Fils d’un camarade de Manouchian, il refuse que Marine Le Pen soit présente à l’hommage

Georges Duffau-Epstein, fils de Joseph Epstein, dirigeant des FTP-MOI, arrêté avec Missak Manouchian et fusillé au Mont-Valérien, ne veut pas voir l’extrême droite lors de la panthéonisation du résistant communiste arménien mercredi 21 février.

Gard /
19/02/2024 | 16h32

L’image sera-t-elle ternie ? Alors que la France s’apprête à célébrer Missak Manouchian, résistant communiste arménien, le Rassemblement National (RN) a fait savoir ce lundi matin que la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, serait bien présente à sa panthéonisation mercredi. « Malgré les propos outrageants du Président de la République (dans une interview à L’Humanité parue dimanche, Emmanuel Macron place le RN en dehors de l’arc républicain, contrairement aux propos de son Premier Ministre Gabriel Attal, Ndlr), Marine Le Pen se rendra à la cérémonie d’hommage solennel de la Nation à Missak Manouchian et ses camarades de résistance au Panthéon », a annoncé le parti d’extrême droite.

Cette annonce s’est accompagnée d’une levée de boucliers contre cette venue à l’image du sénateur communiste Pierre Ouzoulias qui qualifie le RN et Reconquête! « d’héritiers de Vichy » qui a « une vision ethnique de la nation ». « Nous sommes les héritiers de Manouchian et d’une vision politique de la nation », explique-t-il. Pour beaucoup, cette panthéonisation marque en effet la reconnaissance tardive de la France de la résistance communiste durant la seconde guerre mondiale mais aussi de la résistance d’étrangers. Sur RTL lundi matin, Fabien Roussel, député et secrétaire national du PCF, a également appelé Marine Le Pen à ne pas se rendre à cette panthéonisation.

Les représentants politiques ne sont pas les seuls à s’opposer à cette venue. Joint par téléphone, Georges Duffau-Epstein, fils du résistant Joseph Epstein (qui porte également le nom d’un autre résistant, Lucien Duffau qui avait signé un mariage blanc avec la mère de Georges pour la protéger) sera présent à la panthéonisation de Missak Manouchian et espère ne pas y croiser Marine Le Pen.

« L’extrême droite n’a rien à faire là », prévient le fils de ce résistant juif immigré de Pologne qui avait combattu contre les Franquistes en Espagne avant de prendre la tête des Francs-tireurs et partisans - Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) de région parisienne. « Enfin il y a un Communiste au panthéon. Deuxièmement c’est un étranger et troisièmement j’ai presque envie de dire que mon père rentre au Panthéon parce que sur le tombeau de Misssak, il y aura le nom de tous les fusillés de son groupe, plus celui de mon père. C’est extrêmement important qu’Emmanuel Macron reconnaisse qu’il y avait des étrangers dans la résistance. D’ailleurs dans la dernière lettre que mon père m’a envoyé trois heures avant de mourir, il trouve de la place pour écrire : « Vive la liberté et vive la France »», explique Georges Duffau-Epstein qui sera au Prolé d’Alès le 29 février (18h15) et le lendemain à Nîmes, à la maison du Protestantisme (18h).