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75% des Français estiment que l'école privée est meilleure que l'école publique

L'école élémentaire privée Saint-Charles, à Saint-Étienne (Loire), en juin 2022.

L'école élémentaire privée Saint-Charles, à Saint-Étienne (Loire), en juin 2022. - Capture d'écran/Google Street View

Dans un sondage exclusif pour BFM Business, Challenges et Agipi, les Français jugent l'école privée plus performante mais sont davantage partagés sur les subventions publiques dont ces établissements bénéficient.

Alors qu'un rapport parlementaire rendu public ce mardi s'en prend au financement de l'école privée, les Français eux ont une bien meilleure image de ce type d'enseignement.

Selon un sondage Odoxa* pour BFM Business, Agipi et Challenges, l'école privé remporte les suffrages dans presques toutes les catégories.

Pour 75% des personnes interrogées, le privé est le meilleur en termes de résultats, pour 74% il offre de meilleures garanties de réussite aux enfants et pour 62% il a la meilleure image globale.

Lorsqu'on leur demande dans quel type d'établissement ils souhaiteraient scolariser leurs enfants, 54% des Français répondent le privé contre 45% pour le public.

C'est logiquement sur la question de l'accessibilité financière que les personnes interrogées répondent en très grande majorité (92%) que l'école publique l'est davantage que l'école privée.

Pour autant, l'école privée doit-elle être financée en majorité par des moyens publics comme c'est le cas aujourd'hui à hauteur de 10 milliards d'euros (dont 8 milliards par l'Etat)? Une majorité de répondants (52%) répondent par l'affirmative. Il est normal, selon eux, que l'Etat participe au financement des écoles privées puisqu’elles participent comme le public au service public de l'éducation. Une question qui divise toutefois puisque 46% des personnes jugent qu'il n’est pas normal que les impôts de tous les Français servent à financer l’école privée alors que les enfants de tous les Français n’en profitent pas.

Même fracture sur le devenir de cette dotation publique. 49% des Français jugent qu'il faudrait la réduire ou la supprimer. La même proportion s'y oppose "parce que qu’il ne faut pas recréer une nouvelle guerre scolaire alors que l’école privée participe comme le public au service public de l’éducation."

La mixité recule dans le privé

Pointée du doigt pour son manque de transparence et de contrôle de la part de l'Etat, l'école privée connaît un regain de popularité depuis une dizaine d'années. La proportion des élèves dans le privé qui était stable durant plusieurs décennies est passée de 16,5% des effectifs totaux en 2011 à 17,6% en 2022, selon un rapport de 2023 de la Cour des comptes. Ce sont désormais 2,2 millions d'élèves qui sont scolarisés dans les quelque 7500 établissements sous contrat.

Les critiques portent surtout le manque de mixité sociale au sein de ces établissements. Un phénomène qui s'est accentué ces deux dernières décennies, comme le rapporte la Cour des comptes.

"Les élèves de familles très favorisées, qui constituaient 26,4% des effectifs de l’enseignement privé sous contrat en 2000, en représentent 40,2 % en 2021 et les élèves de milieux favorisés ou très favorisés sont désormais majoritaires dans ce secteur (55,4 % en 2021) alors qu’ils représentent 32,3 % des élèves dans le public", constatent les auteurs.

9 milliards d'euros d'économies

Du côté de l'enseignement privé, on se défend en rappelant que l'enseignement privé permet de faire des économies à l'Etat. Selon le Secrétariat général de l’enseignement catholique (Sgec), le coût d'un élève du premier degré dans le privé s'élève à 3120 euros de subventions publiques (principalement les salaires des enseignants) contre 6910 euros en moyenne pour un élève dans le public. Dans le secondaire, un élève du privé coûte 5544 euros contre 10.409 euros dans le public.

Classes plus nombreuses et davantage d'élèves par classe dans le privé, moins de professeurs agrégés et des remplacements courts effectués sur la base du bénévolat... Les raisons sont nombreuses pour expliquer ces coûts plus faibles même en prenant en compte les frais de scolarité payés par les familles et qui s'élèvent à un quart du coût total (430 euros en moyenne en maternelle à 1250 euros au lycée).

"Si l’État devait scolariser l’ensemble des élèves du privé, il devrait dépenser 9 milliards d’euros par an de plus", estimait ainsi en 2023 Philippe Delorme, le secrétaire général du Sgec.

*Enquête réalisée auprès d’un échantillon de Français interrogés par Internet les 27 et 28 mars 2024. Échantillon de 1 005 Français, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, niveau de diplôme et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco