Weegee, photo-journaliste du New York sombre des années 30 et 40, exposé à la fondation Cartier-Bresson

Weegee, "Anthony Esposito, soupçonné d’avoir assassiné un agent de police", 1941 - Crédit Fondation Cartier-Bresson
Weegee, "Anthony Esposito, soupçonné d’avoir assassiné un agent de police", 1941 - Crédit Fondation Cartier-Bresson
Weegee, "Anthony Esposito, soupçonné d’avoir assassiné un agent de police", 1941 - Crédit Fondation Cartier-Bresson
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Dans ce nouvel épisode, Marie Sorbier nous emmène visiter "Weegee, autopsie du spectacle", la nouvelle exposition de la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris consacrée au célèbre photographe américain connu, entre autres, pour ses clichés sensationnels dans le New-York des années 1930/1940.

Après nous avoir fait découvrir  le Musée National du Sport à Nice et son exposition Les Elles des Jeux, Marie Sorbier continue son "Grand Tour"  en nous emmenant à la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris. L'institution consacre en effet une grande rétrospective sur le travail de Weegee, photographe américain qui s'est fait connaître au milieu des années 1930 pour ses clichés de scènes de crimes, d'accidents ou de délinquants.

D'origine ukrainienne, Weegee devient photojournaliste au début des années 30 et se fait rapidement connaître pour ses clichés sensationnels d'épaves de voitures, de corps gisant sur le sol ou de détenus arrivant au commissariat. Un sensationnalisme qui colle avec l'époque, comme l'explique Clément Chéroux, le commissaire de l'exposition : "Il nous montre que le fait divers est transformé par la presse américaine en une forme de spectacle. Et c'est là que Weegee est un personnage tout à fait fascinant dans cette histoire de la photographie du 20e siècle parce qu'il propose une sorte de critique, dans cette Amérique du milieu du 20e siècle, de la transformation du fait divers en un spectacle."

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En visitant cette grande rétrospective, le spectateur sera frappé par la qualité des clichés qui semblent presque être des mises en scène tant le cadrage et les situations sont originales. Mais ce qui fait aussi l'intérêt de son travail, au-delà des sujets parfois racoleurs, c'est la mise en abyme qu'il pratique en incorporant dans ses photographies le public qui observe les scènes qu'il capture ou même les photographes présents. Il crée alors un lien entre le public qui va observer la photographie dans le journal et ceux qu'il photographie qui sont finalement les mêmes : des spectateurs du spectacle de la société américaine. "On a souvent dit qu'il était un voyeur, mais je pense que c'est plus complexe que ça. C'est quelqu'un qui comprend très bien ce dont la presse a besoin et qui va produire des images qui sont parmi les meilleures de sa génération. Il n'est pas le seul à faire ça, évidemment, mais il est celui qui a poussé l'art de la photographie de faits divers à un summum d'expertise" raconte Clément Chéroux.

Weegee, l'autopsie du spectacle propose ainsi 120 photographies qui permettent de découvrir l'étendu du travail de celui qui a couvert pour la presse américaine toutes les scènes de crime et les faits divers, mais qui a su aussi photographier avec justesse la société américaine dans ses loisirs et ses divertissements.

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