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Cour des comptes européenne

Sécurité routière: les pays de l’UE doivent redoubler leurs efforts

La Cour des comptes européenne prévient que l’UE ne parviendra pas à atteindre ses objectifs ambitieux de sécurité routière. 20.000 personnes meurent encore chaque année sur les routes, les piétons et les cyclistes étant les plus en danger.

Les cyclistes et les piétons sont les usagers de la route qui sont le plus en danger.
Les cyclistes et les piétons sont les usagers de la route qui sont le plus en danger. © PHOTO: Shutterstock/Illustration

L’UE et les États membres doivent redoubler leurs efforts en matière de sécurité routière, selon un rapport spécial de la Cour des comptes européennes publié mardi 12 mars, intitulé sans ambiguïté: “Sécurité routière: l’UE doit mettre les bouchées doubles pour atteindre ses objectifs”. «Au rythme actuel de progression, l’objectif de réduction de moitié du nombre de morts au cours de cette décennie ne sera pas atteint», prévient ainsi la responsable de l’audit, Eva Lindström.

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La Commission européenne s’est, en effet, fixé un objectif ambitieux, alors que plus de 20.000 personnes sont encore tuées chaque année sur les routes européennes: réduire de moitié le nombre de personnes tuées ou grièvement blessées dans des accidents de la circulation d’ici à 2030 (par rapport à 2019), puis ramener graduellement ce chiffre à zéro d’ici à 2050.

Une baisse insuffisante ces dernières années

Si l’UE a le plus bas taux de mortalité routière au monde et que le nombre de tués sur les routes a fortement reculé depuis l’an 2000 (de 36% entre 2010 et 2020), la trajectoire actuelle laisse cependant envisager une baisse qui sera, d’ici à 2030, «seulement d’un quart par rapport au niveau de 2019», remarque le rapport. «Ces cinq dernières années, la mortalité a baissé de 2,5% par an en moyenne à l’échelle de l’UE, une valeur inférieure aux 4,6% annuels qui seraient nécessaires afin d’atteindre l’objectif fixé pour 2030», précisent les auditeurs de la Cour.

L’année 2023 ne se présente d’ailleurs pas sous de meilleurs auspices: environ 20.400 personnes sont mortes sur les routes de l’UE, selon les chiffres préliminaires publiés par la Commission européenne le 8 mars dernier. Soit une baisse de seulement 1% par rapport à l’année 2022, selon ses propres calculs. Et si la baisse est de 10% par rapport à 2019, «peu d’États membres sont en bonne voie pour atteindre l’objectif de réduire de moitié le nombre de tués sur les routes d’ici à 2030», reconnaît la Commission.

Amélioration très variable d’un pays à l’autre

Or l’amélioration de la sécurité routière dépend essentiellement des États membres eux-mêmes, remarque la Cour des comptes européenne, ceux-ci étant «responsables de l’application de certaines mesures aptes à améliorer directement la sécurité routière». La Cour des comptes réclame donc que les États membres «mettent en place les politiques et les financements nécessaires» pour réaliser leurs objectifs, alors que «les approches en matière de sécurité routière se sont améliorées de manière très variable dans les États membres de l’UE».

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De fait, les disparités sont fortes entre les pays. Si le taux de mortalité routière dans l’UE s’élève en moyenne à 46 décès par million d’habitants en 2022, il est le plus faible en Suède (22 décès par million d’habitants) et le plus fort en Roumanie (86 décès par millions d’habitants). Et alors que, depuis 2019, le taux de mortalité a baissé en Belgique, République tchèque, Danemark ou Pologne – des pays qui sont en passe de parvenir à une baisse de 50% –, il montre une stagnation en France, en Espagne et en Italie et a même augmenté en Irlande, aux Pays-Bas ou en Slovaquie.

Des chiffres peu concluants au Luxembourg

Le Luxembourg a quant à lui le septième taux de mortalité le plus élevé sur les routes en 2022, avec 56 décès par millions d’habitants, devant ses voisins la France (50 décès), la Belgique (dans la moyenne de l’UE avec 46 décès) et l’Allemagne, parmi les meilleurs élèves avec 33 décès par millions d’habitants. 

Le taux de mortalité dû aux accidents de la route au Grand-Duché, de par sa démographie et les biais statistiques qui en découlent, est toutefois sujet à de fortes fluctuations: il était, par exemple, de 38 décès par millions d’habitants en 2021, soit au-dessous de la moyenne de l’UE (45), de 36 en 2019, mais de 60 en 2018. Difficile donc de tirer des conclusions définitives pour le pays sur la base de ces chiffres.

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Protéger les piétons et les cyclistes

La Cour des comptes européennes émet quelques recommandations: elle salue «l’approche globale» de la Commission européenne, qui englobe tant la sûreté des véhicules que les infrastructures routières ou l’utilisation des routes. Mais elle pointe également des «insuffisances»: «Le suivi de la performance des États membres par la Commission n’est pas encore efficace», remarquent ainsi les auditeurs. Et certains domaines à risque ne sont pas couverts, tels la vitesse, «qui compte pourtant parmi les principales causes d’accidents, avec la conduite en état d’ébriété, le défaut de port de la ceinture de sécurité et la distraction du conducteur», rappellent-ils.

En outre, les piétons, les cyclistes et les motocyclistes sont les plus vulnérables: ils représentent ainsi près de la moitié des personnes tuées, devant les occupants de voitures (45%). Pour autant, la plupart des projets concourant à la sécurité routière «ne concernent pas les infrastructures les plus meurtrières, comme les zones urbaines, les pistes cyclables et les routes secondaires», constate le rapport. De quoi faire réfléchir au Luxembourg, où le manque de pistes cyclables, notamment dans la capitale, alimente depuis des années les débats.

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