Dans les derniers sondages pour les élections européennes, le RN dépasse les 30% et prend le large sur Renaissance, en perte de vitesse. Reconquête! chute proche des 5 %, tandis que les socialistes fondent leur propre dynamique.
Le RN (Identité et démocratie, ID) de Jordan Bardella est en pleine bourre. Dans un sondage dévoilé lundi (11 mars), réalisé sur plus de 11 000 personnes par l’institut Ipsos pour le compte de Le Monde, Science-Po, la Fondation Jean Jaurès et l’Institut Montaigne, le parti à la flamme s’envole et dépasse les 31 % des intentions de vote.
Derrière, la coalition de la majorité présidentielle Renaissance — MoDem — Horizons (Renew) accuse le coup à 18 % des intentions de vote, suivi de la coalition Parti socialiste — Place publique (Socialistes et démocrates, S&D) menée par l’eurodéputé Raphaël Glucksmann en progrès d’un point pour atteindre 11,5 %.
Suivent Les écologistes (Les Verts/ALE) menés par l’eurodéputé Marie Toussaint à 8,5 %. Les républicains (Parti populaire européen, PPE) de l’eurodéputé François-Xavier Bellamy et La France insoumise (La gauche) de l’eurodéputée Manon Aubry se partagent chacun 7 % du gâteau, tandis que Reconquête! (Conservateurs et réformistes européens, CRE), mené par l’ex-députée Marion Maréchal, flirte avec les 5 %.
Derrière, le Parti communiste français (La gauche) atteint environ 3,5 % d’intentions de vote, suivi d’une myriade de listes en dessous des 2,5 %.
Le duel RN — Renaissance aura-t-il lieu ?
L’écart qui sépare la liste de Jordan Bardella de celle menée par l’eurodéputée Valérie Hayer est inédit : treize points. Le RN prend trois points en trois mois, rapport au dernier sondage Ipsos, tandis que Renaissance en perd deux.
La bonne santé du RN, et inversement la mauvaise de Renaissance, s’explique par le même paramètre. Quand l’un mobilise de nouveaux électeurs (+ 2,5 points) indécis lors du dernier sondage, l’autre démobilise (- 1,5 point).
Néanmoins, « la stratégie de polarisation mise en œuvre par les deux principaux partis fonctionne », a déclaré Bernard Sananès, président de l’institut Elabe dans La Tribune, suite à un sondage Elabe pour La Tribune Dimanche et BFM TV, dévoilé dimanche (10 mars).
En jouant sur l’opposition, tout en renforçant sa base eurosceptique coté RN et sa base pro-Ukraine côté Renaissance, les deux partis représentent 46,5 % de l’électorat mobilisé dans le sondage Elabe et 49 % dans le sondage Ipsos, en progression dans les deux cas.
Depuis les deux derniers sondages, la coalition soutenue par Emmanuel Macron a lancé samedi (9 mars) sa campagne des Européennes à Lille, fief de gauche au milieu d’un département dans lequel le RN est passé d’une députée (Marine Le Pen) à six lors des dernières législatives de 2022.
Le sondage révèle aussi la proportion de répondants certains de leur vote. Le RN s’appuie sur de bonnes bases puisque 83 % de ceux qui ont indiqué vouloir voter M. Bardella ont indiqué qu’ils étaient sûrs de leur choix, contre 70 % du côté de Renaissance.
Le reste des sondés sont partagés. 50 % ou moins qui ont annoncé voter en faveur du Parti socialiste, de Les Républicains (LR) ou des écologistes, sont sûrs de leurs choix. 60 % pour La France insoumise, qui vient de dévoiler sa liste, et 66 % pour Reconquête ! — à noter que l’abstention s’élèverait, si le vote avait lieu cette semaine, entre 54 et 58 %.
Reconquête! dans le dur
Crédité de 6 à 7 % des intentions de vote dernièrement, le parti d’Eric Zemmour passe en dessous de la barre fatidique des 5 % dans le sondage Elabe de dimanche, pourcentage nécessaire pour envoyer des élus au Parlement européen.
Selon les informations tirées des données du sondage, la dynamique enclenchée par M. Bardella entraînerait un effet « vote utile » des électeurs de droite derrière sa liste.
La progression de trois points du RN est en effet imputée pour un tiers à des électeurs venus des rangs zemmouristes, plus prompt à voter M. Bardella que Mme Maréchal. Un cinquième des électeurs Les Républicains (LR) serait aussi prêt à franchir le Rubicon.
Statu quo à gauche
À gauche du spectre politique, les équilibres restent stables, si ce n’est que la liste socialiste soustrait un point aux écologistes.
Derrière, La France insoumise stagne. Le parti n’a pas su fidéliser son électorat après les 22 % de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle de 2022.
Comme pour le bulletin RN, le sondage Ipsos note que les votes LFI et communiste sont vus comme un moyen de s’opposer à la politique du gouvernement de Gabriel Attal.
