Un numéro de téléphone dédié aux victimes de violences sexuelles

Par 20/03/2024 - 08:47 • Mis à jour le 20/03/2024 - 12:54

Les victimes de violences sexuelles peuvent désormais composer le 0 805 218 218. Elles y trouveront une oreille attentive et surtout une assistance juridique.

    Un numéro de téléphone dédié aux victimes de violences sexuelles

Une grande campagne de communication pour "Agir contre les violences sexuelles" a été lancée ce mardi 19 mars, lors d’une conférence de presse au Tribunal Judiciaire de Fort de France. 

Portée par le Conseil Départemental d’Accès au Droit de Martinique (CDAD), elle sera diffusée massivement dans les médias : télé, radio, réseaux sociaux...

L'objectif est de lutter contre les violences sexuelles, à travers la mise en place d’une plateforme d’écoute pour les victimes, via un numéro unique, gratuit et anonyme (0805 218 218).

Présidente du tribunal judiciaire de Fort-de-France et du CDAD, Karine Gonnet définit les contours du dispositif

On souffre de méconnaissance. L'idée, c'est d'avoir un message fort avec un numéro unique. Le CDAD va recevoir les appels des victimes, les entendre dans leurs souhaits et ensuite les orienter soit vers un avocat, soit vers l'ADAVIM, l'association de l'aide aux victimes. Elles seront accueillies par des professionnels

Une voie à considérer selon la magistrate pour éviter les effets pervers des dénonciations publiques qui se retournent parfois contre les victimes

On a vu les effets liés à la divulgation sur les réseaux sociaux. Ils ont eu cette force de libérer la parole mais plusieurs victimes racontent après les insultes et les menacent qu'elles ont reçu. Par ailleurs, on ne veut pas que l'argent soit un obstacle. Donc c'est l'aide juridictionnelle qui prendra le relais. Le CDAD financera les consultations auprès d'avocats. On va essayer de lever des fonds pour permettre à l'ADAVIM d'avoir des psychologues formés supplémentaires

Trois fois plus de victimes en Martinique

Justement, Dina Rioual-Rosier, présidente d’ADAVIM France victime, rappelle l’importance particulière de cette lutte dans nos territoires

Il y a trois fois plus de victimes d’agressions sexuelles en Martinique que dans l'Hexagone, toutes proportions gardées. C'est un fléau important en Martinique, qu'il faut combattre. On a des outils, il faut les utiliser. On a le lancement de ce numéro vert pour permettre à la victime de téléphoner et après d'être orienté.

L'avocate à la retraite en a profité pour éclaircir la raison des nombreuses plaintes classées sans suite dans ces affaires

Ce que je veux aussi dire à l'occasion de ce lancement, c'est que ce n'est pas parce qu'il n'y a pas eu une prise en charge judiciaire que les faits n'ont pas existé. Les victimes sont traumatisées à juste titre quand on leur annonce qu'il y a un classement sans suite. Le problème c'est que parfois pour faire appliquer la loi, le judiciaire n'a pas tous les éléments pour entamer un procès

Des affaires qui sont souvent difficiles à instruire pour les enquêteurs et encore plus douloureuses pour les victimes

C'est un chemin de croix qu'on leur demande d'entamer. Plusieurs fois, elles auront à parler de ce qu'elles ont vécu. Au niveau des commissariats, des gendarmeries et des associations, il y a des gens formés pour écouter ces victimes et les assister. Ce qu'elles demandent c'est qu'on entende leur souffrance, qu'on les croit, qu'elle puisse en parler et que l'auteur reconnaisse ce qu'il a fait

Outre cette campagne à destination du grand public, le CDAD mène aussi des actions de sensibilisation auprès des plus jeunes. C'est ce qu'explique Karine Gonnet

Il faut rappeler des notions qui sont très simples. La question du respect, celle du consentement. Au delà de l'acte lui même, ça pose la question du rapport à l'autre. Il faut accompagner le plus tôt possible

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