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La Russie fait régner «un climat de peur étouffant» dans les zones occupées d’Ukraine, selon l’ONU

Exécutions extrajudiciaires, tortures, disparitions forcées, détentions arbitraires : la Russie entretient un « climat de peur » dans les zones occupées en Ukraine, selon un rapport de l’ONU publié mercredi 20 mars. Issu d’entretiens avec victimes et témoins, il détaille aussi les tentatives d'imposer la langue, la citoyenneté, les lois, le système judiciaire et les programmes d'enseignement russes, tout en supprimant les expressions de la culture et de l'identité ukrainiennes.

Un couple passe devant des panneaux d'affichage qui promeuvent la prochaine élection présidentielle avec des mots en russe: «Votre voix est importante» dans une rue de Louhansk, la capitale de la région de Louhansk contrôlée par la Russie, dans l'est de l'Ukraine, le jeudi 14 mars 2024.
Un couple passe devant des panneaux d'affichage qui promeuvent la prochaine élection présidentielle avec des mots en russe: «Votre voix est importante» dans une rue de Louhansk, la capitale de la région de Louhansk contrôlée par la Russie, dans l'est de l'Ukraine, le jeudi 14 mars 2024. © AP
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« La Russie a créé un climat de peur étouffant dans les zones occupées d'Ukraine, commettant des violations à grande échelle du droit international humanitaire et des droits de l'homme », selon ce rapport cité dans un communiqué du Haut-Commissariat des droits de l'Homme onusien et basé sur 2 300 entretiens avec des victimes et témoins.

« L'ampleur des violations commises par la Fédération de Russie durant l'occupation est immense » souligne le Haut-Commissariat des droits de l'Homme de l’ONU. Dès le début de l'invasion, les forces russes ont procédé à des « détentions arbitraires de civils, souvent accompagnées de torture et de mauvais traitements ». Le document décrit également des « disparitions forcées ».

Les répressions ciblent toute personne perçue comme étant pro-ukrainienne ou « toute personne perçue comme s'opposant à l'occupation ».

Des enfants « enrôlés » pour « apprendre le patriotisme russe »

La Russie « impose la langue, la citoyenneté, ses lois, son système judiciaire, tout en supprimant les expressions de la culture et de l'identité ukrainiennes ». Les enfants sont particulièrement visés, souligne Danielle Bell, qui dirige la mission d'observation du Haut-commissariat des droits de l’homme en Ukraine :

« La Fédération de Russie a imposé son propre programme éducatif dans les écoles, contrairement à son obligation en vertu du droit international humanitaire, à ne pas interférer avec les institutions en place. Les enseignants des territoires occupés ont raconté avoir été forcés d'enseigner le programme russe et d'utiliser des manuels avec des récits pro-russes qui justifient l’attaque armée contre l'Ukraine. Les autorités d'occupation ont également enrôlé des enfants dans des organisations de jeunesse pour leur apprendre le patriotisme russe. »

Les autorités d'occupation ont « coupé » les télévisions, les radios, internet et réseaux mobiles ukrainiens et rerouté le trafic via les réseaux russes, « ce qui a permis de contrôler les informations accessibles en ligne », détaille l'ONU.

Les habitants des zones occupées « ont été encouragés » à se dénoncer les uns les autres, « ce qui fait qu'ils ont peur même de leurs propres amis et voisins », ajoute-t-il.

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Poursuites excessives pour collaboration dans les territoires reconquis par Kiev

Le rapport épingle également les autorités ukrainiennes. Dans les territoires qui ont été libérés et reconquis par Kiev, dans l’est et le sud du pays, l’ONU s’inquiète de poursuites excessives engagées pour collaboration avec les occupants. Ces dernières sont notamment engagées contre des personnes travaillant dans le secteur de « services essentiels ».

« Ces poursuites ont tragiquement conduit certaines personnes à être victimisées deux fois – d'abord sous l'occupation russe, puis à nouveau lorsqu'elles sont poursuivies pour collaboration », a déploré l'ONU. Le rapport encourage les autorités de Kiev à « réviser son approche afin de s'aligner sur le droit international » et à privilégier une approche qui favorise la « tolérance » et qui « lutte contre les stéréotypes ».

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