Frédéric Mitterrand, ancien ministre de la Culture, est mort à l'âge de 76 ans

L'ancien ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, neveu de François Mitterrand, est mort à l'âge de 76 ans, annonce sa famille à l'AFP.

"L'ancien ministre de la Culture s'est éteint jeudi 21 mars à son domicile parisien", précise le communiqué de la famille, "il luttait depuis plusieurs mois contre un cancer agressif".

Frédéric Mitterrand, tour à tour exploitant de cinéma, animateur-producteur de télévision, réalisateur de documentaires et de films, a dirigé la villa Médicis à Rome avant d'être nommé ministre de la Culture de 2009 à 2012 dans le gouvernement de François Fillon, sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

En février 2020, il avait été installé à l'Académie des Beaux-arts, au fauteuil précédemment occupé par l'actrice Jeanne Moreau, dans la section du cinéma et l'audiovisuel.

"Bonsouââr"

Né le 21 août 1947 à Paris, Frédéric Mitterrand était le fils de Robert Mitterrand, frère aîné de l'ancien président de la République. Après des études à Science-Po Paris, il dirige une salle de cinéma dans le 14 arrondissement à Paris, l'Olympic, prémisse à la création d'un réseau de salles Art et essai qui promeut les films de Bergman, Kurosawa et Ozu... et le ruinera. Dix ans plus tard, en 1981, il réalise son premier film, intitulé Lettre d'amour en Somalie, sur la fin de la passion amoureuse qu'il entretient avec un collaborateur.

La même année, le grand public le découvre, dandy chic au phrasé si particulier lançant son célèbre "bonsoir", appuyé et nasal, à travers l'émission qu'il anime et produit sur TF1, Etoiles et toiles, jusqu'en 1986, date à laquelle la chaîne est privatisée. Frédéric Mitterrand passe alors sur la deuxième chaîne, alors nommée Antenne 2, pour y présenter plusieurs émissions: Du côté de chez Fred, jusqu'en 1991, Étoile Palace en 1990, C'est votre vie en 1993, Les Amants du siècle en 1993 ou encore Caravane de nuit en 1994.

À la télévision, il impose son style au phrasé lent et parsemé de périphrases aussi alambiquées que lyriques.

"J'étais allé trop loin"

Sa longue collaboration avec le groupe de service public, devenu France Télévisions, est émaillé d'émissions telles que Ciné-Club, Légendes du siècle, Les Aigles foudroyés, Mémoires d'exil, Les Nuits du ramadan et d'un mémorable coup d'éclat en 1990, lorsque recevant le 7 d'or du meilleur animateur pour Du côté de chez Fred, qui vient d'être arrêté, il pose la récompense par terre et lance "C'est là où se trouve le service public". Il s'en excusera dès le lendemain auprès de la chaîne: "J'étais allé trop loin". "Je ne l'ai pas regretté, mais je l'ai payé cher", livrait-il à Catherine Ceylac dans Thé ou Café en 2016.

Passionné de cinéma - dès 12 ans, il apparaît au cinéma au côté de Michèle Morgan et Bourvil - il réalise pour le grand écran, une adaptation de l'opéra de Puccini Madame Butterfly, en 1995. En 2005, il publie La Mauvaise vie, récit autobiographie, dans lequel il évoque sans fard son homosexualité et le tourisme sexuel en Thaïlande, dont il se dit friand.

Mucem, Philarmonie et Hadopi

Soutenu par Carla Bruni, il est nommé directeur de la Villa Médicis en 2008, puis ministre de la Culture de Nicolas Sarkozy en 2009. "La vérité, c'est que je connais très peu Carla Bruni. Même si je sais qu'elle me protège, nous ne sommes pas intimes. En fait, nous avons des amis communs, comme l'actrice Farida Khelfa ou Inès de la Fressange. (...) Je sais qu'elle a dit qu'elle était très fière de moi. Ca m'a fait plaisir parce que je ne lui ai jamais rien demandé", livrait-il alors au Parisien.

À ce poste, il a notamment affronté les intermittents du spectacle, fait adopter la loi Hadopi et conduit des grands chantiers, lancés pour certains avant son arrivée: le Mucem à Marseille ou la Philharmonie à Paris.

"Il ne me reste pas beaucoup de temps pour essayer de faire de la vie que j'ai pu avoir et de ce que je ressens, quelque chose qui défie la mort", confiait-il à Marc-Olivier Fogiel dans Le Divan en 2015.

En avril 2023, il avait confié être atteint d'une maladie sans en préciser la nature, évoquant alors un "combat très rude" contre celle-ci.

Les hommages se multipliaient ce jeudi soir à l'annonce de sa mort parmi lesquels celui de Jack Lang. L'ancien ministre la Culture se dit "boulversé" par la disparition de son "ami de plus de 60 ans". "J'appréciais son intelligence vive, son humour décapant, sa tendresse infinie, sa bonté rare. Frédéric était tout à la fois l’élégance et la passion", écrit encore le président de l'Institut du Monde Arabe.