Par référendum, les Irlandais ont refusé de faire disparaître de leur constitution la notion de devoirs domestiques imposés aux seules mères et l’élargissement de la notion de famille.
Pendant que la France scellait l’inscription de l’IVG dans la Constitution le 8 mars dernier, en Irlande, le conservatisme l’emportait. L’Irlande a massivement rejeté les propositions de modification des références à la famille et aux femmes. La Constitution, rédigée en 1937, à une époque où une branche puritaine de l’Église irlandaise régnait sur la vie publique et privée, est restée inchangée à l’issue d’un référendum.
Le Premier ministre Leo Varadkar estimant que le temps était venu d’en finir avec un langage « très daté, très sexiste » avait alors proposé deux modifications.
Les Irlandais.es étaient appelé.es à se prononcer sur la suppression de l’article 41.2 de ce texte disposant que «l’État reconnaît que par leur vie au sein du foyer, les femmes apportent à l’État un soutien sans lequel le bien commun ne peut pas être atteint» et que «les mères ne doivent pas être obligées par des nécessités économiques à travailler au détriment de leurs devoirs au sein du foyer». Un nouvel amendement prévoyait que des devoirs incombaient à tous les membres du foyer.
Un autre vote visait à ce que les protections constitutionnelles ne soient plus limitées aux seules familles maritales. Leo Varadkar, citant l’exemple d’une famille monoparentale ou dirigée par des grands-parents ou des tuteurs, avait expliqué qu’ainsi la constitution «reconnaîtrait que les familles peuvent également être fondées sur d’autres relations durables que le mariage ».
Rejet massif
Quelques jours avant le vote par référendum, les sondages laissaient entendre que les deux propositions seraient largement adoptées… Et les deux ont été très largement rejetées alors que 44% des électeurs et électrices se sont rendu.es aux urnes.
L’amendement élargissant la définition de la famille à des « relations durables » comme les couples en concubinage et leurs enfants a vu le « non » l’emporter avec 67,69% des voix. Et, pire, celui qui devait élargir les obligations domestiques aux membres du foyer et imputer à tous les membres d’une famille la responsabilité de prendre soin les uns des autres a, lui, été rejeté par 73,9% des électeurs.
Les gouvernants Irlandais ont pêché par impréparation. Beaucoup de responsables politiques expliquent cet échec par la formulation confuse des textes soumis au vote. Cette confusion supposée a permis à l’opposition conservatrice du texte de s’engouffrer dans une brèche. Cette opposition a cependant surtout reproché la disparition du mot « mère » dans le texte et dit ne pas comprendre ce que signifiait « relations durables »…
« Il était de notre responsabilité de convaincre une majorité de personnes de voter “oui” et nous avons échoué à le faire », a regretté Leo Varadkar qui se voit reprocher une préparation brouillonne du référendum.
Ce pays catholique très difficile à faire bouger avait pourtant légalisé le mariage pour les couples de même sexe en 2015, et l’avortement en 2018.