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Derniers recours pour Julian Assange, menacé d'extradition aux États-Unis

La Haute Cour de Londres examine ce mardi 20 et ce mercredi 21 février le recours du fondateur de WikiLeaks concernant son extradition vers les États-Unis, où il est accusé d’espionnage pour la publication de documents confidentiels en 2010 et 2011. L’audience de cette semaine doit seulement trancher si le journaliste peut oui ou non faire appel : en cas de rejet, il pourrait être rapidement envoyé vers une prison américaine de haute sécurité. 

Affiches de soutien à Assange, le 2 octobre 2023 à Manchester.
Affiches de soutien à Assange, le 2 octobre 2023 à Manchester. Getty Images - Martin Pope
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Avec notre correspondante à Londres, Émeline Vin

Les traits tirés, les larmes aux yeux, Stella Assange craint que son époux ne perde son appel. Julian Assange serait alors extradé vers les États-Unis, qui l’accusent d’espionnage. « Julian encourt 175 années de prison. C’est la peine possible. L’une des sources présumées des documents de WikiLeaks vient d’être condamnée à 40 ans de prison. Ce sont des méthodes de mafieux ! » dénonce-t-elle.

Une peine qui l’inquiète d’autant plus que l’état de santé du fondateur de WikiLeaks ne cesse de se dégrader, après un accident cardiaque en 2021 : « Sa santé décline mentalement, physiquement. Sa vie est menacée, chaque jour qu’il passe en prison. S’il est extradé, il mourra. »

Selon les Nations unies, les conditions de détention de Julian Assange aux États-Unis pourraient relever de la torture. Pour le nouveau rédacteur en chef de WikiLeaks, Kristinn Hraffnson, il en va aussi de la liberté de la presse : « Si Julian Assange est extradé, cela voudra dire qu’aucun journaliste à travers le monde n’est à l’abri d’une extradition vers les États-Unis et de la réclusion, souligne-t-il. On parle ici d’un journaliste australien qui a publié sur le sol européen, et menacé de détention aux États-Unis. Cela signifie que n’importe quel journaliste, n’importe où dans le monde, peut être menacé ». 

« Cela constituerait un précédant alarmant »

Pour Rebecca Vincent, directrice de campagne chez Reporters sans frontières (RSF), il s’agit d’une menace majeure pour la liberté de la presse. « L’affaire Julian Assange aura des conséquences sur le journalisme et la liberté de la presse partout dans le monde. La publication en 2010 de centaines de milliers de documents militaires et diplomatiques, classifiés et qui avaient fait l’objet d’une fuite, par WikiLeaks, ont contribué à une couverture d’intérêt public partout dans le monde, souligne-t-elle. Ils ont mis au jour des faits d’intérêt public, des crimes de guerre, des violations des droits humains. Ces crimes n’ont jamais été poursuivis, seul l’éditeur de presse est poursuivi ici. Si le gouvernement américain parvient à l’extrader et à le juger là-bas, il sera le premier éditeur poursuivi en vertu de l’Espionage Act. Cette loi a déjà été pervertie en visant des lanceurs d’alerte, mais c’est la première fois qu’on voit ce cas de figure, avec un responsable de presse. Cela constituerait un précédent alarmant pour tout journaliste, toute organisation de presse, n’importe qui publierait des informations sur la base d’une fuite de données. Voilà ce qui est en jeu, en plus du droit à l’information, car il ne s’agit pas que de journalisme, mais aussi de notre droit à tous d’être informés. »

Devant le tribunal, l'amertume de ses soutiens

C'est l’équivalent d’une peine de mort, dénonce cette personne, venue spécialement d’Allemagne en soutien au fondateur de Wikileaks : « Il mourra. Soit il attendra de mourir dans sa cellule, dans des conditions horribles, soit il se tuera. Moi, dans ces conditions, je me suiciderai ». Le long des grilles du tribunal, cet homme accroche des dizaines de rubans jaunes : « J’ai arrêté de compter à 2 500. Ils viennent de 70 pays. Ca montre à quel point Julian est soutenu à travers le monde. Les gens ne se rendent pas compte mais nous vivons un moment dangereux. »

La Cour pourrait mettre plusieurs semaines à rendre sa décision. Si la justice britannique valide l’extradition, l’équipe de Julian Assange s’en remettra à la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).  

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