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IVG : manifeste des 343, procès de Bobigny, loi Veil, 50 ans de combat pour le droit à l'avortement

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  • France Bleu

Le Sénat examine l'inscription de la "liberté garantie à la femme d'avoir recours à une" IVG dans la Constitution ce mercredi. Cet examen intervient plus de 50 ans après la publication du "manifeste des 343", qui lançait la lutte pour le droit à l'avortement.

De l'appel de 343 femmes à Simone Veil, en passant par le procès de Bobigny, l'IVG a été le fruit d'une lutte acharnée des femmes De l'appel de 343 femmes à Simone Veil, en passant par le procès de Bobigny, l'IVG a été le fruit d'une lutte acharnée des femmes
De l'appel de 343 femmes à Simone Veil, en passant par le procès de Bobigny, l'IVG a été le fruit d'une lutte acharnée des femmes © AFP - Josée Lorenzo / Ina / Pierre VERDY / Estelle Ruiz / Hans Lucas

L'interruption volontaire de grossesse (IVG), légalisée en 1975 par la loi Veil et dont l'inscription dans la Constitution est examinée ce mercredi par le Sénat, a été le fruit d'un combat acharné des femmes au fil des années. L'adoption de ce texte par le Congrès ferait de la France un des premiers pays au monde et le premier en Europe à garantir dans sa Constitution la liberté de recourir à l'IVG. Du Manifeste des 343 à Yvette Roudy en passant par Simone Veil et le procès de Bobigny, revivez plus de 50 ans de lutte.

"Appel de 343 femmes"

"Je me suis fait avorter" : la publication le 5 avril 1971 dans Le Nouvel Observateur d'un appel choc de 343 femmes, certaines célèbres comme les actrices Jeanne Moreau et Catherine Deneuve ou les écrivaines Simone de Beauvoir, Marguerite Duras et Françoise Sagan, a marqué une étape majeure.

La une du Nouvel Observateur du 5 avril 1971
La une du Nouvel Observateur du 5 avril 1971

"Un million de femmes se font avorter chaque année en France. Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées (...). Je déclare que je suis l'une d'elles(...) Nous réclamons l'avortement libre", écrivent ces femmes reconnaissant être hors-la-loi. Peu après ce coup de tonnerre médiatique, l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo embraye avec sa une : "Qui a engrossé les 343 salopes du manifeste sur l'avortement ?", auquel répond une caricature du ministre de la Défense Michel Debré disant : "C'était pour la France !". L'appel des femmes sera dès lors appelé "Manifeste des 343 salopes".

Le procès de Bobigny

À l'automne 1972, se tient à Bobigny le procès de Marie-Claire Chevalier, adolescente accusée de s'être fait avorter après un viol, et de sa mère pour complicité. L'avocate Gisèle Halimi, épaulée par Simone de Beauvoir et l'actrice Delphine Seyrig, transforme le tribunal en tribune pour le droit à l'avortement. Marie-Claire est relaxée.

Gisèle Halimi et Marie-Claire Chevalier
Gisèle Halimi et Marie-Claire Chevalier © AFP - Josée Lorenzo / Ina

Le procès a un retentissement énorme et le nombre de condamnations pour avortement chute radicalement après. Un Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception (MLAC) voit le jour.

Gisèle Halimi (avec la tenue d'avocate) donne une conférence de presse avec Marie-Claire Chevalier (à droite) et sa mère (au centre)
Gisèle Halimi (avec la tenue d'avocate) donne une conférence de presse avec Marie-Claire Chevalier (à droite) et sa mère (au centre) © Getty - Michel Artault/Apis/Sygma

Légalisation de l'IVG

Débats parlementaires longs et houleux : Simone Veil, ministre de la Santé, arrache au Parlement en décembre 1974 la dépénalisation et l'encadrement légal de l'avortement en France. "Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l'avortement" avait déclaré la ministre devant les députés, une phrase qui restera dans l'histoire.

Simone Veil devant l'Assemblée nationale le 26 novembre 1974
Simone Veil devant l'Assemblée nationale le 26 novembre 1974 © AFP

Promulguée le 17 janvier 1975, la loi Veil légalise l'interruption volontaire de grossesse (IVG) jusqu'à dix semaines de grossesse.

Simone Veil : son discours historique en faveur de l'IVG

Consolidation de l'IVG

Le droit à l'avortement est consolidé sous des législatures socialistes : en 1982, son remboursement par la Sécurité sociale est garanti par la loi portée par Yvette Roudy, ministre déléguée aux Droits de la femme et signataire du manifeste des 343.

La ministre Yvette Roudy en 1984
La ministre Yvette Roudy en 1984 © AFP - Pierre VERDY

En 1993, la députée Véronique Neiertz (PS) fait adopter un délit d'entrave à l'IVG, punissant de peines de prison les commandos anti-avortement. Elle supprime aussi la pénalisation de l'auto-avortement. En 2001, sous l'impulsion de la ministre Martine Aubry, le délai de recours à l'IVG passe de dix à douze semaines. Les conditions d'accès aux contraceptifs et à l'IVG pour les mineures sont assouplies.

En 2022, le délai est prolongé à 14 semaines de grossesse. Depuis 2023, certaines sages-femmes peuvent enfin réaliser sous conditions des IVG instrumentales en établissements de santé.

1999 : pilule du lendemain

Autorisée à partir de 1988 pour un usage d'abord réservé à des centres agréés, la pilule du lendemain, ou pilule de contraception d'urgence (PCU), devient disponible en 1999 dans les pharmacies sans prescription. À partir de 2002, elle est délivrée gratuitement et anonymement par les pharmaciens aux mineures qui en font la demande.

2024 : inscription dans la Constitution

Ce lundi 4 mars, les parlementaires réunis en Congrès ont voté en faveur de l'inscription de la "liberté garantie" de recourir à l'IVG dans la Constitution. La France devient ainsi le premier à pays à le faire de manière aussi explicite.

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