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Biosantech, la petite PME française qui veut vaincre le Sida

C'est une petite PME française, Biosantech, qui est la plus avancée pour parvenir à établir un vaccin contre le virus du Sida.
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SIDA : nouvelle étape vers un vaccin
virus du SIDA
SKU / Science Photo Library

La dernière estocade contre le virus du sida pourrait être bien donnée par un petit poucet français de la recherche médicale. La société Biosantech, créée en 2011, vient d'obtenir les autorisations de poursuivre son protocole d'essai clinique sur le vaccin qu'elle développe. Ce dernier cible une protéine responsable de l'effondrement du système immunitaire chez les sujets séropositifs.

"Actuellement nous sommes la seule société au monde à être en phase II d'un protocole qui en compte trois. Ce qui fait de nous la société la plus en pointe pour parvenir à mettre au point un vaccin thérapeutique, c'est-à-dire traitant des personnes atteintes du virus du Sida", explique sobrement Corinne Tréger, la directrice générale de Biosantech, petite PME basée à Sophia-Antipolis, la technopole de la région PACA.

Derrière ce succès, une histoire atypique. "Je travaillais avec mon mari dans une société d'importation de matières premières pour des laboratoires pharmaceutiques. J'ai été amenée à participer à l'élaboration d'un vaccin contre la grippe aviaire. C'est à cette occasion que j'ai rencontré le docteur Jean Bora de Mareuil. C'est lui qui m'a parlé des brevets concernant un vaccin contre le sida", se remémore Corinne Tréger.

Un vaccin développé par des "bénévoles"

Illico, elle et son mari, aujourd'hui décédé, décident de dépenser leurs économies pour racheter les brevets à une société américaine qui détenait les droits. " Faute de financements, cette dernière n'avait pu poursuivre ses recherches et s'était arrêtée au stade des essais préclinique", détaille Corinne Tréger. Les brevets avaient été déposés en 1999 et 2008 par un scientifique français contesté par ses pairs, Erwann Loret.

Pour elle, l'aventure commence avec son lot d'imprévus. Il s'agit alors d'y faire face. Pas toujours évident, lorsque vous n'êtes pas issue du sérail de la recherche médicale. Corine Tréger ira même jusqu'à reprendre son métier d'origine, kinésithérapeute. "A partir de 2011, date de création de Biosantech, je travaillais douze heures par jour dans mon cabinet de kiné pour pouvoir payer mes factures. Bien sûr, le soir venu, il fallait aussi s'occuper de Biosantech pour faire avancer le projet de vaccin", souffle-t-elle.

"Aucun dirigeant de la société n'a touché de salaires", se rappelle la directrice générale. C'est donc presque en bénévole que la poignée de collaborateurs et membres du comité scientifique planchent chaque jour sur l'élaboration du vaccin. Ce qui n'empêche pas les factures de s'amonceler sur le bureau de la directrice. La société doit s'acquitter, entre autre, des annuités des deux brevets qui s'élèvent tous les ans à environ 30.000 euros. A cela, s'ajoute le dédommagement des experts médicaux et le paiement des examens de toxicité du vaccin. "Si nous avions été une entreprise normale, nous aurions dû dépenser environ cinq millions d'euros", poursuit Corinne Tréger.

Une commercialisation prévue pour 2017

Oui mais voilà, Biosantech n'est pas une entreprise comme les autres. C'est un ovni dans le paysage de la recherche médicale, dominé par les grosses structures. "On nous prenait pour des illuminés", se souvient Corinne Tréger. Mais grâce aux soutiens de chercheurs reconnus comme Jean-Claude Chermann, membre de l'équipe du professeur Montagnier qui a découvert le virus du Sida, la société gagne en "légitimité" et en "respectabilité".

Résultat, avec une bonne dose de volontarisme, cette petite équipe parvient à nouer des partenariats avec le CNRS puis dans un second temps avec l'Hôpital de l'Assistance Publique du médicament.

Côté financement, Biosantech a reçu une aide de la Banque Publique d'Investissement (BPI) pour un montant de 230.000 euros. La société a aussi eu recours à un autre moyen, peu conventionnel, pour recueillir des fonds. "Nous avons récolté 250.000 euros via la plateforme Happy Capital, une société de financement participative", précise Corinne Tréger.

Pour ce qui est de la commercialisation du vaccin thérapeutique, Biosantech avance la date de 2017. "C'est à la fois loin et proche. Mais le processus est extrêmement long pour obtenir une autorisation de mise sur le marché", commente la directrice générale.

Ce qui n'empêche pas Corinne Tréger d'avoir déjà réfléchi à cette date butoir. "Si nous parvenons à ce stade, nous serons obligés d'envisager une fabrication industrielle", expose Corinne Tréger. Avec en ligne de mire, la commercialisation du vaccin dans tous les pays du globe sans exception. "Nous souhaitons à terme que le prix du vaccin soit fixé en fonction du Produit Intérieur Brut de chaque pays pour ne pas défavoriser les pays les plus pauvres", conclut-t-elle.

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