Pourquoi les Tchétchènes achètent des prisonniers de guerre ukrainiens aux Russes
Depuis le début de la guerre en Ukraine le 24 février 2022, environ 3 000 prisonniers de guerre ukrainiens ont été échangés contre des soldats russes. Des hommes et des femmes torturés, blessés, affamés, qui témoignent de ce qu’il se passe loin derrière la ligne de front.
Et une tendance semble se confirmer : les mercenaires tchétchènes achètent des prisonniers ukrainiens à l’armée russe pour les échanger ensuite contre des captifs tchétchènes. Petro Yatsenko, porte-parole de la coordination ukrainienne pour le traitement des prisonniers de guerre, a indiqué au journal The Time que les Tchétchènes rachetaient les prisonniers pour les emmener dans leur capitale. « Il y a eu des cas où ils ont acheté nos blessés à l’armée russe, les ont emmenés à Grozny, puis les ont échangés contre les leurs », a-t-il déclaré.
« Le jackpot quand on attrape un Tchétchène »
Nos confrères évoquent même un « marché noir » en Russie pour s’échanger des prisonniers ukrainiens, sans préciser le « prix » d’un soldat ukrainien.
Petro Yatsenko avait déjà évoqué en début d’année, pour le journal Le Monde, cette situation pour le moins originale. « C’est le jackpot quand on attrape un Tchétchène, car on sait que Grozny rachète des prisonniers ukrainiens à Moscou pour échanger les siens au plus vite », avait-il affirmé.
Le dirigeant de la république russe de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, très proche de Vladimir Poutine, a envoyé des milliers d’hommes combattre en Ukraine, dont ses trois fils, pour soutenir l’armée russe. Les Kadyrovtsy, leur surnom, appartiennent à la Garde nationale russe mais dépendent exclusivement de Ramzan Kadyrov.
Les Tchétchènes loin du front
L’annonce de leur envoi en Ukraine avait provoqué un choc lié à leur réputation de féroces combattants. Leur participation à la guerre n’a toutefois pas du tout influencé le cours de la guerre et ils sont régulièrement moqués pour leurs vidéos TikTok.
Selon l’Institut pour l’étude la guerre, ces soldats tchétchènes ne sont plus déployés sur la ligne de front mais s’occupent de missions de police ou de logistique à l’arrière. Il est donc difficile pour eux de capturer des soldats ukrainiens et de les échanger contre des Tchétchènes détenus en Ukraine depuis février 2022.
Ce marché noir du prisonnier ukrainien démontre aussi que l’armée russe joue sa propre partition lors des échanges de prisonniers, sans se soucier des groupes qu’elle a pourtant sollicités.
