Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Ouganda : inquiétude internationale à la suite d’une décision confirmant une loi anti-LGBT+

Votée en 2023, la loi était contestée devant la Cour constitutionnelle par des défenseurs des droits humains ougandais et deux parlementaires du parti au pouvoir.

Le Monde avec AFP

Publié le 04 avril 2024 à 10h25, modifié le 04 avril 2024 à 11h01

Temps de Lecture 2 min.

Organisations de protection des droits humains et chancelleries occidentales ont exprimé leur inquiétude à la suite de la décision, mercredi 3 avril, de la Cour constitutionnelle ougandaise de rejeter une demande d’annulation de la loi anti-LGBT+ votée en 2023, considérée comme l’une des plus répressives au monde.

Baptisé « loi anti-homosexualité 2023 », le texte prévoit de lourdes peines pour les personnes ayant des relations homosexuelles et faisant la « promotion » de l’homosexualité. Un délit d’« homosexualité aggravée » est passible de la peine de mort ; une condamnation qui n’est toutefois plus appliquée depuis des années en Ouganda.

Depuis son vote en mars 2023, suivie de sa promulgation, en mai, par le président, Yoweri Museveni, cette loi est décriée par membres de la communauté LGBT+, les ONG de défense des droits humains, les gouvernements occidentaux et les institutions internationales.

Mercredi, le texte a été confirmé par la Cour constitutionnelle, qui avait été saisie par des militants ougandais de protection des droits humains, deux professeurs de droit et deux parlementaires du parti au pouvoir (Mouvement de résistance nationale, MNR). « Nous refusons d’annuler la loi anti-homosexualité dans son intégralité et n’accorderons pas non plus une injonction permanente contre son exécution », a déclaré le juge Richard Buteera. Les cinq magistrats constitutionnels ont toutefois supprimé des dispositions qu’ils jugeaient incompatibles avec les conventions internationales, comme le fait de sanctionner la non-dénonciation d’actes homosexuels.

« Occasion manquée »

Washington, par la voix du porte-parole du département d’Etat Matthew Miller, a estimé que cette décision faisait « partie d’une dégradation plus large de la protection des droits humains qui met en danger tout le monde en Ouganda et porte atteinte à la réputation du pays ».

« Nous continuerons à prendre toutes les mesures appropriées », a-t-il ajouté, en référence aux sanctions déjà prononcées par l’administration américaine restreignant l’attribution de visas pour certains officiels ougandais et retirant l’Ouganda de l’accord commercial de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA).

Le chef de la diplomatie britannique, David Cameron, s’est également dit « profondément préoccupé par le fait que l’Ouganda continue de faire reculer les droits humains », dans un message sur X.

Les requérants n’avaient pas communiqué mercredi soir sur une éventuelle saisine de la Cour suprême, après ce jugement qualifié de « sommaire » par l’avocat Nicholas Opiyo, qui a défendu le recours.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés En Ouganda, le rêve des milliards du pétrole éclipse le climat

Amnesty International a regretté une « occasion manquée » d’invalider un texte « impitoyable » qui a, selon l’ONG, « déclenché une augmentation des attaques contre les personnes LGBT+ » dans le pays.

Suivez-nous sur WhatsApp
Restez informés
Recevez l’essentiel de l’actualité africaine sur WhatsApp avec la chaîne du « Monde Afrique »
Rejoindre

« Nous sommes consternés de voir que la cour a tourné le dos à sa responsabilité de faire pleinement respecter la Constitution ougandaise, qui protège les droits humains de tous », a déploré dans un communiqué le directeur d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, Tigere Chagutah.

« Cette décision est décevante et constitue une occasion manquée de protéger des droits humains fondamentaux », a également estimé auprès de l’AFP Oryem Nyeko, chercheur sur l’Ouganda pour Human Rights Watch.

Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a de nouveau appelé dans un communiqué le gouvernement ougandais à « abroger dans son intégralité » le texte, qu’il avait qualifié l’an dernier de « probablement le pire au monde en son genre ».

Sanctions

Cette loi bénéficie d’un large soutien en Ouganda, pays à majorité chrétienne conservatrice, où les parlementaires estiment qu’elle constitue un rempart nécessaire à l’immoralité supposée de l’Occident.

La présidente du Parlement, Anita Among, a qualifié de « grande réussite » cette décision qui « prouve que toutes les branches du gouvernement, le Parlement, l’exécutif et le judiciaire, ont un objectif commun : protéger l’Ouganda de toute influence étrangère négative ».

Le président, Yoweri Museveni, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 1986, a promis de ne pas céder aux pressions occidentales qui se sont multipliées depuis un an.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés L’Ouganda, laboratoire des arnaques aux cryptomonnaies en Afrique

Les Etats-Unis, l’Union européenne et le secrétaire de l’ONU, Antonio Guterres, ont averti que l’aide étrangère et les investissements dans le pays pourraient être compromis si le texte était maintenu.

Outre les sanctions américaines, la Banque mondiale a également annoncé en août qu’elle suspendait tout nouveau prêt au pays en raison de cette législation « fondamentalement contraire » à ses valeurs.

L’homosexualité est illégale dans de nombreux pays d’Afrique de l’Est, où les campagnes de répression et de stigmatisation sont encouragées par les conservateurs religieux musulmans et chrétiens.

Le Monde avec AFP

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Contribuer

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.