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Origines du langage : les humains pourraient parler depuis (bien) plus longtemps que ce qui était imaginé

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De nouvelles conclusions publiées par l'archéologue Steven Mithen et relayées par The Independent font émerger une nouvelle théorie : celle selon laquelle le langage humain rudimentaire, influencé par divers facteurs anatomiques, sociétaux et environnementaux, pourrait avoir émergé il y a environ 1,6 million d'années. Bien plus tôt que ce que les estimations précédentes ne suggéraient.

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L'évolution du langage humain est particulièrement difficile à retracer. Les études basées sur les données fossiles et génétiques existantes ont jusqu'à présent suggéré que son ascendance pouvait être remontée aux populations d'Homo sapiens anatomiquement modernes, ayant vécu il y a environ 150 000 à 200 000 ans en Afrique orientale ou méridionale. Or, l'archéologue britannique Steven Mithen affirme que le premier langage rudimentaire pourrait être en réalité huit fois plus ancien que cela.

Ce professeur de préhistoire ancienne à l'université de Reading (Angleterre) publie ce mois de mars 2024 les résultats d'une nouvelle enquête, dans le livre The Language Puzzle: How We Talked Our Way Out of the Stone Age ("Le casse-tête des langues : comment nous sommes sortis de l'âge de la pierre par la parole").

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Interrogé par The Independent, il explique que son étude approfondie des preuves archéologiques, paléo-anatomiques, génétiques, neurologiques et linguistiques déjà disponibles révèle que les premiers humains pourraient avoir développé de premières formes de langage il y a environ 1,6 million d'années.

Le langage, d'abord permis par le cerveau et le corps

D'après lui, une fois combinées, les preuves suggèrent que la naissance du langage se serait produite dans le cadre d'une série d'évolutions, survenue il y a entre 2 et 1,5 million d'années. L'augmentation de la taille du cerveau notamment, qui aurait permis la réorganisation de sa structure interne et l'apparition du lobe frontal… principale région associée à la production et à la compréhension du langage.

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La zone cérébrale spécifiquement liée à ce traitement est appelée l'aire de Broca. Elle semble avoir évolué à partir de structures antérieures, qui aidaient les premiers humains à communiquer à l'aide de gestes de la main et du bras. Or, les nouvelles recherches de l'archéologue semblent indiquer que des améliorations de la mémoire de travail, cruciale dans le traitement de l'information en temps réel – et ainsi, dans la formation de phrases – auraient aussi joué un rôle dans l'apparition de cette région.

D'autres développements évolutifs se seraient avérés indispensables pour la naissance de ce fameux langage rudimentaire. Le spécialiste cite l'émergence d'une forme plus avancée de bipédie il y a environ 1,8 million d'années. Associée à des changements dans la forme du crâne humain, elle aurait permis la modification de la forme et du positionnement du tractus vocal, cette série de cavités (voies respiratoires, larynx, gorge, bouche) impliquées dans la production du son et la modulation de la voix.

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Un phénomène englobant également la société et la culture

Des indices provenant du registre archéologique permettent également de pointer du doigt cette date approximative de 1,6 million d'années. Des analyses récentes des évolutions anatomiques humaines, mais aussi des outils en pierre et des restes d'animaux, montrent que nos lointains ancêtres – les membres de l'espèce Homo habilis sont les plus suspectés – sont devenus chasseurs il y a au moins deux millions d'années. Une capacité qui aurait été accélérée il y a environ 1,6 million, avec la naissance et la transmission culturelle technologies d'outils en pierre plus élaborés et sophistiqués.

Or, ces hominides (Homininae) n'étaient, en comparaison à d'autres animaux, pas particulièrement forts. Pour compenser cette "faiblesse physique relative", comme la nomme Steven Mithen, le développement du langage aurait sans doute été, en plus des nouveaux outils, une excellente stratégie de compensation : lors de la chasse ou du charognage, les premiers humains auraient eu besoin de capacités de coordination accrues… que la communication linguistique aurait grandement facilitée.

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Enfin, de la même façon, celle-ci se serait avérée utile à la survie dans différentes zones écologiques et climatiques. Par exemple, lors du passage d'habitats forestiers denses à des environnements ouverts et plus secs au moment du changement paléoclimatique en Afrique, il y a entre 5,3 et 16 millions d'années. Une récente étude montrait d'ailleurs que cette transition, qui a contraint nos ancêtres hominidés à quitter les arbres pour le sol, pourrait avoir affecté de manière permanente leur communication vocale.

Des mots primitifs toujours présents de nos jours ?

Il faut souligner qu'un premier développement linguistique survenu il y a 1,6 million d'années aurait probablement été limité à quelques dizaines de bruits et de gestes du bras différents, employés dans des contextes très spécifiques.

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Le Dr Steven Mithen affirme pourtant que par certains aspects, il survit encore dans les langues modernes, avec des mots associés intuitivement à des concepts visuels qui, par leurs sons ou leur longueur, pourraient ressembler à ceux prononcés par les premiers humains.

Malgré les pistes évoquées, il n'existe pas de preuves tangibles qui permettent de retracer le chemin exact d'un passé rempli de grognements à un présent bavard. Les archives fossiles restent rares, les tissus cérébraux ont disparu

Pour autant, "le développement de la capacité de parler par l'humanité a sans aucun doute été la clé qui a rendu possible une grande partie de l'évolution physique et culturelle humaine ultérieure", déclare l'auteur à The Independent. "C'est pourquoi dater l'émergence des premières formes de langage [du moins, tenter de s'en approcher, ndlr] est si important."

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