Paris : l’ex-adjoint à l’urbanisme d’Anne Hidalgo condamné pour pantouflage dans des groupes immobiliers

Jean-Louis Missika, directeur de campagne de la maire de Paris lors des dernières municipales, vient d’être condamné par le tribunal correctionnel pour des missions qu’il avait acceptées dans deux groupes immobiliers à l’issue de son mandat en tant qu’adjoint en charge de l’urbanisme.

Jean-Louis Missika, ancien adjoint à l'urbanisme à la Ville de Paris, en 2017. (archives) AFP/Daniel LEAL-OLIVAS
Jean-Louis Missika, ancien adjoint à l'urbanisme à la Ville de Paris, en 2017. (archives) AFP/Daniel LEAL-OLIVAS

    Il voulait se réinventer en conseiller de groupes immobiliers. Il a été rattrapé par la justice. Jean-Louis Missika, ex-adjoint à l’urbanisme d’Anne Hidalgo, a été condamné ce mardi par le tribunal correctionnel à 90 000 euros d’amende et deux ans d’inéligibilité pour un pantouflage à l’issue de son mandat dans deux groupes immobiliers, entre 2020 et 2021.

    Ce proche de la maire de Paris a comparu devant le tribunal judiciaire de la capitale dans le cadre d’une procédure de comparution avec reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), sorte de plaider-coupable à la française. La peine proposée par le Parquet national financier (PNF) et acceptée par l’intéressé a été homologuée par la présidente de la 32e chambre financière, relate l’AFP.

    Rattrapé par la commission de déontologie

    C’est l’alerte donnée par la députée LFI Danielle Simonnet, puis celle d’Yves Charpenel - président de la commission de déontologie de la Ville de Paris - qui avait attiré l’attention de la justice sur la tentative de « reconversion » de Jean-Louis Missika, à l’issue de son mandat en 2020. L’ex-adjoint en charge de l’urbanisme avait rejoint un comité de mission constitué par le groupe immobilier Novaxia ainsi qu’un comité d’orientation et de prospective du groupe immobilier Gecina.

    Il avait été prié par le président de la commission de déontologie de démissionner de ses nouvelles fonctions. Yves Charpenel y voyait des « conflits d’intérêts ». Le « droit de suite » prévu par la loi oblige en effet tout agent public, pendant les trois années qui suivent la fin de ses fonctions publiques, à « indiquer ses projets professionnels pour vérifier qu’ils ne sont pas en contradiction avec les principes déontologiques qui régissent la vie publique », rappelait-il alors. Jean-Louis Missika avait été prié par la commission de renoncer aussi à une future prise de présidence, comme nous l’avait révélé Yves Charpenel à l’époque.

    « Il y a eu une absence de bonne foi »

    Après de premières dénégations au cours de l’enquête confiée par le PNF à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), Jean-Louis Missika a concédé ce mardi à la barre « une mauvaise interprétation de la loi et avoir eu le tort très grave de ne pas consulter le comité de déontologie avant de passer ces contrats » avec Novaxia et Gecina.

    Le procureur financier a, de son côté, affirmé que l’ex-adjoint était « en situation objectif de conflit d’intérêts ». « Ce n’était pas une erreur, il y a eu une absence de bonne foi. »

    Mais « l’enquête a aussi permis d’écarter toutes les suspicions de favoritisme ou de contrepartie a posteriori à des décisions prises par Jean-Louis Missika en qualité d’adjoint à l’urbanisme », alors que les deux sociétés s’étaient vu confier des missions par la mairie de Paris au moment où Jean-Louis Missika était encore au côté d’Anne Hidalgo. Ce dernier pourrait désormais à nouveau travailler pour des groupes immobiliers mais « ce n’est pas dans ses projets immédiats », répond au Parisien son avocate. Selon cette dernière, le « spin doctor » d’Anne Hidalgo participe plutôt à des « missions ponctuelles auprès de think tank ».

    Le procureur financier a observé que l’ex-élu avait bien « remboursé » les sommes litigieuses et annoncé que les présidents de Novaxia et Gecina faisaient « l’objet de poursuites devant le tribunal correctionnel » car eux « n’ont pas reconnu les faits ».

    « Je suis fière que la justice m’ait donné raison à la suite de ma saisine du PNF, réagit la députée LFI Danielle Simonnet. Lutter contre le pantouflage et les conflits d’intérêts est une question démocratique centrale. Cette lutte exige de mettre un terme aux politiques de privatisation de l’urbanisme, à Paris comme ailleurs. »