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Haïti: la veuve du président Jovenel Moïse inculpée de complicité dans son assassinat

Martine Moïse dénonce « une persécution politique ». L'ancienne première dame haïtienne fait partie de la cinquantaine de personnes qui sont inculpées par le juge en charge de l'enquête sur l'assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021.

L'ancienne première dame d'Haïti, Martine Moise, prend la parole lors des funérailles de son mari assassiné, le vendredi 23 juillet 2021 (image d'illustration).
L'ancienne première dame d'Haïti, Martine Moise, prend la parole lors des funérailles de son mari assassiné, le vendredi 23 juillet 2021 (image d'illustration). Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved
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Outre Martine Moïse, on trouve également dans cette liste, l'ancien Premier ministre intérimaire, Claude Joseph et l'ex-directeur général de la police nationale, Léon Charles, écrit notre correspondante à Port-au-Prince, Marie André Belange. C'est ce dernier qui fait face aux accusations les plus graves : meurtre, tentative de meurtre, complot contre la sécurité intérieure de l'État, et association de malfaiteurs notamment.

Tous doivent être arrêtés et traduits en justice en Haïti, préconise le juge. Dans son rapport, le magistrat a demandé le renvoi de de toutes ces personnes devant le tribunal criminel « pour y être jugées sur les faits d'association de malfaiteurs, de vol à mains armées, de terrorisme, d'assassinat et de complicité d'assassinat, crimes commis au préjudice » du président Moïse. Un pas décisif dans la bonne direction pour venir à bout de cette affaire, selon l'avocat et président de la fondation des droits humains Je Klere, Samuel Madistin. 

Désormais, il y a un juge, une décision qui fait autorité qui donne une position officielle de ce qu'il s'est exactement passé sur l'assassinat du président. Ca constitue la vérité judiciaire, à ce stade des débats. Le juge a conduit son enquête sans aucun scandale et a pu compléter son information, ce que quatre autres juges n'ont pas pu faire. C'est déjà une bonne chose.

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Samuel Madistin, avocat et président de la fondation des droits humains Je Klere

Mikaël Ponge

Dans son ordonnance rendue publique le 19 février, le juge Walter Wesser Voltaire révèle que les déclarations de l’ex-première dame relatives à l’assassinat du président Jovenel Moïse dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021 en sa résidence sont entachées de contradictions et laissent à désirer mais également la discréditent. En effet, l’instruction du juge Voltaire relate des faits accablants.

Même un rat géant ne peut accéder « au dessous du lit »

Pour s’être protégée des assaillants le soir de l’attaque, l’épouse du l’ex-président Jovenel Moïse laissait entendre qu’elle s'était réfugiée sous le lit conjugal du couple. Pourtant, la visite des lieux a permis de découvrir que, même un rat géant, dont la taille mesure entre 35 et 45 centimètres, ne peut accéder « au dessous du lit » selon l'acte d'inculpation. 

De plus, deux jours après l’assassinat du président, madame Moïse a appelé le secrétaire général du palais présidentiel pour lui dire que Jovenel n'avait rien fait. Il faut ouvrir le bureau du président pour permettre à Claude Joseph, alors Premier ministre d’organiser un Conseil des ministres et qu’il allait réaliser des élections afin qu’elle puisse succéder à Jovenel Moïse. 

Données suffisantes pour inculper l'ex-première dame

Aucune preuve directe de l'implication de Martine Moïse mais des déclarations jugées contradictoires, qui font d'elle une complice présumée. Selon l'acte d'accusation, elle aurait agi de pair avec Claude Joseph, en vue de s'emparer du pouvoir. Ce même Claude Joseph qui aujourd'hui mène la fronde contre l'actuel chef du gouvernement Ariel Henry, entendu lui aussi dans l'enquête mais dont le nom ne figure pas dans l'ordonnance de renvoi. Preuve selon Claude Joseph d'une utilisation « machiavélique » du système judiciaire. « Un coup d'État classique », a t-il réagi. 

Des accusations qui ne tiennent pas debout selon l'avocat et président de la fondation des droits humains Je Klere, Samuel Madistin. 

Quand on pose la question "A qui profite le crime ?", je considère que l'instruction confirme très bien qu'Ariel Henry n'avait pas les moyens pour profiter du crime, ni les moyens pour l'exécuter. En revanche, celui qui était en fonction et qui venait d'être renvoyé par le Président, Claude Joseph, avait tout intérêt à participer à ce crime.

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Samuel Madistin, avocat et président de la fondation des droits humains Je Klere

Mikaël Ponge

Le juge Voltaire estime que les données recueillies au cours de l’instruction sont suffisantes pour inculper l’ex-première dame, Marie Étienne Martine Joseph Moïse, avec constitution de partie civile. 

Le 7 juillet 2021, Jovenel Moïse avait été tué par balle dans sa résidence privée à l'âge de 53 ans par un commando de plus de 20 personnes, principalement des mercenaires colombiens, sans que ses gardes du corps n'interviennent, écrit l'AFP. Martine Moïse avait elle-même été blessée lors de l'attaque.

Une enquête américaine distincte à Miami a abouti à des accusations fédérales contre onze hommes accusés de complot en vue de tuer M. Moïse. Six hommes ont plaidé coupable, tandis que les cinq autres devraient être jugés en mai. 

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