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«Tuez-les tous»: la menace de l’Etat islamique plane sur les quarts de finale de la Ligue des champions

A Paris, Madrid et Londres, les quarts de finale aller de la compétition seront sous haute surveillance policière. L’EI au Khorassan a publié plusieurs messages encourageant à commettre des attentats dans les stades

La police nationale espagnole devant le stade Santiago Bernabeu, pour assurer la sécurité lors du match opposant Real Madrid à Manchester City, le 9 avril 2024. — © OSCAR DEL POZO / AFP
La police nationale espagnole devant le stade Santiago Bernabeu, pour assurer la sécurité lors du match opposant Real Madrid à Manchester City, le 9 avril 2024. — © OSCAR DEL POZO / AFP

La sécurité a été «considérablement» renforcée à Paris, mais également à Madrid et Londres, avant les quarts de finale aller de la Ligue des champions mardi et mercredi, explicitement menacés par le groupe djihadiste Etat islamique. «L’EI a menacé les quarts de finale de la Ligue des champions, pas spécifiquement en France, via une de ses agences de communication qui a notamment diffusé des messages sur les réseaux sociaux», a-t-on précisé à l’AFP de source proche du dossier. Dans un de ces messages, un combattant, masqué et muni d’un fusil d’assaut, pose devant des photos des quatre stades qui vont accueillir les quarts de finale aller. «Tuez-les tous», est-il écrit.

A la veille du match PSG-Barcelone mercredi au Parc des Princes, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez «a renforcé considérablement les moyens de sécurité», a déclaré mardi Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, évoquant une «menace caractérisée évoquée publiquement par l’Etat islamique», à 100 jours des JO de Paris et peu après l’attentat de Moscou. La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) «est particulièrement à pied d’œuvre», a ajouté Gérald Darmanin, s’exprimant lors d’un déplacement à la Brigade fluviale de la préfecture de police.

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L’EI-K s’enhardit

Ces posts «incitatifs» viennent d’al-Azaim, l’organe de l’Etat islamique au Khorassan (EI-K), la branche de l’EI en Afghanistan, qui a revendiqué l’attentat de Kerman en Iran en janvier et est soupçonnée d’être derrière celui de Moscou (144 morts) le 22 mars, a détaillé à l’AFP une experte française de la communication en ligne des groupes djihadistes. Les messages «comptent sur l’enhardissement de la sphère EI suite au «coup d’éclat» de l’attentat de Moscou», ajoute cette experte.

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Une réunion sur la sécurité du match PSG-Barça était prévue mardi à 20h00 place Beauvau, en présence de Gérald Darmanin, Laurent Nuñez et de hauts responsables de la police et de la gendarmerie, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier, confirmant une information de BFMTV. Aucune communication ne sera faite à l’issue de cette réunion, selon cette source. Dans un communiqué, l’UEFA s’est dite «informée» de menaces pesant sur les rencontres, mais a précisé que «tous les matches» auraient lieu, avec des «dispositifs de sécurité adaptés».

A Londres, où se déroule mardi la rencontre Arsenal-Bayern Munich, un dispositif de sécurité «solide» est en place, a assuré la police. En Espagne, les autorités ont également renforcé leur dispositif de sécurité pour les matches prévus à Madrid mardi (Real-Manchester City) et mercredi (Atlético-Dortmund). La porte-parole du gouvernement espagnol Pilar Alegria a évoqué «plus de 2000 agents» mobilisés «pour garantir une sécurité totale».

«Qui n’est pas préoccupé?»

Le niveau d’alerte attentat est actuellement de 4 sur une échelle maximale de 5 en Espagne alors que la France a relevé le dispositif Vigipirate à son niveau maximal, «urgence-attentat», le 24 mars. La menace visant les stades «n’est pas nouvelle», a souligné Gérald Darmanin. Il y a «10 jours», l’EI a diffusé un autre message avec le «stade de Munich en fond d’écran, pour dire qu’il fallait passer à l’acte dans les lieux sportifs et singulièrement les stades». L’Allemagne organise l’Euro de football du 14 juin au 14 juillet.

«Qui n’est pas préoccupé ou concerné par les menaces terroristes?», a pour sa part déclaré l’entraîneur du PSG, Luis Enrique. «J’espère que c’est une chose que nous pouvons contrôler, que ce ne seront que des menaces et qu’il ne se passera rien», a-t-il ajouté. «La sécurité est importante (…) mais on doit se concentrer sur ce qu’on doit faire, jouer au foot», a ajouté le défenseur parisien Danilo Pereira.

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«Aucune» menace sur la cérémonie d’ouverture

L’attentat de Moscou a brutalement replacé la menace djihadiste au cœur des priorités sécuritaires, notamment en France, qui accueille dans près de 100 jours les Jeux olympiques (26 juillet-11 août), avec une cérémonie d’ouverture inédite sur la Seine.

«Frapper les Jeux olympiques en France constituerait indiscutablement un rêve devenu réalité pour l’EI et je suis sûr qu’il y a déjà des projets», affirmait fin mars à l’AFP Tore Hamming, du Centre international pour l’étude de la radicalisation (ICSR).

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L’EI «est le responsable des huit derniers attentats que la France a connus», a rappelé Gérald Darmanin mardi, tout en appelant à ne pas «sombrer dans ce qu’essaye de faire la propagande terroriste, c’est-à-dire essayer de semer la peur, la terreur, partout». A ce stade, «aucune menace terroriste caractérisée» ne pèse sur la cérémonie d’ouverture, rappellent régulièrement les autorités françaises.