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Le Congrès américain inculpe un ministre en exercice, une première depuis près de 150 ans

Les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants des États-Unis, ont formellement inculpé mardi le ministre chargé de l'immigration, Alejandro Mayorkas, pour sa gestion de la crise à la frontière avec le Mexique. Le président Joe Biden a dénoncé un "acte flagrant de politique politicienne".

Le ministre de l'Immigration Alejandro Mayorkas le 26 mai 2021 au Capitole.
Le ministre de l'Immigration Alejandro Mayorkas le 26 mai 2021 au Capitole. © Kevin Lamarque, Reuters
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Les républicains à la Chambre américaine des représentants ont inculpé mardi 13 février Alejandro Mayorkas, le ministre du président Joe Biden chargé de l'immigration, l'accusant d'avoir provoqué une crise à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

C'est la première fois en près de 150 ans que le Congrès décide d'une telle sanction contre un ministre. Mais sa destitution reste largement improbable compte tenu de la majorité démocrate au Sénat. Les conservateurs avaient déjà tenté de l'inculper il y a une semaine, mais une poignée de voix leur avait manqué.

"C'est l'architecte en chef de la catastrophe", avait accusé plus tôt Mike Johnson, le chef républicain de la Chambre des représentants, qui a tranché sur le sort du ministre de 64 ans en début de soirée.

Joe Biden a rapidement réagi, dénonçant un "acte flagrant de politique politicienne qui a pris pour cible un honorable serviteur de l'État". "Au lieu d'organiser des mascarades de ce genre, les républicains qui se préoccupent réellement de la frontière devraient demander au Congrès davantage de ressources et de renforcer la sécurité aux frontières", a fustigé le démocrate de 81 ans.

"Manœuvre politique"

La probabilité qu'Alejandro Mayorkas soit démis de ses fonctions à l'issue de cette procédure est extrêmement faible, mais la situation n'en reste pas moins compliquée pour Joe Biden, à moins de neuf mois de l'élection présidentielle. 

Les républicains, pour la plupart proches de l'ancien président Donald Trump à la rhétorique très hostile à l'immigration, accusent le président démocrate d'avoir laissé le pays se faire "envahir", prenant pour exemple le chiffre record de migrants arrêtés à la frontière, 302 000 en décembre. Les démocrates balaient cette procédure d'un revers de main, accusant les républicains de faire du ministre un bouc émissaire en pleine année électorale.

L'immigration s'est imposée comme un sujet phare de la campagne pour la présidentielle de novembre qui opposera, selon toute vraisemblance, le président Joe Biden à son rival républicain Donald Trump. Le principal intéressé, Alejandro Mayorkas, a lui maintes fois rejeté les accusations des républicains, leur reprochant de "gaspiller du temps précieux et l'argent des contribuables" avec la procédure de destitution.

La dernière inculpation d'un ministre par le Congrès remonte à... 1876. Le ministre de la Guerre William Belknap, accusé de corruption, avait démissionné avant la fin de la procédure de destitution. La Constitution prévoit que le Congrès peut destituer le président, un ministre, ou des juges fédéraux en cas de "trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs". La procédure se déroule en deux étapes.

Sauvé par un élu pieds nus

D'abord, la Chambre des représentants vote, à une majorité simple, des articles de mise en accusation détaillant les faits reprochés au ministre – c'est ce qui s'appelle "impeachment", en anglais. C'est ce vote qui a eu lieu mardi soir.

Trois parlementaires républicains avaient fait savoir avant le scrutin qu'ils voteraient contre, estimant la sanction largement disproportionnée. Les républicains ne pouvaient pas se permettre une défection de plus, compte tenu de la majorité extrêmement mince qu'ils possèdent à la Chambre. L'impeachment a finalement été adopté à 214 voix contre 213.

Le 2 février, l'état-major républicain pensait avoir un nombre suffisant de voix pour remporter ce vote, mais avait été pris de court par l'arrivée surprise dans l'hémicycle d'un élu démocrate, Al Green, pourtant en convalescence en raison d'une opération à l'abdomen. L'élu de l'Arizona a déboulé en fauteuil roulant en plein vote, pieds nus et en tenue d'hôpital, faisant finalement pencher la balance en faveur des démocrates..

Avec AFP

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