RDC : Un nouveau génocide en cours des tutsi congolais ?

RDC : Un nouveau génocide en cours des tutsi congolais ?

Les agressions, le plus souvent mortelles, se multiplient de l’Ituri au Sud-Kivu.

« Vendredi dernier, le 16 février, alors que nous tenions une conférence de presse à Bruxelles pour mettre en lumière les violences terribles subies notamment par les membres de l’ethnie hema dans l’Ituri, 29 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été enterrées vivantes dans cette province du nord-est du pays”, explique Maître Bernard Maingain, membre d’un collectif d’avocats qui a déjà rédigé plusieurs plaintes qui ont été déposées auprès de l’auditeur général et du Procureur de la République au Congo… en vain jusqu’ici.

Les massacres et les attaques contre les membres des ethnies hema, tutsi ou banyamulenge de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu se multiplient. Chaque semaine des agressions sont signalées et le collectif d’avocats a reçu des centaines de témoignages, photos à l’appui, sur les multiples agressions subies dans des villages souvent complètement ravagés après le passage de milices locales.

La milice Codeco accusée

Des messages arrivent régulièrement pour nous signaler que des attaques sont en préparation, poursuit Me Maingain. Ces lanceurs d’alerte avisent aussi l’armée congolaise et, le plus souvent, les casques bleus de la Monusco. Malgré ces appels, les milices locales, surtout les membres du mouvement Codeco en Ituri, mènent leurs attaques et massacrent les civils sans être menacés.”

Les Codeco peuvent agir sans être inquiétés”, poursuit un membre de la société civile du territoire de Djugu, en Ituri. “Ils bénéficient de la complicité de l’armée congolaise”, poursuit notre témoin qui rappelle que “ces miliciens ont notamment été utilisés par le pouvoir pour sécuriser les bureaux d’inscriptions des électeurs en amont du scrutin législatif et présidentiel du mois de décembre. Chaque fois qu’ils attaquent, l’armée congolaise est étrangement absente. Il est devenu très dangereux de se rendre au champ autour de nos villages et même des camps de réfugiés”.

Comme en 1994

Exactement trente ans après le début du génocide des tutsi au Rwanda, l’histoire semble bégayer dans l’est de la République démocratique du Congo, sur fond de guerre entre l’armée congolaise et le M23, qui occupe de larges pans du territoire de ces trois provinces de l’est du pays et qui se trouve aujourd’hui aux portes de Goma, le chef-lieu du Nord-Kivu.

Il y a des similitudes évidentes et catastrophiques entre les événements de 1994 et la situation actuelle, ce sont les mêmes discours de haine et les mêmes chants que l’on entend. La différence, c’est que les pogroms se font plus à ciel ouvert aujourd’hui qu’à l’époque. Il y a aussi ces messages de haine qui se multiplient, on a reçu des images d’indications peintes sur les murs de maisons habitées par des tutsi. Il y a encore le slogan “Zéro tutsi” qui se répand”, poursuit Me Maingain qui souligne dans la foulée la responsabilité d’une communauté internationale qui “minimise les événements comme ce fut le cas en 1994”.

Plusieurs témoins pointent aussi la responsabilité de la représentante spéciale du Secrétaire général de l’Onu en RDC, Madame Bintou Keita accusée de “ne pas assumer ses responsabilités”.Elle a tout en main pour dénoncer les faits et faire pression sur le pouvoir de Kinshasa”, poursuit notre membre de la société civile de Djugu. “Dans notre province, les membres du Codeco jouissent d’une impunité totale. Comment voulez-vous ramener le calme et la paix si les agresseurs ne sont jamais inquiétés par les autorités et s’ils sont même parfois instrumentalisés par Kinshasa?“

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