Accueil

Monde Europe
Municipales en Turquie : l'opposition en bonne position à Istanbul et Ankara
Sur 33% des urnes dépouillées à 20h heure locale, le maire CHP (social-démocrate) sortant d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, était crédité de 49,7 % contre 41,5% à son principal adversaire du parti au pouvoir, AKP.
2024 Anadolu

Municipales en Turquie : l'opposition en bonne position à Istanbul et Ankara

Scrutin test

Par Marianne avec AFP

Publié le

Le dépouillement partiel des urnes en Turquie ce dimanche 31 mars au soir des élections municipales annonce une tendance favorable à l'opposition à Istanbul et Ankara, malgré l'investissement dans la campagne du président Recep Tayyip Erdogan.

Face à la crise économique qui frappe les ménages, les maires d'opposition d'Istanbul et Ankara, la capitale, étaient donnés favoris des municipales par les instituts de sondage ce 30 mars au soir.

Sur 33 % des urnes dépouillées à 20 heures heure locale, le maire CHP (social-démocrate) sortant d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, était crédité de 49,7 % contre 41,5 % à son principal adversaire du parti au pouvoir, l'AKP. Et à Ankara, le maire CHP Mansur Yavas était en bonne voie d'être reconduit avec 57,1 % contre 35,6 % à son opposant, après dépouillement de 15,4 % des urnes.

A LIRE AUSSI : Turquie : au moins un mort et douze blessées lors d'incidents en marge des élections municipales

Le président Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis plus de deux décennies, a jeté tout son poids dans la campagne, en particulier à Istanbul, la capitale économique et culturelle du pays dont il a été le maire dans les années 1990 et qui avait basculé dans l'opposition en 2019. Mais son engagement n'a pas suffi, semble-t-il, au vu des premiers résultats.

Une réélection d'Ekrem Imamoglu à la tête de la plus grande ville du pays le lancerait d'ores et déjà dans la course à l'élection présidentielle de 2028. Le maire sortant a voulu rester prudent. « La photo que nous avons sous les yeux nous fait plaisir, mais attendons les résultats complets », a-t-il déclaré.

Deux à trois meetings par jour

À Ankara, la capitale politique, Mansur Yavas, autre poids lourd du CHP, s'oriente lui aussi vers une réélection confortable, avec 56,3 % des voix après dépouillement de 12,4 % des urnes. À Izmir, la troisième ville du pays, fief du parti social-démocrate, son candidat est également donné largement en tête.

Tout au long de la campagne, le président Erdogan a enchaîné deux à trois meetings par jour, bénéficiant d'un temps d'antenne illimité. Une nouvelle défaite de son Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) à Istanbul serait lourde de conséquences pour le chef de l'État.

A LIRE AUSSI : La liberté d'expression "en péril" en Turquie : le Conseil de l'Europe tire la sonnette d'alarme

S'accrochant à la ville, le président y avait fait rejouer l'élection municipale de 2019, pour finalement voir Ekrem Imamoglu l'emporter de plus belle lors d'un second scrutin organisé trois mois plus tard, subissant ainsi son pire revers électoral depuis son arrivée au pouvoir en 2003 en tant que Premier ministre.

Succès du « maire à temps partiel »

Le maire d'Istanbul, abonné au podium des personnalités politiques préférées des Turcs, n'a eu de cesse depuis de se poser en rival direct du chef de l'État, qui l'a pourtant dépeint en « maire à temps partiel » dévoré par ses ambitions nationales. Une victoire dimanche soir renforcerait son aura.

A LIRE AUSSI : Municipales : "Le destin de la Turquie est entre les seules mains d'Erdogan"

Le match de la prochaine présidentielle pourrait se jouer entre les deux hommes, qui partagent des origines communes de la mer Noire et une même passion pour le ballon rond. Âgé de 70 ans, le chef de l'État a affirmé début mars que ces élections serait ses dernières, laissant entendre qu'il quittera le pouvoir en 2028. À moins de réviser la Constitution pour s'offrir une nouvelle candidature.

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne