En France, prison avec sursis pour des menaces téléphoniques antisémites

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Allô?En France, prison avec sursis pour des menaces téléphoniques antisémites

3 mois d'emprisonnement pour un homme qui a menacé une femme juive au téléphone une semaine après les premières attaques du Hamas en octobre dernier.

Un Français poursuivi pour avoir menacé au téléphone une responsable de la communauté juive des Vosges. (photo d'illustration)

Un Français poursuivi pour avoir menacé au téléphone une responsable de la communauté juive des Vosges. (photo d'illustration)

Getty Images

Un Français poursuivi pour avoir menacé au téléphone une responsable de la communauté juive des Vosges, dans l’est de la France, a été condamné mardi à trois mois d’emprisonnement avec sursis, dans un contexte de hausse des attaques antisémites depuis la guerre entre Israël et le Hamas.

Le 14 octobre, une semaine après l’attaque sans précédent du Hamas, à l’origine de la riposte israélienne, Martine Sibéoni, présidente de la communauté juive d’Epinal et de Remiremont, dans l’est de la France, avait été contactée par un numéro masqué.

Elle avait été appelée à quatre reprises en l’espace de dix minutes sur son téléphone.

Au bout du fil, une personne la menaçait:« «Vous êtes la présidente de la communauté israélite des Vosges ? On va faire sauter la synagogue cet après-midi !».

«On sait où tu habites», «on va te faire payer pour les souffrances causées à notre peuple», ajoutait la voix.

Contactés, les policiers ont identifié l’auteur des coups de fils: un père de famille quadragénaire, sans casier judiciaire, employé dans une entreprise locale.

Il a été établi que sa ligne a servi à passer l’un des quatre appels, les autres ayant été émis par un portable fonctionnant avec une carte prépayée appartenant à sa compagne.

À l’audience, l’homme conteste avoir eu des propos menaçants : «J’ai dit : «Laissez le peuple palestinien tranquille», c’est tout», asssure-t-il.

Présente à l’audience, Martine Sibéoni affirme que «les propos étaient menaçants». «Il ne s’est probablement pas rendu compte à quel point c’était angoissant».

Le procureur, Frédéric Nahon, a requis huit mois de prison ferme pour «menace réitérée de crime contre les personnes en raison de la religion».

«Le prévenu a fait un amalgame entre la communauté juive et ce qui se passe en Israël et en Palestine», a-t-il relevé.

L’homme a, en plus des trois mois de prison avec sursis, été condamné à effectuer un stage de citoyenneté, a été interdit de port d’arme pendant cinq ans et d’entrer en contact avec la victime pendant trois ans.

L’avocat du prévenu, Julien Hedon, avait plaidé la relaxe. Il juge la décision du tribunal «navrante», estimant avoir «démontré que matériellement il était impossible que (son) client ait réitéré les faits». Lui et son conseil se réservent le droit de faire appel «pour le principe» dans les dix jours.

La France compte la première communauté juive d’Europe, avec environ 500 000 personnes. En 2023, le nombre d’actes antisémites y a été multiplié par quatre par rapport à 2022, à 1 676 contre 436.

Jamais un tel niveau n’avait été atteint en France, selon le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).

La guerre entre Israël et le Hamas a éclaté le 7 octobre quand des commandos du mouvement islamiste palestinien ont lancé une attaque sans précédent sur le sud de l’État hébreu, entraînant la mort d’au moins 1 160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Durant l’attaque, quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient morts.

La riposte militaire israélienne dans la bande de Gaza a fait près de 30 000 morts, selon le ministère de la santé du Hamas.

(afp)

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