Maegan Dobson Sippy est une autrice britannique de livres pour la jeunesse. Son mari est indien. En 2018, il n’a pas pu la suivre au Royaume-Uni, où elle a dû partir seule avec leur bébé d’à peine 1 an, raconte-t-elle aujourd’hui au Guardian. Pourquoi, alors qu’il était le mari d’une Britannique et le père d’une Britannique ? Parce que la politique de regroupement familial, introduite par la Première ministre Theresa May en 2012, est drastique et impose des plafonds de revenus. Il fallait alors, pour faire venir son conjoint, gagner au moins 18 600 livres par an, soit environ 21 700 euros. Et quand bien même le membre britannique du couple a de tels revenus, il faut pouvoir fournir six mois de fiches de paie – ce qui est difficile dans le cadre d’un retour d’expatriation, par exemple – puis attendre de longs mois le temps que le dossier soit traité.

Pourtant, Maegan Dobson Sippy a conscience d’être parmi les gens “les plus chanceux” : “Notre demande, bien que lourde et coûteuse, s’est déroulée sans problème. À l’époque, les frais de base pour un visa de conjoint de deux ans et demi étaient d’environ 1 500 livres [1 750 euros]. Aujourd’hui, il s’élève à 1 846 livres [2 150 euros].” De surcroît, elle a bénéficié du soutien de son député local et de l’aide matérielle et psychologique de sa mère, alors qu’elle se retrouvait mère célibataire par la force des choses.

Aujourd’hui, le mari de Maegan Dobson Sippy a un permis de séjour illimité. Mais tous les couples n’ont pas eu leur chance, et “il y a désormais des enfants qui sont séparés depuis plus d’une décennie de l’un de leurs parents, et des couples qui savent qu’il n’est pas réaliste d’espérer vivre dans le même pays”, constate l’autrice.

La situation risque de s’aggraver, puisqu’à partir du 11 avril 2024 entrera en vigueur le nouveau seuil de revenus pour les visas de conjoint, qui est fixé à 29 000 livres (33 900 euros) et qui passera, plus tard dans l’année, à 34 500 livres (40 300 euros) , avant d’atteindre environ 38 700 livres (45 200 euros) au début de 2025. “Selon l’Observatoire des migrations, cela signifie que la moitié des salariés britannique ‘ne peuvent pas se permettre’ d’avoir un conjoint étranger, et ce chiffre atteindra 70 % d’ici à 2025”, explique le Guardian. Le ministère de l’Intérieur justifie ces mesures par sa volonté de limiter l’immigration pour garantir l’intégration et limiter les coûts pour les contribuables. Absurde, selon Maegan Dobson Sippy, puisque “les personnes titulaires d’un visa de conjoint n’ont déjà aucun recours aux aides publiques, paient un supplément annuel au service de santé et bénéficient du meilleur soutien possible – un conjoint – pour s’adapter à la vie au Royaume-Uni”.