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Mayotte : la fin du droit du sol remet en question "la soi-disant appartenance" à la France, selon les Comores
La mesure prévue par le gouvernement français, circonscrite au territoire de Mayotte, « remet en cause l'histoire de la France et des principes qui fondent la République », estiment les Comores.
DUPUY FLORENT/SIPA

Mayotte : la fin du droit du sol remet en question "la soi-disant appartenance" à la France, selon les Comores

Immigration clandestine

Par Marianne avec AFP

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Le projet du gouvernement français de supprimer le droit du sol à Mayotte, département français d'Outre-mer, pour endiguer l'immigration illégale en majorité en provenance de l'archipel voisin des Comores, pourrait remettre en cause « la soi-disant appartenance de l'île de Mayotte à la France », selon le gouvernement comorien.

Le projet du gouvernement français de supprimer le droit du sol à Mayotte, département français d'Outre-mer, pour endiguer l'immigration illégale suscite des réactions en provenance de l'archipel voisin des Comores. « On est en droit de se demander si la volonté affichée de supprimer le droit du sol à Mayotte ne serait pas, enfin, le début d'une remise en cause de la soi-disant appartenance de l'île de Mayotte à la France », a estimé dans un communiqué diffusé tard, mardi 13 février, le ministère des Affaires étrangères comorien.

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Paris a annoncé dimanche une prochaine révision constitutionnelle visant à supprimer le droit du sol dans le département français de l'océan Indien confronté à une grave crise migratoire ainsi qu'à un climat social et sécuritaire explosif. « Il ne sera plus possible de devenir français si on n'est pas soi-même enfant de parent français », a résumé le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin, en visite au cours du week-end dans le département le plus pauvre de France.

« Les Comores ne cesseront jamais de revendiquer Mayotte »

Mayotte compte 310 000 habitants, selon l'office de statistiques français (Insee), – un chiffre largement sous-estimé, selon la Chambre régionale des comptes – dont 48 % d'immigrés comoriens et d'autres pays d'Afrique. La plupart arrivent clandestinement sur le territoire français à bord de barques de pêche traditionnelles depuis l'île comorienne d'Anjouan, distante de seulement 70 kilomètres. Beaucoup s'installent ensuite dans des « bangas » (cases) insalubres des bidonvilles.

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La mesure prévue par le gouvernement français, circonscrite au territoire de Mayotte, « remet en cause l'histoire de la France et des principes qui fondent la République », estiment les Comores, qui revendiquent l'île restée dans le giron français quand en 1975 Moroni a choisi l'indépendance. Une situation qui depuis nourrit les tensions entre Paris et Moroni, maintenue selon les Comores « au mépris du droit international et des résolutions pertinentes de l'ONU ».

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« Les Comores ne cesseront jamais de revendiquer Mayotte », a martelé le ministère comorien des Affaires étrangères dans son communiqué. Situé à l'embouchure du canal du Mozambique, l'archipel est composé des trois îles Grande-Comore, Anjouan et Mohéli. Le gouvernement français veut engager sans tarder la révision constitutionnelle indispensable pour entériner la suppression du droit du sol à Mayotte, d'ores et déjà dénoncée par les partis de gauche qui refuseront de la voter.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne