La justice belge enquête sur des eurodéputés soupçonnés de liens financiers avec Moscou

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Le Premier ministre Alexander De Croo a annoncé l’ouverture d’une enquête et a déclaré que les services de renseignement belges ont confirmé l’existence de réseaux d’ingérence pro-russes « ayant des activités dans plusieurs pays européens et également ici en Belgique ». [EPA/OLIVIER MATTHYS]

Le Premier ministre belge Alexander De Croo a annoncé vendredi (12 avril) que le procureur fédéral belge avait ouvert une enquête sur des membres du Parlement européen soupçonnés d’avoir été rémunérés par Moscou et a fait savoir qu’il porterait la question de l’ingérence russe à l’agenda du prochain sommet des chefs d’État et de gouvernement du bloc la semaine prochaine.

Le mois dernier, les autorités tchèques et belges ont mis au jour l’existence d’un réseau lié au site d’information Voice of Europe qui serait impliqué dans une opération d’influence pro-russe en Europe. Selon elles, ce réseau aurait rémunéré des responsables politiques européens pour qu’ils diffusent de la propagande.

La même semaine, Alexander De Croo a affirmé devant le parlement belge que la Russie avait bel et bien approché et payé des responsables politiques européens — dont des membres du Parlement européen — pour diffuser de la propagande, ce qui a suscité de vives réactions à Bruxelles et dans toute l’Union européenne.

Vendredi, le Premier ministre a annoncé l’ouverture d’une enquête et a déclaré que les services de renseignement belges ont confirmé l’existence de réseaux d’ingérence pro-russes « ayant des activités dans plusieurs pays européens et également ici en Belgique ».

« Je peux confirmer que notre procureur fédéral a lancé une enquête, basée sur un rapport déclassifié, publié par nos services de renseignement il y a deux jours », a déclaré M. De Croo lors d’une conférence de presse à Bruxelles.

« Selon nos services de renseignement, les objectifs de Moscou sont très clairs : aider à élire davantage de candidats pro-russes au Parlement européen et renforcer un certain discours pro-russe au sein de cette institution. Le but est très clairement d’affaiblir le soutien de l’Europe à l’Ukraine pour servir la Russie sur le champ de bataille, et c’est le véritable objectif de ce qui a été découvert ces dernières semaines », a-t-il ajouté, soulignant l’importance de protéger les élections européennes de juin contre toute ingérence étrangère.

Il a refusé de donner les noms ou les pays d’origine d’eurodéputés concernés, de même que le nombre de personnes impliquées.

« Je ne peux pas communiquer sur le nombre de personnes concernées, leur origine, leurs noms, leur sexe ou leur parti politique », a déclaré M. De Croo. « Certaines de ces informations sont classifiées et ne me sont pas accessibles. »

« Ma question est la suivante : en tant qu’institutions européennes, avons-nous les outils nécessaires pour contrer cela ? », s’est également interrogé l’homme politique belge.

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L’ingérence russe au cœur du prochain sommet de l’UE

Le Premier ministre a mentionné que le procureur fédéral avait sollicité l’Agence de l’Union européenne pour la coopération judiciaire en matière pénale (Eurojust) pour demander la tenue d’une réunion urgente afin de discuter de la situation et de coordonner les dossiers transfrontaliers, puisque le réseau faisant l’objet d’une enquête impliquerait plusieurs pays, notamment la Belgique, l’Allemagne et la République tchèque.

Par ailleurs, il a déclaré qu’il placerait l’ingérence russe en tête de l’ordre du jour du sommet de la semaine prochaine pour permettre aux dirigeants de l’UE d’évaluer si les institutions européennes disposent des outils nécessaires pour contrer l’ingérence russe, ou toute autre forme d’ingérence, et de déterminer les mesures à adopter par la suite.

Alexander De Croo a également plaidé pour une extension du mandat du Parquet européen et de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) afin de leur permettre des poursuites en cas d’ingérence étrangère et de désinformation.

« Si le mandat actuel n’est pas adapté pour cela, je pense que nous devrions élargir ces mandats pour nous assurer de disposer des outils appropriés pour faire face aux défis auxquels la démocratie européenne est confrontée », a-t-il déclaré.

Les dirigeants du Parlement européen et les groupes politiques ont commencé à proposer des actions pour améliorer les règles d’éthique, en plus des réformes entreprises après le scandale du Qatargate, dans le cadre duquel le Qatar et le Maroc auraient rémunéré des membres du Parlement européen en échange de la défense de leurs intérêts.

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[Édité par Anne-Sophie Gayet]

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