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Santé physique

Le lien entre les médicaments progestatifs et les tumeurs cérébrales a été établi par une étude française

Pasquale ramène sa science

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Par Nadine Wergifosse

En France, une étude épidémiologique de l’agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) vient d’apporter le lien factuel entre certains médicaments progestatifs et le risque de méningiomes intracrâniens. Pasquale Nardone, physicien et professeur émérite de l’ULB, rapporte pour Week-end Première, les points principaux de cette étude.

C’était une crainte de la communauté scientifique et elle se confirme.
En mars dernier, le GIS Epi-Phare, le groupement d’intérêt scientifique en épidémiologie des produits de santé ANSM-Cnam a publié cette étude de pharmaco-épidémiologie dans le British Medical Journal permettant une large diffusion internationale.

"Ils ont travaillé à partir du système des données nationales. Entre 2009 et 2018, parmi 108.366 femmes, donc une quantité énorme. 18.000 d’entre elles, avaient eu une chirurgie intracrânienne pour enlever une tumeur cérébrale appelée aussi un méningiome" explique Pasquale Nardone.

Il précise que dans 75% des cas, ce n’est pas cancéreux mais les zones olfactives peuvent être comprimées par exemple ou la vision peut aussi être perturbée. Lors de cette étude, les chercheurs indiquent avoir constaté :

1. Lors de l’analyse de la tumeur, un nombre très conséquent de récepteurs de la progestérone a été détecté.

2. Le volume de la tumeur grossit durant la grossesse et diminue après l’accouchement

"Un lien est donc clair qu’il y a un bien un lien entre cette tumeur et un certain type d’hormones libérées pendant la grossesse" rapporte le physicien.

© Getty Images

Des médicaments progestatifs mis en cause

Comme le raconte Pasquale Nardone, les chercheurs ont examiné neuf types de médicaments progestatifs utilisés pour la contraception, le traitement de l’endométriose, de la ménopause et pour la procréation médicalement assistée.
"Cette étude de ce que l’on appelle le risque, questionnait si oui ou non, des corrélations existaient entre la prise de ces différents médicaments et l’apparition de ces tumeurs ?"

Et l’étude révèle ces chiffres :
Colprone est associée à un risque 3,5 fois plus élevé de méningiome. Le risque est multiplié par 2 avec le Surgestone et le Depo Provera est associé à un risque multiplié par 5,6.

"Ce genre de médicaments est donné à 74 millions de femmes est-il dit dans l’article […] Il y a d’autres analyses, toujours dans ce même article, où il montre que le stérilet ne provoque strictement rien. On peut donc faire un tri sur les médicaments ont un facteur de risque devient important et d’autres médicaments où le facteur de risque n’existe pas" précise Pasquale Nardone.

Il indique que sur le site de l’ANSM se trouve la liste des médicaments concernés. Leur utilisation plus ou moins prolongée a aussi été évaluée.

"On peut demander à son propre médecin car les molécules contenues dans ces progestatifs peuvent prendre des noms tels que l’acétate de cyprotérone. Il faut donc voir dans la liste des médicaments, et vérifier les molécules incriminées dans les médicaments que prend une femme".

Ces médicaments sont-ils aussi présents en Belgique ?

La réponse est oui, selon Pasquale Nardone qui a vérifié que les trois médicaments précédemment cités sont bien présents en Belgique avec les mêmes noms.

Légitimement, se pose la question de leur interdiction prochaine ?

"Après cette publication, l’ANSM va avertir le gouvernement qui va prendre des mesures parce qu’il y a le calcul risque/bénéfice bien entendu […] Sur 18.000 femmes qui ont vécu une opération où l’on a enlevé le méningiome, 900 avaient pris un médicament contenant cet acétate de cyprotérone. L’ANSM va interdire certaines molécules pour en préférer d’autres" conclut-il.

► Découvrez l’intégralité de cette chronique de Week-End Première dans la vidéo ci-dessus et suivez l’émission le samedi à partir de 7 heures sur La Première.

© Getty Images

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