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Eclairage

Liban: la crise économique entraîne une forte hausse du nombre de mariages précoces

Le Liban n’en finit pas de subir les effets de l’effondrement économique et financier survenu fin 2019 et que la Banque mondiale qualifie de « l’une des pires crises au monde depuis cent cinquante ans ». L’appauvrissement général de la population, la chute dramatique du pouvoir d’achat, la dépréciation de la monnaie nationale et la destruction des filets de protection sociale due à la faillite de l’État ne sont que la partie visible de l’iceberg.

Les mariages précoces sont de plus en plus nombreux au Liban, en raison de l'effondrement économique et financier survenu fin 2019.
Les mariages précoces sont de plus en plus nombreux au Liban, en raison de l'effondrement économique et financier survenu fin 2019. Getty Images - Zeina Kassem
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De notre correspondant à Beyrouth,

La crise économique libanaise a provoqué une régression des indicateurs sociaux et sociétaux dont l’une des manifestations est la forte hausse du nombre de mariages précoces. Une étude récente effectuée par une association appelée le « Rassemblement féminin démocratique libanais » indique que le mariage des mineurs des deux sexes s’élevait en 2023 à 20 % des moins de 18 ans, contre 6 % en 2016, selon des chiffres fournis à l’époque par l’Unicef. Quatre-vingt-sept pour cent de ces mariages précoces concernent les jeunes filles.

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L’étude montre aussi que 10% de ces unions concernent des adolescentes âgées de 13 à 15 ans. La majorité des mariages de mineur(e)s a lieu dans le nord de la plaine orientale de la Bekaa où les traditions tribales et claniques restent profondément ancrées. Cette forte augmentation est due à la crise économique qui a entraîné un appauvrissement général de la population et, par conséquent, une hausse de la déscolarisation, notamment chez les jeunes filles.

Les mariages précoces nombreux chez les réfugiés syriens 

L’étude a été effectuée sur un échantillon de 1 300 personnes résidant au Liban. Mais ce fléau est encore plus grave chez la communauté syrienne au Liban, estimée par les autorités à plus de deux millions de personnes, soit le quart de la population, dont 830 000 enregistrés auprès des Nations unies : 25% des Syriens des deux sexes ont été mariés à un âge inférieur à 18 ans, avec une large majorité de jeunes filles, dont 80% sont déscolarisées en raison de l’insécurité économique et sociale qui règne dans les campements.

Un pas important a été franchi en septembre dernier lorsque la Commission parlementaire des droits de l’homme a approuvé un projet de loi criminalisant les mariages de mineur(e)s en imposant des sanctions aux parents. Mais pour devenir une loi, ce projet doit encore être examiné par d’autres commissions avant d’être voté lors d’une séance plénière du Parlement. Depuis septembre 2023, rien de nouveau n’a été fait pour accélérer la procédure. Le texte est toujours dans les tiroirs de la Chambre.

Le mariage des moins de 18 ans encore consenti par la plupart des communautés religieuses

Le système du confessionnalisme politique en vigueur au Liban concède la gestion des statuts personnels aux communautés religieuses. Les dirigeants spirituels sont incontournables pour ce qui a trait aux mariages, aux divorces et aux questions d’héritage. Sans leur accord, la pénalisation du mariage précoce ne peut pas être approuvée. Et il reste beaucoup de chemin à parcourir avant de les convaincre.

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