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À Lyon, une ONG répare les femmes excisées
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À Lyon, une ONG répare les femmes excisées

Un article rédigé par Charlotte Mongibeaux, Théophile Eliot - RCF Lyon, le 15 février 2024  -  Modifié le 15 février 2024

Il y a un an, Les Orchidées Rouges, une ONG venant en aide aux femmes excisées, a ouvert à Lyon dans le but de les aider à se reconstruire et à surmonter ce traumatisme. Même si le sujet est peu connu en Europe, 125 000 femmes ayant subi cette mutilation vivent en France.

Groupe de parole de femmes - © Les Orchidées Rouges Groupe de parole de femmes - © Les Orchidées Rouges

Pratiquée pour des raisons culturelles et religieuses dans une trentaine de pays dans le monde, l’excision consiste à retirer partiellement une partie de l’appareil génital externe de la femme. Il peut s’agir d’une ablation du gland du clitoris, des petites lèvres ou encore de la suture des grandes lèvres.

L’objectif est, en général, de contrôler le corps des femmes et des fillettes. Si on ne mesure pas bien l’ampleur du phénomène en France, ailleurs dans le monde, il représente un réel enjeu de santé publique. Deux cent millions de filles et de femmes ont subi une excision contre leur gré, susceptible de laisser place à un grand traumatisme.

Interdite en France mais pratiquée à l’étranger

Le sujet commence à se faire connaître en France en 1982 après qu’une petite fille de 3 mois est décédée des suites d’une excision subie chez elle, dans la région parisienne. Depuis, la loi s’est durcie en 1983 et condamne « l’auteur ou le responsable de l’enfant mutilé […] jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amendes ». L’excision ne serait plus pratiquée en France, d’après les associations, mais les femmes et les fillettes subissent cette mutilation à l’étranger, dans leur pays d’origine ou le pays d’origine de leurs parents. En Égypte, par exemple, 91 % des femmes sont excisées, une pratique également courante en Guinée Conakry, au Mali ou encore en Indonésie.

Kakpotia Marie-Claire Koulibaly a subi cette mutilation en Côte-d’Ivoire alors qu’elle n’avait que neuf ans et que ses parents s’y opposaient. « Ce sont d’autres personne de la famille, des grand-mères, des tantes qui se permettent d’exciser des petites filles. C’est une tante qui a organisé mon excision à l’insu de ma mère », commente-t-elle. Aujourd’hui, elle a fait de son passé un combat, en créant l’ONG Les Orchidées Rouges. Installée à Bordeaux et en Côte d’Ivoire, elle vient d’ouvrir une antenne à Lyon en février 2023 pour proposer un accompagnement thérapeutique.

Par-delà les frontières

En France, les enfants sont suivis par la protection maternelle et infantile jusqu’à leurs six ans. Mais passé cet âge, ils s'exposent à de potentiels risques lorsqu'ils partent en vacances d’été dans les pays dont sont originaires leurs parents ou grands-parents. Les petites filles ou adolescentes « partent avec les parents au pays et, une fois sur place, on leur dit qu’il y a une fête au village mais ce n’est pas le cas. Elles se retrouvent dans une case avec plusieurs filles de leurs âges, elles entendent des pleurs et des pleurs, mais une fois qu’elles sont dedans elles ne peuvent plus s’échapper et des adultes vont les maîtriser de manière à ce qu’elles ne puissent pas s’enfuir », explique Albertine Pabingui, chargée de mission aux Orchidées Rouges. Des opérations pratiquées dans des conditions souvent précaires. Seulement 18 % des mutilations sont pratiquées par un personnel soignant.

Une reconstruction lente

C'est dans ce contexte que depuis un an, Les Orchidées Rouges accompagnent plus de 200 femmes qui habitent dans la région de Lyon mais aussi dans l’Ain, en Savoie et en Auvergne. L’ONG les accompagne en les aidant à rencontrer du personnel qualifié et à élaborer un parcours de soin avec des sages-femmes et des ostéopathes. Des groupes de parole et des séances d’art thérapie rythment aussi cette reconstruction qui passe par le corps et la parole.

Passer du statut de victime à « actrice de sa vie » peut amener certaines femmes à vouloir avoir recours à de la chirurgie réparatrice. L’hôpital Lyon Sud et l’hôpital Saint Joseph Saint Luc proposent des reconstructions clitoridiennes.

Un sujet qui va continuer à être traité à plus grande échelle dans la région lyonnaise, puisqu'une maison des femmes devrait être implantée sur le site de l’hôpital Édouard Herriot à l’été 2024. Le site permettra une prise en charge globale pour toutes les femmes victimes de violence sexiste et sexuelle, et travaillera main dans la main avec les Orchidées Rouges.

 

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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