Patrimoine

La "cité perdue" redécouverte dans la jungle équatorienne est déjà menacée de disparition

Représentation numérique du relief d’une région située près de la rivière Upano, en Amazonie équatorienne, à l’Institut national du patrimoine culturel de Quito, le 31 janvier 2024.

© Rodrigo BUENDIA

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Par Johan Rennotte

Le mois passé, nous vous parlions de cette vaste "cité" perdue vieille de 2500 ans au milieu de la jungle équatorienne, redécouverte grâce à la technologie laser. Après le buzz médiatique de cette "trouvaille", se pose la question de la conservation du gigantesque site archéologique. Et plusieurs dangers semblent peser sur les vestiges anciens.

Souvenez-vous, en janvier dernier, on annonçait la "découverte d’une cité perdue" dans la vallée de l’Upano, au milieu de la forêt équatorienne. Une découverte qui n’en était pas vraiment une, puisque le site est en réalité étudié depuis les années 1980. Ce qui est original, c’est l’utilisation du LIDAR, une technologie laser, pour dévoiler les traces de cet ensemble archéologique de petits centres urbains reliés par un large réseau routier.

Le LIDAR ("Light Detection and Ranging") a en effet permis de mieux cartographier, en 3D, les vestiges dans ce milieu tropical difficile à étudier. Une technologie utilisée dans d’autres forêts peu accessibles, comme la jungle de Bolivie, ou très récemment notre massif ardennais.

Dernièrement, une enquête de l’AFP a révélé que le site est aujourd’hui menacé par plusieurs facteurs, et a besoin d’un programme de préservation sans tarder. Le premier danger, c’est l’érosion. Avoir mis au jour plusieurs vestiges, en ôtant la couche végétale qui les protégeait, permet à la pluie et au vent de faire leur office et d’user les pierres anciennes des 7400 monticules qui sont en vérité des soubassements de bâtiments. L’érosion, processus naturel, est une menace pour l’ensemble des sites archéologiques du monde, comme sur le Machu Picchu. Mais le phénomène a tendance à s’accélérer avec le dérèglement climatique.

Et comme dans de nombreuses autres régions de l’Amazonie, la déforestation, mais aussi l’activité minière et l’agriculture, toutes deux illégales, représentent une menace grandissante. Ces pratiques sont non seulement une catastrophe pour l’écosystème, mais aussi pour les sites archéologiques qui commencent seulement à se dévoiler dans une région du monde qu’on a longtemps considérée comme vide d’activité humaine.

Un "Machu Picchu équatorien"

Selon l’AFP, le site a baptisé "le Machu Picchu équatorien" pour souligner son caractère exceptionnel. "On regardait avec envie le patrimoine archéologique de nos voisins péruviens ou au Mexique. Nous avons aujourd’hui la chance de l’avoir ici, dans la vallée d’Upano !" a déclaré à l’AFP l’archéologue Alden Yépez de l’Université catholique privée d’Equateur.

Pour préserver l’endroit, les autorités équatoriennes ont mandaté l’Institut national du patrimoine culturel pour délimiter la zone à protéger. Mais la tâche risque d’être compliquée puisque selon les estimations, le réseau routier et les centres urbains pourraient s’étendre sur près de 2000 kilomètres carrés. Les trouvailles faites par le LIDAR et par les précédentes campagnes de fouilles n’auraient fait qu’effleurer l’immensité du complexe, témoin de la présence d’une vraie civilisation développée dans cette région reculée qu’est la vallée de l’Upano.

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