résultats de la première enquête nationale sur le harcèlement scolaire. Plus d’un élève par classe en moyenne en est victime. Ce baromètre va devenir annuel.
Nommée ministre de l'Éducation nationale jeudi 8 février, Nicole Belloubet a consacré sa première visite à la question du harcèlement. Elle était à Reims ce lundi, au collège Robert Schuman, un établissement "très impliqué dans la lutte contre harcèlement" a-t-elle déclaré. Elle y a rencontré les enseignants engagés dans le programme de prévention Phare et des élèves "ambassadeurs" de la lutte contre le harcèlement.
Nicole Belloubet a livré les résultats de la première enquête nationale sur le harcèlement lancée dans les écoles, collèges et lycées en novembre 2023. Quelque 7,5 millions d'élèves du CE2 à la terminale étaient invités à répondre à des questions sur leur expérience et leur ressenti dans leur établissement et sur les réseaux sociaux.
Enfants victimes et enfants "à risque"
Cette enquête révèle que plus d’un élève par classe en moyenne subit une situation de harcèlement scolaire, a indiqué la ministre. Selon Nicole Belloubet, cela représente : 5% des effectifs en primaire, 6% au collège et 4% au lycée. Ces résultats sont tirés d'un échantillon représentatif de 17.000 questionnaires, précise le ministère.
Au-delà des cas déclarés, l'enquête montre qu'une part non négligeable des enfants doit faire l'objet d'une vigilance accrue : 19% des écoliers (du CE2 au CM2) sont "à risque" face au risque de harcèlement, 6% des collégiens et 5% des lycéens. Compte tenu du taux élevé de situations à risque à l'école primaire, une attention particulière sera accordée au premier degré, a annoncé le ministère.
"C'est le sens des temps dédiés à l'apprentissage du respect de l'autre et de la différence que nous avons lancés et qui seront généralisés à la rentrée", a commenté le Premier ministre Gabriel Attal sur X, appelant plus généralement à "poursuivre la mobilisation et à aller plus loin" contre "ce fléau qui empoisonne la vie, brise la confiance en soi et peut parfois conduire au pire."
Création d'un "baromètre" annuel
Après cette première enquête, Nicole Belloubet a annoncé la création d'un "baromètre annuel" sur le harcèlement, chaque année en novembre, sur le modèle de celle menée en 2023, pour suivre l'évolution de ce phénomène.
"Sur cette base", a précisé la ministre, on pourra "approfondir les enquêtes" et "agir plus précocement" dans les classes où des situations ont été repérées. Dans ce cas, "une nouvelle auto-évaluation individuelle au cours de laquelle l'anonymat sera levé, avec l'accord des parents" sera décidée, a précisé le ministère de l'Education nationale.
Venir en cours "le sourire aux lèvres", pas "la peur au ventre"
Le harcèlement est "un véritable fléau qu'il nous faut absolument réguler", a déclaré la ministre à la presse : "Un élève ne doit pas venir dans son établissement scolaire la peur au ventre, mais au contraire le sourire aux lèvres".
La ministre a ajouté la création de "150 emplois à temps plein", "30 dans les académies et 120 dans les départements pour mettre en place la coordination" sur ces dossiers. Des mesures déjà annoncées, a relativisé Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, sur franceinfo. Nicole Belloubet a aussi précisé que les infirmiers scolaires et les assistants sociaux assurant les fonctions de coordonnateurs pour la lutte contre harcèlement, bénéficieraient désormais d’un complément indemnitaire de 1 250 euros.
"Mesurettes"
Des "mesurettes" pour Hugo Martinez, ancienne victime et président-fondateur de l'association Hugo! "L'augmentation de la prime pour les infirmières scolaires, c'est bien" mais insuffisant, a-t-il commenté sur franceinfo. Selon lui, les chiffres donnés par la nouvelle ministre de l'Éducation nationale "ne reflètent pas la réalité". "Si on avait été associés à la création de ce questionnaire, on se serait rendu compte qu'un élève ne peut pas être authentique dans sa réponse si juste à côté il y a l'élève harceleur".
Hugo Martinez demande la création d'une étude tripartite avec parents, élèves et professeurs pour "toucher de près la réalité des chiffres", ainsi que du soutien pour les élèves qui ont déjà été victimes de harcèlement. "Bien sûr qu'il faut mettre des moyens sur la prévention mais on a des victimes aussi sur les bras", dénonce-t-il. "Nous n'avons pas été reçus une seule fois par un ministre en face-à-face", a-t-il regretté.
Ces derniers mois, après des suicides d'adolescents sur fond de harcèlement, cette question est devenue prioritaire pour le gouvernement. En septembre 2023, Gabriel Attal, alors ministre de l'Éducation, exigeait "un électrochoc" auprès des recteurs. Quelques jours plus tard, Elisabeth Borne, Première ministre, annonçait un plan interministériel de lutte contre ce fléau.
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