Pologne : la coalition au pouvoir reste divisée sur une révision de la loi sur l’avortement

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Au vu des déclarations de certains législateurs, il se pourrait que la Troisième voie ait plus en commun avec le PiS sur l’avortement qu’avec ses propres partenaires de coalition. [Shutterstock/Longfin Media]

Le parlement polonais a discuté jeudi (11 avril) d’un projet de loi qui libéraliserait la loi sur l’avortement, très stricte dans le pays, mais la coalition au pouvoir reste divisée sur la portée de la nouvelle loi.

Alors que la loi sur l’avortement, déjà rigide, a été renforcée sous le précédent gouvernement conservateur Droit et Justice (PiS, CRE), les nouveaux partis pro-UE au pouvoir (PPE/S&D/Renew/Verts) se sont engagés à la libéraliser.

Pourtant, guidés par des perspectives différentes, ils peinent à trouver un terrain d’entente sur la question. En conséquence, ils ont soumis au Parlement quatre projets distincts, chacun présentant des degrés de libéralisation différents.

La Troisième voie, une alliance composée de Poland 2050 (Renew), un parti écologiste, et du Parti paysan polonais (PSL, PPE), un parti agrarien, a l’approche la plus conservatrice des partis de la coalition. En effet, l’alliance insiste pour le rétablissement des lois qui étaient en vigueur jusqu’à la décision de 2020 du Tribunal constitutionnel polonais, qui a limité l’avortement dans tous les cas de figure.

En vertu du compromis sur l’avortement, adopté en 1993, l’avortement était autorisé dans trois cas : lorsque la santé et la vie de la mère étaient menacées, lorsque le fœtus présentait de graves lésions et lorsque la grossesse était le résultat d’un viol. La deuxième raison a été supprimée par ledit tribunal en 2020, ce qui a provoqué d’importantes manifestations dans tout le pays.

La Coalition civique du Premier ministre Donald Tusk (KO, PPE) souhaite que l’avortement soit autorisé sur demande jusqu’à la 12e semaine de grossesse. Le projet de la Nouvelle Gauche (S&D), qui souhaite également dépénaliser l’aide à l’avortement, est le plus ambitieux.

Le président du Parlement, Szymon Hołownia, a reporté le processus législatif après les élections locales (7 avril), dans le but d’éviter que les projets soient discutés pendant la campagne et entraînent une politisation de la question.

Sa décision a suscité de vives critiques de la part des législateurs de gauche, qui l’ont accusé de retarder délibérément des sujets difficiles pour lui et son parti.

Débats houleux

Szymon Hołownia avait déclaré que le parlement procéderait à l’examen des lois sur l’avortement lors de la première séance après les élections locales du week-end dernier.

Pourtant, le long débat lors de la première lecture a été particulièrement houleux.

« L’interruption volontaire de grossesse n’est pas interdite en Pologne, mais le paradoxe est que l’aide à l’interruption volontaire de grossesse est passible de trois ans d’emprisonnement », a déclaré Anna Maria Żukowska, députée de la Nouvelle Gauche.

« Les maris, les partenaires, les mères, les sœurs et les amis sont punis pour avoir fait preuve d’amour, d’empathie et d’aide », a-t-elle ajouté.

« Les vieux hommes en costume ne dicteront pas aux femmes ce qu’elles doivent faire », a ajouté Mme Żukowska.

La ministre de l’Égalité Katarzyna Kotula (Nouvelle Gauche, S&D) a appelé les législateurs qui s’opposent à l’avortement en raison de leur conscience à « commencer à penser aux femmes ».

Selon elle, « l’avortement doit être gratuit, car il s’agit d’une procédure médicale normale ».

« L’État échoue parce que les responsables politiques ont enlevé aux femmes leur liberté, c’est-à-dire leur droit de décider pour elles-mêmes », a déclaré la vice-présidente Monika Wielichowska (KO, PPE).

D’autre part, Urszula Pasławska du PSL (PPE) a appelé à un référendum, tandis que le PiS et le parti d’extrême droite Confédération ont exprimé un point de vue bien différent.

« Si vous avortez, vous êtes toujours mère, mais d’un enfant mort », a déclaré Karina Bosak, épouse de Krzysztof Bosak, de la Confédération.

Elle a qualifié l’avortement de « solution parfaite » pour les partenaires de ces femmes, car il leur enlève « 100 % de leur responsabilité » dans la grossesse.

« Ce ne sont pas eux qui vivront dans la culpabilité et le remords. Ce ne sont pas eux qui ressentiront la douleur et qui saigneront », a-t-elle souligné.

Bien que le sujet soit controversé, la participation au débat a été étonnamment faible, l’hémicycle étant presque vide. Selon les médias, cela pourrait s’expliquer par le fait que les commissions siégeaint en même temps.

Rapprochement entre le PiS et la Troisième voie

Le vote sur les quatre projets de libéralisation de la loi sur l’avortement est prévu vendredi (12 avril).

Le PiS a déjà déclaré qu’il ne libérerait pas ses législateurs d’une discipline de vote sur les projets et a annoncé qu’il soumettrait des motions pour rejeter trois des quatre projets, principalement les deux de la Nouvelle Gauche et celui de la Coalition civique.

En ce qui concerne le projet de la Troisième voie, « il susciterait probablement des divergences d’opinions au sein du parti », a déclaré Katarzyna Sójka, députée du PiS.

Au vu des déclarations de certains législateurs, il se pourrait que la Troisième voie ait plus en commun avec le PiS sur l’avortement qu’avec ses propres partenaires de coalition.

Par exemple, Marek Sawicki (PSL, PPE), président du Parlement et ancien ministre de l’Agriculture, a déclaré qu’il « ne pouvait pas comprendre » la proposition de permettre l’avortement sur demande « sans aucune raison médicale ».

Il a insisté sur le fait que sa position sur l’avortement n’avait pas changé depuis 30 ans.

« Je ne voterai pour aucun projet de loi libéralisant l’avortement », a-t-il annoncé.

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