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Le groupuscule d’extrême gauche Vulkan sabote une usine Tesla géante près de Berlin

Vulkan Gruppe a revendiqué ce mardi 5 mars le «sabotage» d’une infrastructure électrique qui a provoqué l’arrêt de l’entreprise géante Tesla installée en Allemagne. L’entreprise estime le préjudice à plusieurs centaines de millions d’euros.
par LIBERATION et AFP
publié le 5 mars 2024 à 16h13

Le groupuscule allemand d’extrême gauche Vulkan Gruppe a revendiqué ce mardi 5 mars le «sabotage» d’une infrastructure électrique qui a contraint le géant américain de voitures électriques Tesla à stopper sa grande usine européenne près de Berlin. «Avec notre sabotage, nous nous sommes fixés pour objectif de réaliser le plus grand black-out possible de la Gigafactory» de Tesla, a déclaré le collectif dans un communiqué. La firme d’Elon Musk déjà empêtrée dans un conflit social en Suède et ralentie côté livraisons par les attaques de cargos en mer Rouge, estime le préjudice à plusieurs centaines de millions d’euros.

En début de matinée, un incendie volontaire a mis hors service un pylône électrique situé à proximité du site de Tesla, au sud de la capitale allemande. L’usine du constructeur américain, la seule de ce type en Europe, a dû stopper sa production en raison de la panne de courant, qui a également affecté les localités environnantes. Tesla «mange de la terre, des ressources, des hommes, de la main-d’œuvre et crache pour cela 6 000 SUV, machines à tuer et monster trucks par semaine», dénonce le message de Vulkan posté sur la plateforme Indymedia. Les activistes accusent l’usine de «polluer la nappe phréatique et [de] consommer pour ses produits d’énormes quantités d’une ressource en eau potable déjà rare». Ce mouvement, connu des renseignements généraux allemands, avait déjà revendiqué un incendie criminel sur un chantier de Tesla en 2021.

Une entreprise géante décriée

Inaugurée en 2022, l’usine de Tesla près de Berlin produit le SUV phare du constructeur américain, le Model Y, à destination des consommateurs du continent. Sa construction dans une zone boisée de la région du Brandebourg, qui entoure Berlin, a suscité l’opposition de groupes de défense de l’environnement. Leurs inquiétudes ont été relancées par le projet de Tesla d’étendre le site pour doubler la capacité de production. D’ailleurs, lors d’un vote consultatif des habitants de la commune concernée en février, une large majorité de voix s’est exprimée contre l’extension.

Dans la foulée de l’action, le gouvernement régional du Brandebourg a parlé de «sabotage». «Des milliers de personnes ont été coupées de l’approvisionnement de base et mises en danger», a-t-il indiqué. L’incendie volontaire est survenu alors que depuis jeudi des militants écologistes ont commencé en parallèle à occuper une forêt près de l’usine pour s’opposer aux projets d’agrandissement. Ils ont construit des cabanes dans les arbres afin d’empêcher d’éventuels travaux. L’ONG environnementale allemande Robin Wood, qui participe à ce mouvement de protestation, a «rejeté tout lien» avec le sabotage et affirmé mener une action «pacifique». La police refuse de «spéculer sur un lien éventuel [de l’incendie] avec le camp», a déclaré mardi une porte-parole à l’AFP.

Objectif de 500 000 voitures construites par an

L’usine allemande du groupe d’Elon Musk fabrique plus de 250 000 voitures électriques par an avec un objectif de 500 000 unités à terme. La production à Grünheide a déjà été perturbée par des problèmes d’acheminement de pièces détachées asiatiques alors que les cargos qui transitent par la mer rouge subissent des attaques de rebelles houthis au Yémen.

En outre, l’entreprise d’Elon Musk est confrontée à l’hostilité des syndicats scandinaves dans ses ateliers et ses stations de rechargement. Le conflit a d’abord éclaté en Suède, où, tout comme en Allemagne, l’Américain refuse de signer une convention collective sectorielle pour protéger ses employés, qui représente la base du modèle social suédois. Le syndicat suédois s’est lancé dans une grève depuis quatre mois, suivi par des salariés danois et norvégiens. Ce climat social détérioré s’ajoute aux défis commerciaux croissants. Le groupe américain voit sa première place sur le podium des fabricants de voitures électriques remise en question par l’émergence de nouveaux concurrents. Au dernier trimestre 2023, le chinois BYD a déjà dépassé l’américain en termes de ventes.

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