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ÉCONOMIE

Éric Besson, l'ex-ministre de l’Immigration devenu entrepreneur pour migrants

Dans une interview accordée à FRANCE 24, Éric Besson présente PayTop, sa startup dédiée au transfert d’argent principalement pour migrants. En dépit de cette surprenante reconversion, l’ex-ministre revendique un “parcours cohérent”.

Facebook | Éric Besson
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Sa reconversion fait grincer certains des dents et en fait sourire d’autres. Depuis la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2012, Éric besson, ancien ministre du gouvernement Fillon, se fait des plus discrets sur la scène politique nationale. Il officie désormais en tant que facilitateur de transferts d'argent pour migrants via la société française PayTop, dont il est un éminent membre du conseil d'administration.

Une fonction étonnante pour cet ancien ministre à la tête du très controversé portefeuille de l’Immigration, de l'intégration et de l’identité nationale créé sous la présidence Sarkozy. Instigateur de projets ou de textes qui ont souvent été décriés, l’ancien socialiste a eu la lourde tâche, en succédant à Brice Hortefeux, de justifier une politique d’immigration très à droite dans le gouvernement François Fillon II, et ce pendant près de deux ans, de janvier 2009 à novembre 2010.

Contre toute attente, Éric Besson qui dirige depuis 2012 sa propre société de conseil, EBS (Eric Besson Consulting), est donc aujourd’hui l’ambassadeur de choix d’une entreprise des plus prometteuses s’adressant principalement aux populations de migrants. Concurrent direct des géants Western Union ou Travelex, PayTop revendique actuellement 40 000 inscrits sur son site et environ 3 000 transferts et opérations de change mensuels. En France, deuxième terre d’immigration européenne après l’Allemagne, le marché des transferts d’argent pèse près de 20 milliards de dollars (14,4 milliards d’euros).

Pour répondre aux critiques, l’ancien ministre et actuel maire de Donzère dans la Drôme s’est entretenu avec FRANCE 24.

FRANCE 24 : En tant qu’ancien ministre de l’Immigration dans un gouvernement de droite, assumez-vous votre reconversion ?

Éric Besson : Je ne comprends pas pourquoi tous les médias veulent absolument établir ce parallèle de façon critique. Quand j’étais au gouvernement, j’ai travaillé longuement sur un rapport public consultable partout en ligne sur le transfert d’argent pour les migrants. J’estimais et j’estime toujours que c’est un moteur pour un certain nombre de pays, notamment ceux en développement. Déjà à l’époque, nous avions travaillé à tenter de réduire les coûts de transfert pour les populations concernées. Lors du sommet France-Afrique de 2010, j’avais pris soin de réunir les ministres de pays africains, ainsi que des acteurs de la finance, pour avancer dans ce domaine. Je me suis également attaché à promouvoir et soutenir le comparateur envoidargent.fr, site Internet de l’Observatoire des coûts d’envoi d’argent à l’étranger mis en place par l’Agence Française de Développement. Cette initiative a permis de faire baisser jusqu’à 20 % les tarifs de certains acteurs majeurs du marché.

Si on veut absolument établir un lien, on peut simplement dire que je continue de travailler dans un secteur où j’avais montré des efforts lorsque j’étais au gouvernement. On peut également ajouter que j’ai également été nommé ministre de l'Industrie, de l'Énergie et de l'Économie numérique [dans le gouvernement Fillon III de novembre 2010 à mai 2012, NDLR]. Mon activité avec PayTop, une startup pour le transfert d’argent international, est à la croisée des différents postes ministériels que j’ai occupés et donc tout à fait légitime. Mon parcours est cohérent.

Que propose concrètement PayTop ?

PayTop, qui s’adresse aux particuliers, veut être le leader des paiements innovants à l’international grâce à l’offre la plus réactive, la plus innovante et la moins chère du marché français. Nous proposons notamment un achat de devises en ligne qui sont ensuite livrées à domicile ou au bureau et le transfert d’argent à très bas coût.

Pourquoi une société comme PayTop est-elle importante, selon vous ?

L’ouverture depuis 2009 du secteur des moyens de paiement à des acteurs non bancaires est une opportunité pour créer une véritable révolution afin de faciliter l’internationalisation des moyens de paiement qui vont progressivement sortir du périmètre des établissements traditionnels au profit d’acteurs innovants plus compétitifs.

Compte tenu de l’importance économique que représentent les flux de transferts d’argent de migrants vers leur pays d’origine, nous devons rendre l’argent plus facilement mobile et à des conditions moins coûteuses pour tous. C’est cette mission que s’assigne PayTop et je veux y contribuer.

Pourquoi croyez-vous en PayTop ?

PayTop, qui a été discrètement ouvert en 2012, a attendu ce printemps 2014 pour vraiment se lancer au terme d’un long et solide processus. Nous avons pris le temps d’opérer plusieurs fusions avec tout un tas de petites structures comme Devisea ou Flouss, qui travaille déjà avec le Maroc. Nous disposons aujourd’hui d’une équipe de professionnels qui maîtrise le monde de la finance digitale et qui a également l’expérience bancaire nécessaire pour respecter les règlementations en vigueur. Nous avons aussi pris le temps d’obtenir tous les agréments nécessaires pour garantir la sécurité des opérations de nos clients. [PayTop est agréé par l'ACPR, l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution, NDLR]. Si tout continue à ce rythme, j’espère que nous pourrons prétendre à une introduction en bourse d’ici à quelques années !

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