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Le Canada avait presque éradiqué la syphilis congénitale. La voilà de retour en force

Un bébé dans un lit.

Les enfants qui naissent avec la syphilis risquent de graves complications et même la mort.

Photo : Reuters / Nayan Sthankiya

Lorsqu’une femme enceinte contracte la syphilis, les conséquences peuvent être dévastatrices pour le bébé. Le Canada avait pratiquement éradiqué cette forme de la maladie, nommée « syphilis congénitale ». Or, le nombre de cas augmente rapidement depuis quelques années.

Une publication récente de l’Agence de la santé publique du Canada souligne qu’en 2022, il y a eu 117 cas confirmés de syphilis congénitale précoce au pays. En 2018, il n’y en a eu que 17.

Les bébés qui naissent avec la syphilis peuvent avoir de graves problèmes de santé ou même en mourir.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette recrudescence, selon des experts.

Certains blâment Tinder. D’autres affirment qu’il faut protéger les personnes les plus vulnérables, et que pour faciliter la tâche, de nouvelles innovations sont à portée de main.

Le cas ontarien

Le nombre d’infections à la syphilis est en hausse partout au pays, et en particulier en Ontario (Nouvelle fenêtre).

Dans cette province en 2022, on a rapporté des taux d’infection élevés : sur 100 000 personnes, près de 24 ont contracté la maladie. Il s’agit d’un total de plus de 3500 infections.

En 2016, il y a eu un total de 3877 cas dans tout le pays.

Par le passé, la syphilis se manifestait davantage chez les hommes. Or, les responsables de la santé publique de l'Ontario ont observé une augmentation constante du nombre de cas chez les femmes. Il y avait moins d'un cas pour 100 000 femmes en 2013. En 2022? 7,5 cas pour 100 000 femmes.

C'est aussi le cas dans tout le pays.

Depuis des années, des experts et des politiciens blâment l'essor des applications de rencontres en ligne pour expliquer ce phénomène. Dès 2017, le ministre de la Santé de Terre-Neuve-et-Labrador liait ces applis aux infections transmises sexuellement. Une spécialiste en maladies infectieuses à l’Hôpital Royal Alexandra, à Edmonton, faisait de même en 2021.

Patrick O'Byrne, infirmier praticien à la Clinique de santé-sexualité de Santé publique Ottawa, y va d'une autre théorie. Selon lui, le sexe oral a la cote. Il affirme que plusieurs personnes se sentent moins à risque de contracter des maladies avec cette pratique. Or, c’est une voie de transmission courante pour la syphilis, précise-t-il.

Le Dr Troy Grennan, qui dirige le programme des infections transmissibles sexuellement (ITS) du B. C. Centre for Disease Control [Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique, traduction libre], affirme de son côté que la popularité de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) — un traitement efficace pour prévenir le VIH — a également entraîné des changements de comportement.

Un homme vu de dos tient un préservatif devant une femme en petite tenue.

Le Dr Grennan affirme que le préservatif est moins populaire auprès de certaines personnes. (Archives)

Photo : iStock

Certaines personnes utilisent désormais des préservatifs moins fréquemment, voire pas du tout. Et nous nous attendons à ce que certaines de ces personnes aient potentiellement des cas de syphilis congénitale, surtout s'il y a des obstacles à l'accès aux soins de santé pendant la grossesse.

L'importance des soins prénataux

Selon le site web du gouvernement du Canada, la syphilis est une ITS causée par la bactérie treponema pallidum. Si elle n'est pas traitée, elle peut entraîner de graves problèmes de santé.

La syphilis congénitale est un type d’infection syphilitique que l’on trouve chez les bébés nés de mères infectées par la bactérie au cours de leur grossesse, ajoute-t-on.

La syphilis congénitale peut provoquer de graves problèmes de santé chez l’enfant, notamment [...] une hypertrophie du foie et de la rate, une infection cérébrale et même la mort.

Une citation de canada.ca
Une mère tient son nouveau-né dans ses mains.

Le nombre de bébés qui naissent avec la syphilis est en augmentation au pays. (Archives)

Photo : iStock / CokaPoka

Sean Rourke, scientifique à l’hôpital St. Michael's de Toronto, précise que cette infection peut être dévastatrice. [Le bébé, s’il survit] peut être sourd, aveugle, avoir des difficultés d'apprentissage.

Il ajoute qu’il faut aider davantage les populations les plus vulnérables. Nous les négligeons, a-t-il déclaré. En fait, nous les avons laissés tomber.

Illustration d'une bactérie dans la forme d'une spirale, dans un décor orangé qui rappelle le feu.

La bactérie treponema pallidum - illustrée ici - est responsable de la syphilis. (Archives)

Photo : iStock / royaltystockphoto

Adam Grant, infirmier diplômé d'Edmonton et responsable de l'équipe chargée des ITS au sein de Services aux Autochtones Canada, a rencontré des femmes enceintes qui ont découvert qu'elles étaient infectées par la syphilis à différents stades de leur grossesse. Dans de nombreux cas, ces personnes vivent dans des régions isolées et n'ont pas de moyens de transport pour accéder aux soins, ou n'ont tout simplement pas de prestataire de soins primaires.

Certaines personnes ont accouché et ont ensuite découvert qu'elles avaient la syphilis parce qu'elles n'avaient jamais bénéficié de soins prénataux.

Une citation de Adam Grant, infirmier diplômé

Un meilleur dépistage

Selon M. Rourke, il y a un manque de volonté politique pour financer et mettre en œuvre des solutions. Il estime que la situation devrait être qualifiée d'urgence.

M. O'Byrne pense de son côté que les services de dépistage doivent être modernisés. Il cite en exemple son initiative GetaKit, gérée par l'Université d'Ottawa, qui propose un service d'envoi par la poste d'écouvillons pour le dépistage des ITS, qui peuvent être analysés dans des laboratoires en Ontario.

Une personne munie de gants bleus qui tient un écouvillon.

Les méthodes de dépistage doivent évoluer au Canada, selon M. O'Byrne. (Archives)

Photo : getty images/istockphoto / Aliaksandr Litviniuk

Santé Canada n'a pas encore reçu de demandes d'autotests de dépistage de la syphilis, a déclaré un porte-parole à CBC News.

Avec des informations de Lauren Pelley de CBC News

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