Justine Masika Bihamba : "En RDC, le viol n'est pas utilisé pour le plaisir sexuel, mais pour la destruction"

"En RDC, le viol n'est pas utilisé pour le plaisir sexuel, mais pour la destruction", relate Justine Masika Bihamba. "Lorsqu'on viole une femme devant son mari et ses enfants, c'est pour détruire. Lorsqu'on introduit des objets pointus dans les organes génitaux des femmes, c'est pour détruire. Lorsqu'on viole tout un village, c'est pour détruire," poursuit la fondatrice de Synergie des femmes pour les victimes de violence sexuelle. Cette ONG aide les femmes violées ou mutilées à se reconstruire. Elle a accompagné 18.000 femmes depuis sa création en 2003.

Détruire les femmes pour gagner la guerre

Les combats se sont intensifiés en République démocratique du Congo ces dernières années. Justine Masika Bihamba est allée à la rencontre des groupes armés, nombreux dans l'Est du pays, qui détruisent et violent les femmes. "Ils nous ont dit : 'La femme est sacrée mais l'homme voit sa valeur à travers son épouse. Et une fois que la femme est abusée, l'homme est sans force et nous gagnons la guerre'", raconte la militante.

"Lorsque les femmes sont abusées, elles se voient comme n'ayant plus de valeur. Lorsqu'elles arrivent vers nous, elles nous disent qu'elles veulent mourir", indique Justine Masika Bihamba. Le travail de l'ONG consiste alors à les écouter et les aider à se reconstruire notamment en leur apprenant un métier.