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Archéologie

Un tube de rouge à lèvres vieux de 4000 ans retrouvé en Iran, une découverte rarissime

Le petit cylindre qui contient encore des traces d'une pâte minérale d'un rouge profond compte parmi les plus anciens cosmétiques du genre jamais retrouvés.

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Le petit tube de chlorite incisé vu latéralement et de haut.

Le petit tube de chlorite incisé vu latéralement et de haut.

Sciences et Avenir via Scientific Reports
Le petit tube de chlorite incisé vu latéralement et de haut.
Un tube de rouge à lèvres vieux de 4000 ans retrouvé en Iran, une découverte rarissime
Marine Benoit
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Si certaines découvertes sont plus anecdotiques que d’autres, elles ont le mérite de nous rappeler que nos habitudes et coutumes n’ont parfois pas beaucoup évolué au fil des millénaires. C’est le cas d’une petite fiole de pierre retrouvée dans la région de Jiroft, au sud de l’Iran, à l’intérieur de laquelle étaient encore logés des résidus de pâte rouge foncée.

Selon les auteurs d’une étude publiée le 1er février 2024 dans la revue Scientific Reports, ce petit objet délicat daté d’entre 1936 et 1687 avant J.-C. est tout simplement l'un des plus vieux tube de rouge à lèvres jamais recensé.

L’objet a été découvert en 2001, lorsque la rivière Halil a inondé plusieurs anciens cimetières de la région et y a délogé des artefacts des sépultures. Conservé depuis au musée archéologique de Jiroft, il a récemment retenu l’attention d’un groupe de chercheurs de l’Université de Téhéran et de Padoue, en Italie.

Bien peu de différences avec nos rouges à lèvres actuels

Grâce à une série d’analyses menées par diffraction des rayons X, microscopie électronique à balayage ou encore spectrométrie de masse, les scientifiques ont établi que la fiole faite de chlorite contenait une préparation cosmétique d’un rouge profond qui s’apparentait à "une peinture ou une pâte colorante pour les lèvres".

Plus précisément, les résultats ont révélé que les composants, en grande partie minéraux, étaient de l’hématite assombrie par de la manganite et de la braunite. Ont aussi été trouvées des traces de galène et d'anglésite mélangées à des cires végétales et à d'autres substances organiques.

 Crédit : Scientific Reports

La composition minéralogique de la préparation cosmétique rehaussées en fausses couleurs. Crédits : F. Zorzi/Scientific Reports

Selon les auteurs de la publication, "le mélange ainsi observé ressemble étrangement aux recettes des rouges à lèvres contemporains". Ce dernier aurait également pu être parfumé, puisqu’il contenait des fibres végétales dont le rôle pourrait avoir été olfactif.

Une tradition cosmétique ancestrale

Les pigments destinés à colorer les lèvres comptaient parmi de nombreux autres produits de beauté utilisés dans l'Iran ancien, et plus largement au Proche-Orient ancien. L'eye-liner, qui était fabriqué à partir d'une poudre noire appelée sormeh et porté aussi bien par les femmes que par les hommes, était sans doute le produit de maquillage le plus répandu. De la poudre pour teinter les joues et les sourcils étaient également largement utilisée.

Ce rouge à lèvres est le tout premier cosmétique de l’âge du Bronze dans le Proche-Orient ancien à avoir été daté au carbone 14, situant sa fabrication au début du 2e millénaire avant notre ère. Cette datation serait, selon les chercheurs, "compatible avec plusieurs mentions de la puissante civilisation iranienne orientale de Marḫaši dans des textes cunéiformes de Mésopotamie, ainsi qu'avec l'image archéologique émergente qui en découle actuellement".

Ancien royaume du plateau iranien qui se développa entre 2500 et 1900 av. J.-C. et dont la localisation reste débattue, le Marḫaši nous est essentiellement connu par les relations qu'il entretenait avec ses voisins, parmi lesquels le royaume d'Élam et les Empires d'Akkad et d'Ur III.

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