La mort du principal opposant à Vladimir Poutine met fin à une procédure lancée en France contre le groupe Yves Rocher. Alexeï Navalny avait saisi la justice française pour tenter de démontrer que Vladimir Poutine avait fait pression sur la filiale russe du groupe cosmétique français pour le faire accuser de corruption il y a dix ans.

Alexeï Navalny avait fait de chacun des procès que lui a intenté le pouvoir russe une tribune. Lors de sa dernière apparition dans un tribunal il avait appelé à voter contre Poutine lors des élections présidentielles prévues à la mi-mars. Parmi les différents chefs d’accusation dont le Kremlin a fait usage, on trouve une plainte pour corruption déposée par la filiale russe du groupe Yves Rocher. Celle-ci travaillait avec une entreprise russe de transports Glavpodpiska dont les deux frères Navalny, Alexeï et Oleg, étaient actionnaires. En 2012 la filiale russe d’Yves Rocher dépose plainte contre X soupçonnant une surfacturation des services logistiques de son partenaire. Deux ans plus tard cette plainte aboutira à la première condamnation judiciaire en Russie pour Alexeï Navalny qui écopera, en 2014, de prison avec sursis. En revanche l’audit interne diligenté par le groupe Yves Rocher montrera qu’il n’y a finalement pas eu de malversations et donc à retirer sa plainte.

Yves Rocher est très présent en Russie

Le groupe Yves Rocher est présent depuis une trentaine d’années en Russie où il réalise 4 % de son chiffre d’affaires. Il a décidé d’y poursuivre ses activités malgré la guerre en Ukraine au nom de son statut d’entreprise à mission qui doit protéger les 630 salariés de ses 450 boutiques et les 2 500 collaborateurs des enseignes franchisées. Cet engagement russe a conduit Alexeï Navalny à tenter une contre-attaque avec son frère Oleg. Il est venu en France en 2018 pour attaquer le groupe Yves Rocher là où se trouve son siège social, dans le Morbihan. Il voulait démontrer l’influence de Vladimir Poutine sur le dépôt de plainte qui a déclenché son premier procès russe. C’est son avocat maître William Bourdon, spécialiste des crimes économiques qui portait l’affaire. Les Navalny avaient été débouté en appel en mai 2023, le groupe Yves Rocher estimant à ce moment-là qu’il avait été blanchi.

Alexeï Navalny n’avait pas renoncé pour autant et s’était pourvu en cassation. Sa mort éteint cette dernière procédure mais pas l’indignation de son avocat William Bourdon. Interrogé par France 3 Bretagne après la mort du combattant de la démocratie, William Bourdon estime toujours que le groupe cosmétique français a “contribué à la criminalisation artificielle” de son client. Selon lui : “Dans la mesure où le groupe Yves Rocher est implanté depuis des années en Russie, il ne pouvait pas ignorer qu’ils allaient donner un coup de main au comité d’enquête criminelle qui est un outil créé par et pour Poutine et dont on sait très bien le caractère politique !”. Si la mort d’Alexeï Navalny a éteint la procédure judiciaire, elle ne met pas pour autant fin à la controverse russe du groupe Yves Rocher.

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes